Que dire quand un clerc travaillant au cabinet d'un avocat, un jeune homme sensé connaître la loi de part sa fonction et sa présence dans les différentes salles d'audiences, puisse profiter de sa situation pour arnaquer des gens. Une dame a eu un jugement en sa faveur à l'encontre d'une compagnie d'assurance. Cette dernière a été sommée de verser à la dame la somme de neuf milles dinars en réparation d'un dommage corporel qu'elle a subi.
La dame ne pouvant se déplacer, ni contacter des gens a chargé son frère de suivre de près l'exécution du jugement. Ce dernier, connaissant S qui travaillait dans un cabinet d'avocat, l'a contacté pour lui demander de lui expliquer la procédure et le plus court délai pour obtenir le payement. Profitant de cette situation S a commencé par dresser une liste des difficultés qu'il pourrait rencontrer et la lenteur des procédures. Il est allé jusqu'à lui dire qu'il faudrait énormément de temps et de dépenses pour que sa sœur soit remboursée. A moins qu'il consente à le charger de ce travail et qu'il pourrait avec l'aide de ses connaissances obtenir le payement en un laps de temps. Mais pour cela il faudrait qu'il lui règle la somme de 700 Dinars comme frais de l'opération. Trouvant la chose raisonnable, le frère a demandé à S d'activer l'opération et il lui a donné son accord pour le payement de 7OO Dinars. Ayant eu toutes les informations S a pu établir d'une manière frauduleuse une procuration lui permettant d'encaisser à la place de la dame, le montant qui lui est du. Ainsi, S a pu recevoir en son nom un chèque versé par l'assurance d'un montant de 74OO Dinars Net. Il a détourné ce montant dans son compte personnel. Tout juste après il a disparu de la circulation et n'a plus donné signe de vie. Entre temps le frère attendait et espérait. Les jours et les semaines passaient. Ne voyant rien venir, et n'ayant plus la possibilité de voir S car ce dernier était introuvable même au sein du cabinet d'avocat, le frère s'est dirigé vers les bureaux de l'assurance. Quelle ne fut pas sa surprise quand l'agent de l'assurance lui montra la procuration. Il lui a donné une copie de tous les papiers du dossier. Il s'est dirigé de suite au poste de police où il s'est jeté en larmes expliquant qu'il s'agit de l'argent appartenant à sa sœur handicapée. En confiant le traitement du dossier à S il n'avait jamais pensé qu'il allait être arnaqué. L'enquête fut confiée à la brigade criminelle. Les auxiliaires de la justice n'ont pas mis trop de temps pour mettre la main sur S. Arrêté et conduit au poste de police, les enquêteurs ont pu connaître la version des faits. S a avoué avoir falsifié une procuration. Il a chargé un huissier notaire pour l'exécution du jugement. Dès qu'il était en possession du chèque du montant de 74OO Dinars, il l'a détourné à son profit. D'ailleurs la procuration a été établie dans le but de s'approprier cette somme. S a été traduit en état d'arrestation devant la chambre criminelle du tribunal de 1ère instance de Tunis à l'effet d'être jugé pour faux et usage de faux et détournement en sa faveur des biens d'autrui ainsi que d'abus de confiance. Devant le juge, il a réitéré ses déclarations en avouant avoir commis cette arnaque. La longue plaidoirie de son avocat, relativisant les faits n'a pas convaincu les juges. Ces derniers ont condamné S à une peine de trois ans de prison ferme avec remboursement à la dame de la somme détournée et une amende équivalente.