Forum autour de la recrudescence des pathologies cardiovasculaires : Dangereux « coups de cœur » Un nouveau service des maladies cardiovasculaires est opérationnel depuis quelques jours à l'hôpital régional de Gafsa. Il couvre le gouvernorat de Gafsa et les régions limitrophes. Le coût d'aménagement et d'équipement de ce service est estimé à 1,5 million de dinars. Cela prouve que la cardiologie a connu au cours des deux dernières décennies un développement encourageant en Tunisie aussi bien au niveau de l'investissement et l'aménagement des centres médicaux spécialisés que l'acquisition des équipements et le renforcement des cadres médicaux et paramédicaux.
Forum autour de la recrudescence des pathologies cardiovasculaires : Dangereux « coups de cœur » Les interventions présentées lors des deuxièmes journées francophones d'échocardiographie et Doppler, organisées récemment à Gammarth par la Société tunisienne de cardiologie et chirurgie cardio-vasculaire et la société française d'échocardiographie. Parmi les chiffres cités, l'accroissement du nombre des cardiologues et chirurgiens cardiovasculaires en formation dans le cadre du résidanat, atteignant 120 actuellement, ainsi que l'augmentation de l'enveloppe des investissements pour l'acquisition des équipements consacrés à cette spécialité, dépassant 10 MD au cours des premières années du XIème Plan (2007-2011). Il s'agit, en particulier, de la mise en place de trois échocardiographies endo-coronaires haut de gamme dans les hôpitaux de la Rabta, la Marsa et Sousse, outre une vingtaine d'appareils similaires sont en cours d'acquisition, moyennant une enveloppe de 3 millions de dinars, pour renforcer les services de cardiologie dans les hôpitaux régionaux. Cette spécialité s'est consolidée aussi par l'instauration d'un master spécialisé en échocardiographie depuis 1999 et la création d'une unité de recherche d'échocardiographie. Plusieurs cardiologues, chirurgiens cardiovasculaires et spécialistes en échocardiographie venus d'Afrique, du Moyen-Orient, du Maghreb, d'Europe, du Canada, des Etats-Unis et du Japon, ont participé à cette manifestation, dont des grandes sommités dans le monde de la cardiologie telles que les Professeurs Claude Scheuble (France) et Maurice Enriquez Sarano (USA). Les plus grandes instances médicales internationales se penchent actuellement sur la spécificité de cette population et prévenir l'infarctus du myocarde et l'accident vasculaire cérébral constitue un enjeu capital de santé publique. Quinze années d'essais thérapeutiques ont apporté la preuve irréfutable du bénéfice des statines : plus l'abaissement du cholestérol est fort, plus grande est la réduction du risque. Aymen Barkallah ------------------------------ Eclairages **Donald Erouane, cardiologue au CHU de Rênes (France) : « Renforcer la formation sur ces nouveautés pour garantir un résultat performant » La cardiographie est une technique qui évolue d'année en année. Aujourd'hui, il y a de nouveaux logiciels qui permettent de redécouvrir la physiologie du cœur de manière innovante et quantitative ce qui assure un diagnostic de plus en plus précis. Ces techniques, étant encore récentes, sont en cours d'évaluation. D'où l'importance et la nécessité de renforcer la formation sur ces nouveautés pour garantir un résultat performant. Ce genre de manifestations scientifiques constitue un cadre idoine pour l'échange d'expertise et de réflexion sur les dernières innovations dans cette spécialité.
**Claude Scheublé, cardiologue (Paris) : « Retour au bon sens de l'examen clinique » Il y a une continuation de l'évolution technique avec l'apparition de nouvelles méthodes et nouveaux moyens d'appréciation de toutes les pathologies en particulier valvulaire. Mais ce qui m'a frappé dans plusieurs communications c'est le retour au bon sens de l'examen clinique c'est à dire on redécouvre l'attention qu'il faut porter au patient avec l'intelligence cardiologique (l'auscultation, l'interrogatoire, l'exploration fonctionnelle du malade). Ceci vient contrebalancer la grande technologie qui continue toujours à faire du progrès. On assiste donc à un bon équilibre.
