* « Le centre du formation de l'O.L nous a permis de grandir » * « Les leaders n'existent plus » * « Les joueurs du Barça jouent à la Playstation » Qui ne se rappelle pas du fameux but de Bernard Lacombe contre l'Italie lors de la coupe du monde en 1978 après seulement une minute de jeu ? Ils ne sont certainement pas nombreux. Surtout ceux qui ont trente ans et plus... C'était exactement le 2 juin 1978 à Mar Del Plata. Henri Michel avait bien lancé Didier Six à gauche. Le centre de ce dernier trouva à la réception un Lacombe qui ne s'était pas fait prier pour ouvrir le score. La suite des événements ne fut pas favorables aux Tricolores qui s'inclinèrent deux à un après les buts de Paolo Rossi (24') et le Turinois Zaccarelli 54'). Nous en avons parlé avec l'ex buteur de l'équipe de France, parmi nous pour le 90ème anniversaire du Club Africain. Nous avons profité de sa présence en Tunisie pour parler de l'équipe de France, de Domenech et bien d'autres choses. Entretien. Le Temps: on se rappelle tous de votre but contre l'Italie lors de la coupe du Monde en '78.Pour vous ce but doit-être particulier ? Bernard Lacombe: il l'est surtout pour les autres puisque tout le long de ma carrière, j'ai marqué un peu plus de deux cents buts et jusqu'à aujourd'hui, on ne me parle que de ce fameux but. A croire que je n'ai fait que cela durant ma longue carrière. Sinon, même s'il remonte à très loin, ce moment reste pour moi et pour le foot français un moment exceptionnel. Il faut se rappeler que nous étions absents de la coupe du monde depuis 1966 et c'est une compétition à part que je qualifierai d'immense. C'est un grand tournoi et j'ai eu la chance d'y prendre part. Aujourd'hui, la France est qualifiée pour l'Afrique du Sud, c'est exceptionnel et j'en suis content. On ne l'a peut-être pas fait de la meilleure des façons, mais ce qui compte le plus c'est le fait d'être derrière la sélection et le sélectionneur. Un commentaire sur la main de Thierry Henri qui a qualifié la France... La main existe et si l'arbitre ne l'a pas vue, étant mal placé, nous n'y sommes pour rien. Il a eu un moment d'égarement qui nous fut profitable. Ceci n'explique pas le déchaînement médiatique qui a suivi cette rencontre. C'est terrible pour les Irlandais mais c'est le football d'aujourd'hui. Ce qu'il faut reprocher aux Français, c'est le fait d'être passé à côté du sujet et de ne pas avoir négocié le match retour comme ils l'avaient fait lors du match aller. Un ma tuc de coupe, c'est comme cela et nous ne pouvons guère prévoir à l'avance ce qui va se passer. Les Irlandais ont fait le contraire... Ceci m'amène à dire que l'on doit sérieusement pensé à la vidéo pour trancher en cas de litige de ce genre. « Il n'y'a plus de Platini, ni de Zidane... » La France et son entraîneur Raymond Domenech sont vivement critiqués par les médias français. Ne pensez-vous pas qu'on en fait un peu trop d'autant plus que Domenech a disputé une finale de coupe du monde et qualifié la France pour la coupe du monde ? Quand on est entraîneur, la grande difficulté est de faire une équipe. A titre d'exemple, je citerais le cas du Real de Madrid et du F.C.Barcelone. En faisant un parallèle entre deux équipes, on se rend compte que les deux effectifs se valent mais le résultat n'est pas le même pour les uns comme pour les autres. Faire jouer de grands joueurs ensemble n'est pas la chose la plus facile. Arriver à créer un esprit collectif au sein d'un groupe n'est pas une chose aisée. Dans ce sens, c'est le Barça qui a réussi et à le voir jouer, on aurait dit des joueurs qui jouent à la Playstation. Pour ce qui est des critiques, je pense que c'est honteux d'en arriver là. Domenech est un ami et ensemble, nous avons gagné un titre de champion de France avec Bordeaux. On a l'impression que c'est l'ennemi public n:° 1. Le problème pour un entraîneur, c'est que le football est un sport joué par les autres. Une fois le match lancé et étant sur le banc, il ne peut plus faire grand-chose. Le jeu, ce sont les joueurs qui le font. Quand Platini transformait en but les coup-francs, cela profitait à Michel Hidalgo. A vrai dire, on en profitait tous. Même Domenech a profité des exploits de Zidane. Aujourd'hui, il n'y a plus de leader comme autrefois. Cela ne concerne pas seulement l'équipe de France.... Pour conclure dites-nous comment en quoi consiste votre rôle de conseiller à l'O.L ? Je m'occupe des recrutements depuis un peu plus de vingt ans. A la fin de ma carrière, j'avais l'intention de m'installer à Bordeaux mais le président Aulas m'a contacté pour me proposer ce rôle. Et depuis, nous avons fait beaucoup de chemin ensemble. Il faut savoir que nous en D2 et en une seule année, nous nous sommes retrouvés en D1. Aujourd'hui, on parle de partenariat pour la formation des jeunes et ce sont ces mêmes jeunes qui nous ont permis de réaliser nos rêves au tout début de cette collaboration. J'en citerais les Ngotty, Ben Yahia et Rémy Garde. Ces jeunes nous ont permis de grandir et de retrouver la division une. A l'époque, nous jouions contre Istres, Rhodes et bien d'autres équipes. Aujourd'hui nous jouons contre le Real Madrid et Barcelone. Je suis né à Lyon et j'ai eu l'opportunité de faire quelque chose pour ma ville. J'ai ramené beaucoup de joueurs qui nous ont permis de grandir tels que Juninho, le Malien Diara, Essien et tant d'autres qui ont, eux aussi, grandi grâce à l'Olympique de Lyon. Propos recueillis par Mourad AYARI