Une vingtaine de commerçants exercent dans un espace chaotique Des toiles d'araignées tissées dans les différents coins, une charpente insalubre, couverte de poussière et en état de délabrement, un toit en tôle rouillée, trouée et abîmée menaçant ruine, des stands ou ce qui reste de stands en ruine, des commerces fermés et surtout effondrés…le paysage est désolant. Rien n'encourage les consommateurs à s'approvisionner de ce point de vente impropre. Nous sommes bel et bien au marché municipal Sidi Sridek à El Hafsia. Samedi, 10 heures du matin, l'espace est quasi déserté. Une quinzaine de commerçants, toutes activités confondues (bouchers, épiciers, vendeurs de légumes…) servaient les rares clients qui tiennent encore à faire leurs courses de ce marché abandonné. En effet, les marchandises ont cédé leur place à la poussière qui couvre d'ailleurs la plupart des comptoirs. D'autres sont même détruits. Les carreaux de faïence sont cassés c'est ce qui nécessite une reconstruction intégrale. Il est clair que les commerçants l'ont quitté depuis des années. D'autres ont abandonné l'activité récemment. Le tas de fruits et de légumes moisis sont toujours entassés sur les stands. Un état des lieux le moins que l'on puisse dire désolant, car il ne se limite pas à cela. Tous les poissonniers ont mis les clés sous la porte. Ces boutiques se sont transformées en dépôt de marchandises des commerçants de friperies et du prêt-à-porter qui exercent dans le voisinage. Des mannequins en plastique ont pris la place, d'où le risque permanent d'incendies, d'autant plus qu'aucun extincteur n'existe dans cet espace. L'unique robinet est en panne Quelques magasins qui se comptent d'ailleurs sur les doigts d'une main résistent encore. Les vitrines et les frigos en inox qui servaient auparavant comme lieu de stockage de viande, de poulet sont délabrés…Les professionnels qui continuent à exercer résistent difficilement. Ils pratiquent leur activité dans un endroit très sale où aucun coup de balai n'a été donné depuis longtemps. Même l'unique robinet est en panne depuis des mois. Sol noir, tas de déchets entassés dans les différents coins du marché, odeurs asphyxiantes émanant des toilettes envahissent l'endroit, d'où le risque de maladies. Une situation le moins que l'on puisse dire grave. D'ailleurs, les quelques commerçants se demandent pourquoi les agents de contrôle d'hygiène ne passent pas par ce marché ? Situé au centre de la Medina, à proximité du circuit touristique, le marché est délaissé depuis des années. Aucun coup d'entretien, d'aménagement n'a été effectué à cet espace de vente qui est devenu le point noir de la capitale pour ne pas dire le point sombre de la Médina. Nul ne peut nier que ce site fait la honte de la ville de Tunis, car aucune attention ne lui a été accordée depuis des années voire des décennies. Même les programmes planifiés dans ce sens sont reportés pour les calendes grecques. Nous avons entendu parler depuis presque dix ans du programme d'aménagement du marché, mais son exécution reste toujours indéterminée. Entre temps, les commerçants souffrent le martyr et voient leur activité et source de revenu menacées de disparition. Construit il y a un siècle, le marché Sidi Sridek jouait un rôle économique très important. Il occupait en fait, une position importante dans le quartier et le voisinage. Il était la destination préférée des clients qui ont changé depuis plus de dix leur destination et se sont orientés vers le marché d'El Kallaline et d'El Halfaouine. Il est temps en fait de prendre des mesures concrètes pour rénover cet espace et sauver la source de revenu des quelques familles qui résistent difficilement. La municipalité de Tunis est appelée plus que jamais à accorder une attention à ce marché qui constitue même une source de maladie car aucun contrôle d'hygiène n'est effectué dans l'endroit. A bon entendeur salut. Sana FARHAT ---------------------------------- Mohamed Khalifa, commerçant depuis 50 ans : « La situation va de mal en pis » Un des rares commerçants qui exercent toujours dans ce point de vente, Mohamed Khalifa, âgé presque de 70 ans ne cache pas sa colère. Il se désole de voir « le marché qui a toujours été une des destinations phares de la Médina en état de ruine », regrette-t-il. « Ca fait presque 50 ans que je travaille dans cet endroit, ça me fait de la peine que les responsables n'accordent aucune attention à notre source de revenu », ajoute le commerçant. Faisant un flash back, il témoigne que « durant les années 60, 70 et 80, le marché de Sidi Sridek était très bien fréquenté », explique le professionnel. Et d'enchaîner avec amertume « Nous étions plus d'une centaine à servir un produit de qualité ». C'est à partir des années 90 que ce point de vente a chuté. « Nous sommes victimes du marché d'El Kallaline et d'El Halfaouine qui ne sont pas d'ailleurs structurés », ajoute-t-il. Proposant des solutions, le professionnel considère qu'il faut aménager le marché le plus tôt possible. « Je propose également de délocaliser les commerçants qui exercent dans les deux marchés déjà cités dans cet espace », rétorque-t-il. « Ca permettra de dynamiser l'activité commerciale, de créer de nouvelles sources de revenu pour les jeunes et surtout sauver ceux qui sont en difficulté. Il faut trouver une solution dans les plus brefs délais car la situation va de mal en pis ».