Le sport brasse désormais des sommes faramineuses d'argent et les intérêts financiers sont devenus prédominants. Tout est pratiquement régi par la matière. D'où la recherche systématique des résultats, des podiums, des consécrations. Fatalement, des dérives, de la triche ont fini par entacher ce domaine à la recherche de la performance, de l'excellence. Tous les moyens illicites sont bons pour les athlètes toutes disciplines confondues pour parfaire leur condition physique. Nous avons donc pris attache avec Dr Zakia Bartagi, présidente de l'Agence Nationale Antidopage (ANAD) pour mieux nous éclairer sur le sujet d'actualité du Dopage et nous entretenir des activités et buts de son agence. Le Temps : Comment définit-on le dopage ? Dr Zakia Bartagi : Le Dopage étant défini comme la tentative non physiologique d'accroître les capacités physiques et psychiques de l'athlète ou d'éliminer sans justification médicale les effets d'une maladie ou d'une blessure pour participer à une compétition. Le sportif dopé est incriminé nonobstant la personne lui ayant administré le produit dopant (capitaine d'équipe, entraîneur, médecin, Kiné, masseur, etc.) avant, pendant ou en dehors d'une compétition. Présentez-nous cette agence ? L'agence nationale antidopage (ANAD), créée par la loi n°54 du 08/08/2007 relative à la lutte contre le dopage dans le sport, est un établissement public à caractère administratif doté de la personnalité juridique et de l'autonomie financière, soumise à la tutelle du ministère de la jeunesse, des sports et de l'éducation physique. L'ANAD représente l'unique interlocuteur officiel auprès des laboratoires d'analyse internationalement agréée et auprès des structures et instances sportives nationales et internationales en ce qui concerne la lutte contre le dopage dans le sport. Quelles seront les principaux axes de votre programme de travail ? L'ANAD a été créée par l'Etat Tunisien et agit pour la Tunisie comme organisation antidopage indépendante, elle est dotée de l'autonomie juridique et financière, investie de l'autorité nécessaire et elle a pour mission de : • Planifier, coordonner, mettre en place, surveiller et rechercher des améliorations dans le Contrôle du dopage; • Coopérer avec d'autres organisations compétentes nationales et internationales; • Encourager l'échange de contrôles entre organisations nationales antidopage notamment dans le cadre de l'ORAD (organisation régionale antidopage); • Promouvoir la recherche scientifique dans le domaine de la lutte antidopage; • Planifier, mettre en place et surveiller les programmes d'information et d'éducation touchant différentes populations cibles. Pour atteindre ces fins, l'ANAD représente une entité distincte, indépendante des autorités disciplinaires des fédérations sportives nationales. Ces axes représentent les piliers du programme national de lutte contre le dopage qui est tout à fait conforme aux choix avant-gardistes adoptés par la Tunisie nouvelle et comprend quatre volets : • Contrôle • Prévention, éducation et sensibilisation • Législation • Coopération et recherches Y aura-t-il une campagne de sensibilisation ? Dans le cadre de la lutte contre le dopage que mène l'Agence Nationale Antidopage, en collaboration avec les différentes instances (Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l'Education Physique, le Ministère de l'Education et de la Formation, le Comité National Olympique, ONG…) un plan spécifique a été conçu visant l'éducation, la prévention et la sensibilisation des jeunes scolarisés et des jeunes sportifs, ainsi que leurs entourages, contre le dopage. Le barème des sanctions est-il établi par l'AMA, l'ANAD ou les fédérations ? La sanction doit être conforme au barème de la législation nationale, internationale et à celui de l'AMA sachant que ces derniers reçoivent automatiquement et en même temps que l'ANAD une copie des résultats d'analyses. Si jamais, les fédérations ne sanctionnent pas ou se limitent à des sanctions non conformes à celles de l'AMA, dans ce cas l'ANAD peut-elle intervenir et sanctionner? La législation nationale en matière de lutte antidopage donne à l'ANAD le droit d'infliger la sanction adéquate conformément aux règles en vigueur et aux barèmes de la législation nationale, internationale et à celui de l'AMA si les fédérations ne sanctionnent pas ou se limitent à des sanctions non conformes « La participation des clubs tunisiens est minime » Les clubs tunisiens sont-ils conscients de la gravité du dopage? Ont-ils des médecins pour suivre les joueurs ? Les clubs tunisiens sont conscients de la gravité du dopage mais leur participation est minime par rapport au danger du dopage, une collaboration mutuelle est indispensable. Plusieurs clubs ont des médecins qui peuvent, en collaboration avec l'ANAD, bénéficier de l'information complète et suivre les joueurs cas par cas. Quelles sont les difficultés qui entravent votre mission ? Plusieurs difficultés entravent la mission de l'ANAD partant du manque de conscience sur le phénomène de la part de quelques responsables et sportifs qui peuvent, par négligence ou par méconnaissance, commettre des fautes graves ou disant impardonnables de point de vue juridique (exp : le refus, la non disponibilité,…), arrivant au manque d'aménagement ou même l'absence des stations de contrôle. «8 cas positifs en Tunisie en 2008» En tant qu'experte, pouvez-vous nous donner le nombre de contrôles positifs et quels sont les sports les plus touchés ? En 2009, le nombre des cas positifs en Tunisie s'est élevé à 8 cas qui étaient répartis comme suite: football (1 cas), natation (1 cas), cyclisme (1 cas), boxe (1 cas), handball (1cas), volley-ball (1 cas), basketball (2 cas). A partir de 2010, l'ANAD va mettre sur son site web le nombre des cas positifs et les disciplines touchées Pourquoi ne dévoile-t-on pas l'identité des athlètes contrôlés positifs en Tunisie, alors qu'ailleurs on le fait ? C'est à la fédération concernée de dévoiler l'identité des cas positifs comme tous les pays du monde, là ou les fédérations se chargent de cette tâche. Pourquoi on ne cesse de répéter que la Tunisie est un pays avant-gardiste dans le domaine de l'antidopage ? La politique de l'Etat pour la promotion des institutions sportives a abouti à la création de l'agence nationale antidopage qui, à sont tour et dans la même démarche, doit planifier ses actions avec une vision futuriste pour pouvoir suivre le rythme très accentué qu'adoptent les différents intervenants dans ce domaine (les labo de recherches, l'agence mondiale antidopage, …). C'est pour ces raisons qu'on cite la Tunisie comme un pays avant-gardiste dans le domaine de l'antidopage. Que voulez-vous dire par votre slogan pour un sport propre ? Notre slogan « pour un sport propre » sert à promouvoir * Le sport : en tant qu'activité humaine, essentielle, positive,… * Le sport propre : un terme générique qui inclue la propreté dans tous ses états : la propreté du corps (propreté physique), la propreté de l'esprit (propreté mentale) en plus de la propreté de l'environnement du sportif (son entourage).