Notre football avait besoin pourtant d'un geste de lumière. A Sfax l'occasion était propice, pour transmettre à tout le monde, un des fondamentaux du football, la loyauté, mais, dommage, ce ne fut pas le cas. Nous nous étions amusés à demander à des footballeurs en herbe, s'ils ont une idée sur le fair-play, et, à notre grande surprise, ils avaient tous botté en touche. Cette expression toute faite, de souche anglaise, est composée de ‘fair' qui signifie, entres autres, honnête, sans tricherie, et de ‘play' qui signifie jeu. Dans le monde du sport, on recourt très souvent à ce vocable, pour mentionner un comportement intègre, loyal, droit, et moral et, aussi, pour mettre en évidence, un acte, un geste, un fait, à la fois, obéissant aux règles et dont l'accomplissement exprime le plus haut degré de respect du rival et des spectateurs. Les annales du sport international, en particulier du football, foisonnent d'exemples, d'une moralité extraordinaire. Il n'y a pas longtemps, un des enfants terribles du ‘Calcio', Paolo Di Canio avait, lors de son expérience anglaise, le but au bout des crampons, seul devant une cage déserte, mais il a préféré contrôler la balle, la tenir des mains pour permettre le secours d'un adversaire gisant par terre. Il y a plus de dix ans, Arsène Wenger, au tout début de sa carrière anglaise, et, parce que son club avait marqué un but, alors qu'il devait rendre la balle à son adversaire, qui l'avait sortie pour permettre le secours d'un joueur d'Arsenal, avait proposé de rejouer le match. Tout le monde avait applaudi ce geste noble. Le match a été rejoué. En 1997, lors d'un match opposant Liverpool à Arsenal, le Red, Robby Fowler, s'approche de l'arbitre et l'informe qu'il n'y a pas eu de faute de Seaman. Le penalty que le ‘refree' avait accordé avait été annulé. Le grand attaquant du Bayern, Miroslav Klose s'est illustré lui aussi en 2005, ayant été auteur du même geste que l'Anglais de Liverpool. Il y a deux ans, le grand milieu de terrain de la Squadra Azzurra et,de la Roma, De Rossi, avait dit à l'arbitre d'annuler le but accordé à son club, parce qu'il était entaché d'une faute de main. L'histoire du football nous offre bien des exemples d'honnêteté et, aujourd'hui, dans bien des pays, grâce, à la vidéo, on les enseigne aux jeunes. Tout cela nous amène à réfléchir sur ce sujet capital, qu'on ne voit jamais sur nos arènes sportives. A Sfax, dimanche passé, le troisième but de l'Espérance était précédé d'une grossière faute de main que l'arbitre n'a pas relevée. L'erreur est humaine, le moins que l'on puisse dire. Cela fait partie du jeu, aussi! Elle ne souille en rien la victoire de l'Espérance, tant son hégémonie était totale, mais, l'auteur du dit geste a manqué une occasion en or pour nous réconcilier avec le sport, et puis, il aurait inscrit son nom dans l'histoire, s'il était allé vers l'arbitre et lui avait signifié de revenir sur sa décision, pour la cause que tout le monde connait. Il aurait tout simplement transformé l'erreur, en un acte de lumière. Il ne faut pas lui en vouloir, ces démarches immortelles, s'enseignent aux joueurs dès leur jeune âge, au stade des écoles ou des minimes.