Le Temps-Agences - La police a annoncé hier matin que l'auteur de la pire fusillade de l'histoire des Etats-Unis dans un établissement scolaire, la veille sur le campus de Virginia Tech (Virginie, est), était un étudiant sud-coréen de 23 ans qui a probablement agi seul. L'université et l'ensemble du pays, sous le choc, s'apprêtaient à rendre hommage aux victimes hier après-midi, en présence du président George W. Bush. Une cérémonie était prévue sur le campus à 14H00 (20H00 HT). Près de vingt-quatre heures après le massacre, on ignorait encore tout des raisons pour lesquelles Cho Seung-Hui, étudiant en dernière année de licence d'anglais, a tué 30 personnes avant de se suicider dans une salle de classe du batiment Norris Hall. "C'était un solitaire et nous avons beaucoup de mal à trouver des informations sur lui", a précisé un porte-parole de l'université, Larry Hincker. La police a retrouvé deux revolvers dans le Norris Hall, un 9 mm et un 22 mm, et confirmé que l'une des deux armes avait servi lors de la première fusillade, qui avait fait deux morts deux heures plus tôt dans l'une des résidences universitaires du vaste campus. Mais les autorités n'étaient pas encore en mesure de confirmer de manière certaine que le même tireur était impliqué dans les deux drames. Une trentaine de personnes ont été blessées et douze patients restaient hospitalisés hier matin, dont plusieurs dans un état grave, a expliqué le porte-parole de l'hôpital le plus proche du campus, Scott Hill. Cho Seung-Hui vivait sur le campus de Virginia Tech, qui compte plus de 25.000 étudiants à temps plein, dont plus de 2.000 étrangers, dans la ville de Blacksburg (Virginie, est), à plus de 400 km au sud-ouest de Washington. A Blacksburg, parents et amis des victimes cherchaient à comprendre son geste insensé, mais se demandaient surtout pourquoi l'université n'avait pas été fermée dès le premier drame, ce qui aurait évité la majeure partie du carnage. "Je n'arrive pas à comprendre", se désolait John Reaves, un étudiant de 22 ans. Avant-hier, le responsable de la police de l'université, Wendell Flinchum, avait expliqué que les premiers tirs apparaissaient comme "une affaire personnelle", et qu'il semblait que le meurtrier avait quitté le campus, ce qui expliquerait que les autorités n'ont pas immédiatement évacué les plus de 20.000 personnes qui s'y trouvaient alors. Le ministre de la sécurité publique de l'Etat de Virginie, John Marshall, est intervenu hier devant la presse pour expliquer que la direction et la police de l'université avaient "pris les bonnes décisions en fonction des meilleures informations dont ils disposaient sur le moment". Une étudiante qui se trouvait dans l'une des salles de classes visées, Erin Sheehan, a raconté sur CNN comment elle avait survécu en se faisant passer pour morte. Le tireur "paraissait très minutieux, il a touché pratiquement tout le monde". Hier matin, des étudiants et des familles étaient encore à la recherche de proches ou d'amis dont ils étaient sans nouvelles. "Ils nous ont d'abord dit que ma fille était à l'hôpital mais lorsque nous y sommes allées hier soir, ce n'était pas elle et depuis plus rien!", a dit Grafton Peterson, de Centerville (Virginie), sans nouvelles d'Erin, 18 ans. "Je suis là depuis 04H00 du matin et personne ne peut me dire où elle est". Ce nouveau massacre de jeunes gens a relancé dans la presse le débat aux Etats-Unis sur la sécurité dans les établissements scolaires et sur l'accès aux armes à feu. Le carnage "nous rappelle de nouveau de manière horrible que certains des pires dangers qui menacent les Américains viennent de tueurs qui se trouvent dans ce pays et possèdent un arsenal si facile à acquérir que cela fait peur", écrivait le New York Times. Des messages de condoléances exprimant "horreur" et "solidarité" sont parvenus du monde entier.