Après avoir remporté la concession des deux appels d'offres concernant l'exploitation de l'aéroport de Monastir et la construction et l'exploitation du nouvel aéroport d'Enfidha, TAV consortium turc vient de s'implanter en Tunisie pour finaliser toutes les étapes nécessaires avant d'entamer les travaux. Une opération de privatisation colossale et fructueuse tant en termes de volume d'investissements qui renforcera la « cagnotte » des privatisations qu'en terme d'acquisition de savoir-faire dans la gestion des aéroports. Plusieurs questions se posent depuis que l'appel d'offres a été décroché par la TAV. A cette occasion, M. Haluck BILGI, le nouveau Directeur Général de TAV Tunisie a accordé au Temps Economia cette interview.
Economia : Vous avez procédé à un dépôt de l'appel d'offre pour la concession des deux aéroports tunisiens à savoir l'aéroport de Monastir et le prochain aéroport d'Enfidha. Sept soumissionnaires étaient présents au premier tour. Et vous êtes arrivé au dernier tour en remportant la concession. Quand et comment vous-avez décroché cet appel d'offres?
Haluck BILGI : D'abord, l'attribution de l'appel d'offres s'est faîte le 16 mars 2007. TAV (Tepe Akfen Ventisres), consortium turc, regroupe les deux grandes compagnies turques "Tepe" et " Akfen" dans le domaine du transport aérien qui détiennent la part majoritaire du capital du groupe, soit 61%. Il s'agit en outre de la participation de différents actionnaires dans le capital de TAV: Istanbul Stock Exchange (18 %), Foreing Global (31%), Golchnor Tsachs -US-(15 %), GLH (6%), Banque Islamique de développement (5%) et Bobcock Brown -Australie- (5 %). TAV est une compagnie opérant exclusivement dans le domaine de construction, de gestion et d'administration des aéroports. Le groupe investit dans plusieurs pays de la région du Moyen-Orient tels que : Dubaï, Qatar, Doha, Ankara, Izmir et le Caire, etc). Plus de 70 millions de passagers fréquentent les aéroports gérés par TAV chaque année. Notre consortium réalise un Chiffre d'affaires une moyenne de 2.5 billions de dinars. Notre société gère, également, les divers services mis à la disposition des passagers tels que « free shop, Catering et la sécurité ». Depuis le 16 mars, nous oeuvrons, dans le cadre d'adjudicataire provisoire, conjointement avec les responsables tunisiens relevant du ministère du Transport et de l'Office de l'Aviation Civile et des Aéroports pour finaliser tous les documents et les annexes requis qui seront inclus dans le dossier du contrat.
A quand la finalisation du contrat?
Nous ne tablons pas sur une date précise, mais tout dépend de l'état d'avancement des procédures juridiques et techniques et de l'aménagement du siège de la société « TAV Tunisie » qui sera situé aux alentours de la capitale. Le contrat sera signé vers la mi-mai prochain. Une conférence de presse sera organisée à cette occasion dans laquelle des ministres turcs et tunisiens annonceront officiellement les détails de la concession. En effet, les équipes quelles soient Turques ou Tunisiennes, travaillent ensemble pour mettre en place le protocole technique le plus tôt possible.
Quelle est votre stratégie ?
Nous avons voulu remporter cet appel d'offres en vue d'étendre et de renforcer nos investissements sur le continent africain. Et nous considérons que la Tunisie se développe avec célérité notamment en matière de nouvelles technologies. La Tunisie, avec son bon climat d'affaires et sa stabilité politique et économique constitue une destination incontournable pour les investissements. L'appel d'offre se compose de quatre phases consécutives. La première concerne la construction de l'aéroport d'Enfidha et les trois phases qui restent concerneront l'évaluation et l'amélioration des services des deux aéroports. En vertu de la concession, TAV s'est engagée à construire l'aéroport d'Enfidha qui s'étend sur près de 4 mille hectares. Il est à signaler que l'infrastructure de ce projet n'est pas aménagée. Avec cela, nous prenons en charge toutes les étapes de construction et d'aménagement non seulement de l'infrastructure de l'aéroport mais les terrains qui l'entourent. Les travaux seront conduits par des opérateurs relevant de la TAV, et nous ferons un appel aux opérateurs tunisiens. Les équipements nécessaires pour l'exécution de ce projet seront assurés par notre groupe en cas de leur indisponibilité en Tunisie. Le projet démarrera dans quelques mois.
Plusieurs observateurs soulèvent des interrogations quant à l'échéance de la concession fixée à 40 ans contre seulement un volume d'investissement de 400 millions d'euros (680 millions de dinars)?
Nous avons présenté le meilleur prix. Mais, force est de préciser que le montant de la concession qui est de 400 millions d'euros n'est pas en réalité le montant de l'appel d'offres en totalité mais il est seulement le volume des dépenses de la construction de l'aéroport d'Enfidha. Le volume total estimatif de notre investissement en vertu de cet appel d'offre dépasserait les 5 milliards de dinars. En contrepartie, une somme bien déterminée ou encore une annuité sera payée au gouvernement chaque année.
Y-a-t-il un risque de réduction du nombre du personnel de l'aéroport de Monastir?
Absolument. Mais contrairement, la TAV s'est engagée de reprendre toutes les ressources locales. Il s'agit peut-être de recruter de nouveaux cadres et employés et ce suite à des opérations de modernisation des services de l'aéroport et notamment les services commerciaux. Nous visons la formation des agents de l'aéroport à travers des sessions encadrées par nos agents de la TAV et peut être ils seront formés à Istanbul. Notre compagnie veut enseigner son professionnalisme en son domaine et son savoir-faire marqué par le recours des nouvelles technologies à la force du travail local et cela dans une optique commerciale plus moderne.
Qu'est-ce que vous allez apporter comme nouveautés dans le transport aérien tunisien?
Notre compagnie va relier le centre de l'Asie à l'Afrique du nord - la Tunisie-. Par ailleurs, nous allons sponsoriser plusieurs événements culturels et sportifs à l'échelle internationale dans l'objectif de promouvoir la destination tunisienne. Nous oeuvrerons à mettre en sorte que les flux des visiteurs affluant Tunisie se développent encore plus.
Cet investissement grandiose turc, pourrait-il drainer d'autres investisseurs en Tunisie?
Nous sommes conscients et convaincus que la sécurité d'affaires qui règne en Tunisie va attirer d'autres investisseurs Turcs. Plusieurs vont suivre nos pas.
Y-a-t-il des points de désaccord dans la négociation pour la signature du contrat ?
Aucun désaccord n'a été enregistré. Mais tout se passe à merveille. On a procédé seulement à des explications pour accélérer la finalisation assez mécanique de la signature du contrat. Il faut rassembler les documents nécessaires dans le dossier. Le processus de l'appel d'offres est fait dans un cadre de transparence et les responsables tunisiens ont témoigné d'un grand professionnalisme.
Et pour finir ?
TAV est ravie de remporter cet appel d'offres et de travailler en Tunisie. Nous allons mettre notre expertise dans le domaine de la gestion des aéroports au profit de nos frères tunisiens.