**Alia Tatar, cardilogue au CHU Mustapha (Algérie) : « La cardiologie en Maghreb a accompli de grands progrès » La cardiologie dans la région du Maghreb où l'espérance de vie est en nette augmentation et le nombre de personnes âgées devient de plus en plus important (cette population est exposée plus que les jeunes à l'athérosclérose, et ce, vu l'incidence de l'hypertension artérielle (HTA), du diabète, de l'insuffisance coronaire...) a accompli de grands progrès en particulier, à travers, la maîtrise de nouveaux équipements tels que l'utilisation du 3D (écographie tridimensionnelle) pour arriver à un diagnostic précis du rétrécissement du crâne. Ces journées ont constitué une bonne occasion pour les cardiologues de la région d'aborder les nouveautés dans les différents domaines de la cardiologie dont la rythmologie, la cardiologie interventionnelle, l'échocardiographie, l'infarctus du myocarde, l'insuffisance cardiaque, les valvulopathies, les maladies coronaires, la cardiologie de sport, sans oublier la confrontation de l'expérience des cardiologues maghrébins avec celle de leurs homologues européens, l'objectif est d'assurer de bonnes conditions du traitement du patient.
**Leila Bezdah, cardiologue à l'hôpital Charles Nicolle (Tunisie) : « Les pathologies cardiovasculaires sont de plus en plus fréquentes » En Tunisie, les maladies cardiovasculaires sont de plus en plus fréquentes avec le vieillissement de la population telles que la cardiopathie scémique, les rétrécissements aortique, les cardiopathies valvulaires. Jusqu'aux années 1980-1990, les pathologies dominantes en cardiologie étaient les valvulopathies et l'hypertension artérielle. Aujourd'hui, et depuis une dizaine d'années, nous voyons presque disparaître le rhumatisme articulaire aigu, diminuer les valvulopathies rhumatismales et nous voyons se développer les insuffisances coronariennes (angine de poitrine et infarctus du myocarde). D'ailleurs, l'occupation de nos lits est de 85-90% par les coronariens; alors qu'elle était de 5 à 10% il y a 10-15 ans. Quant à l'hygiène alimentaire, le régime méditerranéen qui était la base de sa nourriture, a laissé la place à une nourriture moderne à base de pâtes, alcool, viandes grasses, beurre et fromage... etc. Ce qui fait qu'une telle perturbation nutritionnelle a entraîné une multiplication des facteurs de risques: hypertriglycéridémie, hyperlipémie, tabac et diabète. Celui-ci est en train de se majorer. Il y a près de 10-15% de diabétiques en Tunisie. Tout cela participe à la diffusion des maladies coronariennes. Il y a actuellement une prédominance de ces maladies par rapport aux autres ce qui nécessite un effort supplémentaire de prévention pour éviter la catastrophe. Alors le contact avec les sommités présentes à ces journées nous permet d'apprendre beaucoup de leur expérience et d'essayer d'organiser des stages de formation de perfectionnement en France ou ailleurs (Angleterre, Suisse, USA) pour les techniques de pointe dans cette spécialité qui connaît un développement rapide avec l'apparition des appareils de plus en plus sophistiqués.
**Maurice Sarano, cardiologue (USA) : « Deux défis se posent pour cette spécialité » Les maladies cardiovasculaires figurent, en effet, parmi les premières causes de mortalité et de morbidité dans les pays industrialisés mais aussi dans les pays en développement. Deux défis se posent pour notre spécialité, un défi financier : le coût élevé de nouveaux outils de l'imagerie du coeur et un défi médical : la réalisation de nouvelles avancées dans le traitement des patients. Le débat soulevé et les communications présentées lors de cette rencontre montrent que les compétences maghrébines, tunisiennes en particulier, sont bien outillées côté savoir-faire et développent une maîtrise des nouvelles technologies dans ce domaine. C'est pourquoi la question de l'échange d'expertise, de co-organisation de manifestations médicales et de programmation des stages communs permettent une meilleure compréhension des méthodes de prise en charge du patient d'éviter les complications dues au traitement lui-même et de réduire ainsi le taux de mortalité.