Après quelques court-métrages tournés en Norvège et un premier long, intitulé « Le Regard », le réalisateur marocain, Nour-Eddine Lakhmeri, nous invite à Casablanca dans son deuxième long-métrage, « CASANEGRA ». Après la culpabilité et la rédemption du « Regard », le réalisateur laisse la place à l'action et à l'aventure dans ce deuxième long-métrage. « Casa Negra » nous plonge dans une Casablanca noire et violente où on suit deux jeunes, Adil et Karim. Tous deux sont à peu près dans la même situation, miséreux et chômeur, mais essayent de s'en sortir de façons différentes. L'un emploie des enfants en tant que vendeur de cigarette pour aider sa famille. L'autre, comme beaucoup de jeunes magrébins, rêve de partir à l'étranger et essaye d'acheter un visa suédois et un contrat de travail. Pour ce deuxième voyage le réalisateur a préféré travailler avec des inconnus du monde du cinéma et il choisit : Omar Lotfi et Anas El Baz. "Pour jouer Adil et Karim, déclare Lakhmari, j'ai voulu des acteurs parfaitement inconnus du monde du cinéma. Ils n'ont jamais étudié l'art dramatique. Et pourtant, ils vont surprendre tout le monde. Ils ont su dégager la force et la violence que j'attendais de mes personnages." On peut dire qu'il a eu raison puisque son couple d'acteur s'est vu adjugé le prix de la meilleure interprétation durant le « Dubaï International Film Festival ». La majeure partie du film est tournée de nuit pour lui donner cet aspect du film noir. On peut dire aussi que le film flirte avec le « Trash » : Des scènes de rue, une atmosphère sale et répugnante et des personnages dévorés par le puissant tourbillon de leur univers. Le film est basé sur la dualité. Une dualité travaillée visuellement en rendant son image aussi « noir et blanc » que possible. Mais la dualité ne réside pas seulement au niveau de la lumière, il y a aussi une dualité au niveau du thème entre ambition et désespoir. Dualité au niveau de la ville elle même : Casablanca et Casanegra. Nos deux personnages font des petits voyages entre la vieille ville et la nouvelle, avec ses villas et sa luxure. Il faut dire que le réalisateur n'a fait que raconter et montrer des réalités que tout le monde connait, sans recours à la réflexion et au questionnement dont le cinéma est friand. On a, parfois, l'impression que le réalisateur étire le film, qui aurait gagné à se débarrasser de certaines scènes. Le récit parait un peu trop moraliste, même si la narration tient bien la route. Mais tout ça n'a pas pu empêcher l'ambition, le désespoir, l'aventure, l'action et la magie d'investir ce deuxième long-métrage de Nour-Eddine Lakhmari.