La libéralisation des échanges faussera les calculs des contrebandiers. A partir du 1er janvier 2007, la loi sur les concessions commerciales en Libye entrera en vigueur. Cette loi vise particulièrement l'organisation du secteur commercial en garantissant l'importation de marchandises de qualité et non contrefaites et en assurant des services après-vente, maintenance et pièces de rechange. En plus clair, selon les maîtres de cette loi, la nouvelle réglementation est de nature à protéger les producteurs de biens, les importateurs ainsi que les consommateurs et la structure de l'économie tant en Libye qu'en Tunisie et partant éliminer le phénomène de commerce parallèle et les marchandises contrefaites. Cette loi, qui vient s'ajouter aux dispositions mises en place, depuis le 1er septembre 2006, sur le traitement national de leurs produits sur les marchés tunisien et libyen, a fait l'objet d'un séminaire organisé mardi à Tunis, à l'initiative du Centre de promotion des exportations (Cepex) en coopération avec l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA) et la Chambre économique mixte tuniso-libyenne et en présence des hommes d'affaires tunisiens et libyens. Ces dispositions viennent en application des recommandations du «Comité exécutif» tuniso-libyen dans sa 19ème édition (13-14 juillet 2006, à Tunis). Cette commission avait recommandé de «lever les obstacles qui entravent les échanges commerciaux, et de développer la coopération douanière». Ces recommandations, notamment celle concernant l'impulsion des échanges commerciaux, de la coopération douanière et des relations de coopération dans le domaine de la normalisation des produits, ont été au centre de la réunion tenue au mois d'août, dans la ville libyenne de Zouara, sous la présidence des ministre du Commerce dans les deux pays.
Les Tunisiens déplorent Même s'ils ont exprimé leur satisfaction de cette loi, dans la mesure où elle sert à diminuer le flux des marchandises « en noir » par les frontières, les participants estiment que les deux pays ne sont pas bien lancés dans la construction d'une zone de libre-échange, conformément aux principes inscrits dans l'accord de libre-échange de 2001, et qui a mis cinq ans pour recevoir un début d'exécution. Ils déplorent les récentes taxes sur les prestations aéroportuaires et des «droits sur la consommation» instaurées par la Libye. De plus, une exonération totale des droits de douanes vient d'être adoptée à la Jamahiriya pour les produits importes (tous pays d'origine confondus). Ceux-ci seront soumis seulement à une taxe de 4%. Par ailleurs, ce pays impose de plus en plus de nouvelles mesures réglementaires de ses activités commerciales telle que la dernière décision libyenne exigeant les exportateurs tunisiens, dont le nombre dépasse 900, désirant écouler leurs marchandises sur le marché de la Jamahiriya arabe libyenne, de passer par les agences commerciales libyennes conformément à une décision libyenne prise dernièrement et visant à dynamiser l'activité des agences commerciales et réglementer les importations.
L'industrie, le tourisme et le service stimulent les Libyens L'accord de libre-échange, signé entre les deux pays le 14 juin 2001, vise à «libérer le commerce de tous les obstacles qui pourraient entraver l'écoulement des marchandises entre les deux pays», «l'établissement d'une coopération économique et commerciale afin de parvenir à l'interpénétration des intérêts au profit des deux parties» et «l'exploitation optimale des moyens et le développement du partenariat entre les entreprises des deux pays». Selon un document présenté à ce séminaire, la libéralisation des échanges concerne les produits agricoles et animaux, les matières premières et ressources naturelles, ainsi que les produits industriels fabriqués dans les deux pays. Ces derniers produits doivent avoir une valeur ajoutée -sous forme de «main-d'oeuvre, de matières premières et autres entrant dans leur fabrication»- de 40%, ou des matières premières locales ou maghrébines représentant au moins 60% du total. Et pour bénéficier des exonérations -des taxes douanières, taxes et impôts aux effets équivalents et appliquées dans les deux pays- prévues par l'accord de libre-échange (et auxquels aucune des deux parties ne peut ajouter de nouvelles après l'entrée en vigueur du traité), les produits devront «être accompagnés d'un certificat d'origine émis et signé par les organismes spécialisés du pays exportateur». Ainsi, les échanges commerciaux tuniso-libyens sont passés à 1275 millions de dinars en 2005 contre 960 millions de dinars en 2004, soit une hausse de 32%. Cette tendance à la hausse s'est poursuivie durant les 11 premiers mois de 2006 avec une augmentation des exportations de 30 % atteignant 727 millions de dinars. Quant aux importations, elles ont enregistré une hausse de 55 % atteignant 911 millions. Les investisseurs libyens occupent la quatrième position parmi les investisseurs arabes en Tunisie avec 39 projets dont 31 dans le secteur industriel, 5 dans le tourisme et 3 dans le service. S'agissant des entreprises tunisiennes, 27 unités sont installées en Libye opérant dans les industries et les services outre la participation de 16 sociétés tunisiennes dans des entreprises libyennes. Ainsi, la Tunisie est le premier investisseur étranger en Libye.