Il est des notions qu'on n'enseigne guère sur les bancs de l'école, les travées du collège voire dans les enceintes et amphis des facs. Le quotidien, la rue, la promiscuité et les contacts avec autrui nous les inculquent. Mais encore faut il qu'on y soit réceptif, sensible et surtout attentif et prompt à les saisir, à s'en imprégner et surtout tenter de les appliquer dans notre vécu. Le civisme illustre et corrobore parfaitement ce que nous venons d'avancer. Qu'on ne s'en mêle surtout pas les pinceaux ; en attribuer le mérite aux franges instruites, auréolées de diplômes, bardées de distinctions, serait une monumentale aberration. Le comportement conforme aux principes les plus élémentaires du civisme ne requiert nullement l'acquisition préalable de titres de noblesse. Que d'illettrés n'ayant jamais suivi la moindre formation, mais au comportement vous étonnant par sa parfaite correction, c'est le côté jardin ; à l'inverse, et à votre grand désappointement, vous êtes sidérés par des attitudes émanant de gens au niveau supposé « supérieur » commettant des bourdes insoupçonnées, et c'est malheureusement le côté cour. La liste de ces dépassements et manquements à l'étique est très longue, indéfiniment étendue. Nous tâcherons de mettre en exergue, de stigmatiser les démesures entravant le plus couramment notre journée et ce dans le dessein que leurs auteurs en prennent conscience et rectifient le tir et se rachètent une conduite pour le plus grand bonheur de la collectivité. Vous êtes en pleine canicule roulant au pas, souffrant le martyre des embouteillages monstres, le conducteur du bus, du taxi ou même d'une voiture particulière vous précédant s'arrête au beau milieu de la chaussée pour décharger, faire monter des passagers ou simplement tailler bavette avec une connaissance se tenant debout sur le trottoir et n'ayant cure du concert assourdissant des klaxons et autres injures émanant des poursuivants à bout de nerfs. Il pleut des cordes, vous patientez stoïquement que les feux passent au vert pour franchir la rue, un écervelé s'amène en trombe et vous asperge en ricanant de la flotte marécageuse, nauséabonde stagnant sur l'asphalte faute d'évacuation rapide. Vous attendez sagement votre tour pour emprunter le bac ; avoir accès à un quelconque guichet, à une débordée caissière ; pour que les barrières se lèvent après le passage d'un poussif train de marchandises, et on vous dépasse effrontément sans la moindre gêne pour se placer en pole position en dépit des timides protestations des plus hardis.
Environnement malmené Armez-vous d'une solide dose de patience et plantez-vous une bonne trentaine de minutes aux confins d'un jardin public ou à proximité de la pelouse ornée de belles allées marbrées et de jets d'eau séparant les bâtisses de l'aéroport TunisCarthage du vaste parking, seuls de rarissimes piétons empruntent les allées dallées , tout le reste piétine sauvagement le gazon histoire de s'assurer un chemin plus court. Inutile de préciser le « standing » de ces contrevenants(es) à l'air affairé et vêtus(es) des toutes dernières modes Milanaises et Parisiennes. Résultat de courses, des pelouses en piteux états serpentées par des pistes tracées au gré des bipèdes. Ils auraient eu le même comportement à Roissy qu'ils auraient été contraints à rater leur vol... Serait-on contraint de grillager ces espaces verts pour les protéger de la bêtise humaine ? Il n'y a pas une contrée au pays, où les édiles locaux n'aient pas proclamé l'une de ses principales artères : Rue de l'environnement avec l'inamovible mascotte de LABIB incitant à la propreté de la cité, au respect de la nature, à la sauvegarde du milieu où on vit, où on se meut ; les arbres et les plantes sont massacrés, les rues sont jonchées de détritus, des amas de déchets sont amassés à chaque coin des rues, œuvres de ménagères ayant fait la grasse matinée et raté le ramassage municipal(quand il a lieu bien sûr, événement rarissime surtout dans certaines villes en banlieue Sud), l'autre solution est plus simple : déverser ses détritus dans la poubelle vide de la voisine; les moquettes tapissant le sol des salles de spectacles, d'expositions, d'hôtels sont parsemées de taches noirâtres, disgracieuses résultant de chewing-gums vicieusement crachotés et piétinés à ces endroits, histoire de laisser une trace indélébile de leurs auteurs le moins que l'on puisse dire débiles.
Des jeunes désœuvrés Le jeu de prédilection des gamins du quartier sous le regard amusé et attendri des paternels agglutinés à se délecter des saveurs d'une Chicha crasseuse, est la chasse aux lampadaires assurant l'éclairage public, qui mieux mieux aligne dans sa besace le plus d'ampoules fracassées. Chaque performance étant saluée par une salve d'applaudissements de tous les présents se congratulant mutuellement de ces exploits. Eloignez - vous cinq secondes de votre véhicule flambant neuf et garé juste devant chez vous, à votre retour une démonstration ornant les portières d'un épineux problème de géométrie dans l'espace s'affiche à vos yeux scandalisés et « réussie » à l'aide d'un bout de clou ou d'une pièce de monnaie ou d'un caillou pointu. Un train nouvellement mis en circulation, des bus faisant leur baptême de feu, qu'à cela ne tienne, à leur retour au dépôt le soir tombant du premier jour, le tapissier doit rafistoler, rapiécer plus de la moitié des fauteuils lacérés, éventrés, l'autre moitié suivra inéluctablement le lendemain. Une triste habitude désormais mais qui est fort significative, choquante et en dit long sur l'état de dégradation que nous avons atteint : les responsables de la cité sportive 7 novembre à Radès amènent un huissier notaire à la veille de chaque match de football pour constater l'excellent état des gradins et de toutes les installations du stade, tout en le priant de repasser une fois la tornade apaisée pour dénombrer les chaises arrachées et recenser les dégâts collatéraux ayant endommagé... les loges !
L'été de tous les supplices L'été est à nos portes, vous escomptez, vous prélasser au soleil au bord de la mer ? Balles de tennis, projectiles de beach-volley, ballons, motos, quads, blasphèmes, propos orduriers, tenues portant atteinte à la pudeur, etc. vous en dissuadent et vous contraignent à rebrousser chemin et à vous confiner bien au chaud dans votre fournaise de demeure ; la nuit tombée, tous les toits avoisinants se transforment par miracle en des scènes où on festoie jusqu'à des heures indues toutes sortes de cérémonies dans un tapage, une cacophonie indescriptibles, et vous devez vous taire, procédés de bon voisinage obligent ! Il va sans dire que les exemples et les cas des dépassements sont encore aussi nombreux que variés ; nous en avons rapporté les plus courants, les plus usuels. Si par miracle on parvenait à en juguler, à se défaire, d'une bonne partie d'entre eux, nous nous estimerions fort heureux et nous nous considérions sur le bon chemin d'un redressement ardemment souhaité.