On a toujours tendance dans les conflits internationaux à négliger l'essentiel pour s'engouffrer dans l'insignifiant. Alors que le processus de paix dans le conflit israélo-palestinien est en panne à cause de l'intransigeance d'un premier ministre plus déterminé que jamais à ne rien céder, faisant du processus de paix un processus sans fin, alors que le statu quo dure et perdure dans une indifférence inquiétante, alors qu'on s'empresse de soutenir de manière unanime et encourager Mahmoud Abbas à se représenter aux prochaines élections et à lui trouver subitement toutes les qualités pour qu'il reste à la tête d'un hypothétique Etat après l'avoir affaibli et discrédité, voilà que le dossier de la libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit devient une priorité, une urgence. Pourquoi maintenant peut-on s'interroger ? Le timing semble convenir uniquement au Hamas qui veut marquer des points précieux à l'approche des élections présidentielles palestiniennes de janvier 2010. En échange de ce soldat capturé en opération de guerre dans un territoire occupé, le Hamas exige la libération de plusieurs prisonniers palestiniens dont l'étoile de la jeune génération du Fatah, Marwan Barghouthi potentiel candidat à la succession de Abbas. Or, ce scénario ne convient ni à Israël ni à Washington qui n'osent imaginer voir dans l'étape actuelle faire face à un nouveau candidat dont ils ne connaissent pas les véritables intentions. Perdre un interlocuteur tel que Mahmoud Abbas s'avère sans doute perdre un allié bien utile et fort peu encombrant. Les Israéliens bien évidemment jubilent de voir ces déchirements interpalestiniens. Quelle perte d'énergie pour ces deux autorités politiques et de surcroît pour deux peuples privés de liberté, une perte qui ne sert que ceux qui occupent leurs territoires par la force depuis plus de 42 ans. Diviser pour régner : le débat n'est pas nouveau et l'histoire se répète. Il ne faut désespérer de rien, mais le rêve du peuple palestinien de vivre libre dans un état souverain, en voisinage pacifique avec Israël est réellement devenu une chimère. On est toujours dans l'attente qu'il soit mis un terme à la supercherie Moyen Orientale qui n'a que trop duré depuis six décennies. On risque d'attendre encore longtemps.