Le Temps - Agences - Des incidents ont éclaté hier devant l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran, où environ 200 étudiants islamistes se sont rassemblés, jetant des pierres et des pétards, en accusant les marins britanniques capturés d'être entrés dans les eaux iraniennes. Des pétards ont éclaté à l'intérieur du complexe de l'ambassade, placé sous haute sécurité par plusieurs dizaines de policiers anti-émeutes et par des barricades qui tenaient les manifestants à distance. Les étudiants, membres de la milice islamiste Bassidj, réclamaient un procès et une sentence pour les 15 marins britanniques capturés le 23 mars par les forces iraniennes dans le nord du Golfe. "Mort à la Grande-Bretagne, mort à l'Amérique, mort à Israël", criaient les manifestants. En dépit de l'escalade verbale des derniers jours et de nouvelles accusations lancées samedi par le président Mahmoud Ahmadinejad, l'Iran et la Grande-Bretagne gardaient ouverte dimanche la voie diplomatique pour tenter de sortir de la crise. Londres, selon l'hebdomadaire britannique Sunday Telegraph, recherche actuellement un compromis susceptible de permettre la libération de ses marins et espère pouvoir envoyer dans ce pays un haut responsable de la marine afin de négocier. Une solution diplomatique, selon un sondage publié par le journal, semble d'ailleurs avoir la faveur des Britanniques. 40 pour cent des personnes interrogées approuvent l'attitude du gouvernement privilégiant une issue diplomatique, sans présenter d'excuses, alors que 26 pour cent estiment que Londres devrait formuler des excuses. Le président Ahmadinejad avait renouvelé samedi ses exigences "d'excuses" de la part de Londres et dénoncé "l'arrogance" de la Grande-Bretagne, avant de se rendre dimanche sur le front de la guerre Iran-Irak (1980-88), pour l'anniversaire de la fondation de la République islamique en 1979. Et en pleine crise, l'Iran a formellement protesté contre une "fusillade" déclenchée selon lui le 29 mars par des soldats britanniques autour de son consulat à Bassorah, dans le sud de l'Irak. L'armée britannique avait démenti ces accusations. Sortant pour la première fois de sa réserve, le président américain George W. Bush a lui jugé "inexcusable" la capture des marins, qu'il a qualifiés "d'otages", tout en plaidant pour une solution "pacifique". L'Union européenne, en réclamant la "libération immédiate et inconditionnelle" des marins, ainsi que Washington ont apporté leur soutien à la Grande-Bretagne dans le bras de fer qui l'oppose à Téhéran depuis la capture des marins à l'embouchure du Chatt al-Arab par des Gardiens de la Révolution iraniens. L'Iran soutient que les marins britanniques se trouvaient alors dans ses eaux territoriales. La Grande-Bretagne assure au contraire qu'ils effectuaient une mission de routine dans les eaux irakiennes. La diplomatie cependant suivait son cours. Le ministère iranien des Affaires étrangères a ainsi affirmé samedi que "plusieurs points" d'une note diplomatique transmise par la Grande-Bretagne "pouvaient être examinés", tout en maintenant ses exigences d'un "changement de comportement" de la part de Londres. Dans ce contexte, le Sunday Telegraph a évoqué un plan, élaboré lors d'une réunion de crise samedi à Londres, selon lequel le gouvernement britannique s'engagerait auprès de Téhéran à ce que la marine royale n'entre jamais dans les eaux iraniennes sans autorisation. Un responsable britannique de la Défense, cité par le journal, a déclaré que ce plan suscitait quelque espoir. "Nous sommes prêts à accorder aux Iraniens la garantie que nous n'entrerons jamais dans leurs eaux territoriales sans leur autorisation, ni maintenant ni dans l'avenir", a-t-il indiqué. La crise s'était envenimée la semaine dernière après la diffusion par la télévision iranienne de "témoignages" de deux des marins dans lesquels ils reconnaissent être entrés dans les eaux iraniennes, ainsi que de trois lettres de la seule femme du groupe, Faye Turney.