L'été est à nos portes. Son avènement rime généralement avec les vacances pour la plupart et le retour de nos compatriotes résidant à l'étranger, deux facteurs hautement déterminants quant aux choix des dates de célébration de toutes sortes de festivités : circoncisions, fiançailles...mariages. Si pour les deux premières cérémonies ci-dessus citées, nul besoin d'exhiber une attestation médicale aux autorités compétentes, pour valider par contre l'union entre les futurs tourtereaux, ils se doivent impérativement de se prévaloir d'un certificat médical prénuptial(CPN) individuel délivré en bonne et due forme par un médecin officiellement inscrit au conseil de l'ordre Tunisien.
Le pourquoi de cette exigence ; cette condition sine-qua-none s'applique-t-elle également à un(e) partenaire étranger(e) ; le médecin a-t-il la latitude de s'opposer à une union qu'il juge éventuellement inopportune selon les investigations ; en cas d'anomalies biologiques constatées chez l'un(e), est-il autorisé à en informer l'autre futur(e) conjoint(e) ; quelles sortes d'analyses sont-elles demandées par les toubibs ; peut-on quand même s'y soustraire ; le Tunisien adhère-t-il facilement à cette procédure ou tente il par tous les moyens de la contourner histoire de freiner les multiples dépenses en ces périodes ?
Procédure Devant la prolifération de certaines maladies transmissibles mais également d'origine génétique, le législateur a imposé le recours préalable au CPN pour en éradiquer efficacement l'étendue. Nul ne peut officialiser son contrat de mariage sans l'avoir présenté à qui de droit ! La procédure est des plus simples : le couple consulte ensemble ou séparément un médecin attitré ; après un interrogatoire minutieux suivi d'un examen clinique approfondi, il prescrit des analyses à faire (groupe sanguin, hépatites virales B et C,) une radiographie du thorax par rayons X et éventuellement d'autres examens complémentaires selon les cas. Une fois le bilan prêt, le praticien délivre le(CPN) à l'intéressé(e) en mains propres et en aparté, sans la présence du partenaire. Bien sûr après l'avoir informé des résultats des examens cliniques et complémentaires et des actions de nature à prévenir ou à réduire le risque pour lui (elle), son conjoint(e) et sa descendance. Le médecin se doit également d'insister sur les facteurs de risques propices pour quelques pathologies : diabète, hypertension artérielle, etc. ; il est tenu à prodiguer un conseil génétique lié à la parenté entre les deux époux supposés et des conseils sur les méthodes de planification des naissances et de surveillance des grossesses. Ce protocole s'applique tout aussi bien et au même titre aux étrangers (res) escomptant s'unir avec un(e) Tunisien(ne).
Des sanctions clémentes Fait très important, étant lié par le secret médical, il ne peut en aucun cas divulguer au partenaire la moindre information concernant l'état de santé de la partie opposée. Légalement parlant, il n'a pas les prérogatives non plus pour s'opposer à une union même jugée peu indiquée ; il ne peut qu'en informer uniquement et exclusivement l'intéressé(e). Mais ATTENTION, au bas de l'imprimé du CPN est cité l'article de loi suivant mettant en garde les contrevenants : « Toute personne, se sachant atteinte d'une maladie transmissible et qui par son comportement concourt délibérément à la transmission à d'autres personnes, est passible d'un emprisonnement de 1 à 3 ans (loi n° 92-71du 27 Juillet 1992.relative aux maladies transmissibles : Articles 11 et 18) ». Une parenthèse cependant : quoique n'étant nullement juristes, nous ne comprenons guère la relative clémence du législateur à l'endroit de ceux (celles) qui commettent délibérément pareilles manquements à l'éthique vis-à-vis d'autrui ; trois ans d'emprisonnement au maximum représenteraient une villégiature, une cure de jouvence comparés aux supplices, aux conséquences catastrophiques, aux séquelles dramatiques dont souffrirait, sa vie durant, un partenaire jusque là sain, bien portant et qui par la lâche volonté cynique, égoïste et sciemment vengeresse d'un(e) écervelé(e) ruminant sa rancœur, son fiel voit son existence irrémédiablement basculer dans un abîme.
Réticences injustifiées ! Nous nous sommes intéressés au prix de revient des analyses les plus couramment prescrites et légalement exigées par les textes : Groupe sanguin(GS) 6,600d ; Hépatite B (Ag HBS) 17,600 d ; Hépatite C(HCV) 33 d ; Radio du thorax 20d. Si on veut être plus complet, Syphilis(BW) 13,200d ; Sida(HIV) 26,400d. Faites vos calculs, 77,200d, et 116,800d pour ceux voulant pousser plus loin, en avoir le cœur net et l'esprit totalement serein. Seulement voilà, il y a un hic : la plupart des médecins sont unanimes (une fois n'est pas coutume) ; ils éprouvent des difficultés énormes à faire comprendre et dans un deuxième temps à faire effectuer par les conjoints ces bilans complémentaires. Les arguments sont pratiquement les mêmes : Nous sommes sûrs d'être en bonne santé ; mon bilan lors de mon service militaire était parfait (datant de plus de 5 ans déjà) ; nous ne sommes jamais tombés malades ; vous êtes notre médecin traitant et vous nous « connaissez depuis notre enfance» ; délivrez - les nous et nous ferons les analyses après le mariage ; mais l'argument massue, qui revient inéluctablement à tous les coups : avec toutes les dépenses que nous avons déjà engagées, nous n'avons nullement les moyens de nous offrir ces investigations, elles n'étaient point dans nos plans, dans nos prévisions... Il est regrettable que les familles, les voisins, les amis se mobilisent, cristallisent toutes leurs potentialités parfois bien des années avant la date tant attendue de l'heureux évènement (nous ne vous faisons nullement l'affront de vous énumérer l'interminable liste des préparatifs, ni leurs coûts) ; dépensant des sommes faramineuses pour réussir la cérémonie et faire crever de jalousie tous les invités ; et ne prennent pas en compte le volet le plus important de l'union : la bonne santé du couple, de sa descendance ! Est-il permis de rechigner à dépenser quelques malheureux dinars insignifiants comparés aux masses d'argent gaspillées très souvent en futilités ? Une campagne médiatique judicieusement menée sensibilisant hautement toutes les parties prenantes, de brèves explications itératives et à des doses homéopathiques formulées par les enseignants à leurs élèves, la revue éventuellement à la baisse du prix de revient de ces analyses sont de nature à faciliter l'adhésion des futurs époux aux protocoles imposés par la législation, et ce strictement dans leurs propres intérêts et sauvegardes ; et heureuses unions !