Au mois de décembre dernier, les agriculteurs tunisiens et en particulier ceux du nord et du nord-ouest s'inquiétaient sérieusement pour leurs cultures à cause de la pénurie de précipitations enregistrée à partir de la mi-novembre. Les premiers jours de février 2010 apportaient quant à eux, de mauvaises nouvelles aux consommateurs concernant le prix du lait, de la viande et du « zgougou ». Les commerçants émirent alors de sérieuses craintes quant à une augmentation possible dans les prix d'autres produits essentiels entrant dans notre alimentation (en particulier l'huile, le sucre et les pâtes). Toujours en février dernier, on annonça une nouvelle hausse dans les prix des carburants, ce qui n'était pour réjouir ni les automobilistes, ni les industriels, ni les ménagères. En bref, la nouvelle année ne s'annonçait pas sous les meilleurs auspices et ce n'était pas la saison des soldes, commencée début février dans les magasins d'habillement, qui allait rassurer nos concitoyens. Mais voilà que les dix premiers jours du mois de mars laissent présager une année moins difficile que prévu. Nous avons remarqué que le zgougou dont le prix avait atteint les 15 dinars, se vendait à beaucoup moins à la veille du Mouled. Les commerçants le proposaient alors à 9 dinars le kilo. Ce qui encouragea la plupart des consommateurs à ne pas se priver d'assida cette année. Pour ce qui est du prix de la viande, on enregistre là aussi un retour progressif à des prix raisonnables : aujourd'hui, le kilo de viande ovine est redescendu à 12 dinars après avoir flirté avec les 17 dinars pendant les mois de janvier et de février. Nous avons demandé à deux bouchers de nous expliquer les raisons de cette concession bien accueillie par les consommateurs. « Le prix de la viande de mouton descendra encore avec le réchauffement du climat. En effet, nous achèterons alors les têtes à abattre chez les petits éleveurs qui nous les proposeront à des tarifs abordables. Mais la surenchère encore dans la viande bovine, surtout que maintenant, la distribution de la viande importée est provisoirement arrêtée. Cela dit, les bouchers qui vendent à un prix plus bas qu'il y a un mois, jouent sur la quantité vendue ; ils tiennent compte aussi de leur emplacement qui, sans doute, leur rapporte une clientèle plus nombreuse ! » Concernant l'augmentation redoutée dans les prix des denrées alimentaires de base, il paraît selon Said et Farhat, deux épiciers installés dans un quartier de la banlieue-sud, que la mesure n'est pas pour tout de suite : « Le gouvernement a raison de temporiser. La hausse du prix du lait et de celui des carburants ne devait pas s'accompagner d'autres augmentations, surtout pas dans les tarifs des produits alimentaires de base. Mais nous pensons que celles-ci restent inévitables. Peut-être seront-elles décidées fin juin, début juillet. En tout cas, ce sera avant le mois de Ramadan qui commence cette année à la deuxième semaine d'août. » La saison agricole en partie sauvée Et ces trombes d'eau dont le ciel nous a fait cadeau ces cinq derniers jours et qui s'ajoutent aux fortes précipitations enregistrées durant janvier et février ! Ne sont-elles pas salvatrices pour la saison des agriculteurs ? M.Noureddine Jlif, de la région de Jendouba, considère que dans les périmètres irrigués, la saison agricole est pratiquement sauvée par les pluies tombées au premier trimestre de 2010. « Ce sont, explique-t-il, des sols qui retiennent l'humidité parce qu'avant de servir aux cultures céréalières, on y cultivait les pommes de terres, les pastèques et les melons et donc étaient suffisamment arrosés. En revanche, les terres non irriguées ont sérieusement pâti de la sécheresse du dernier trimestre de 2009. La saison y sera, au meilleur des cas, juste moyenne. Je parle entre autres de la région située entre Le Kef et Dahmani et de toute la zone se trouvant entre Medjez El Bab et Borj El Amri. En direction de Kairouan et du Sahel, la pluviométrie est malheureusement très faible et donc très insuffisante. »