L'Iran a affirmé hier par la voix de son négociateur nucléaire avoir le soutien de Pékin sur l'inefficacité de l'arme des sanctions, peu après que le président américain Barack Obama eut appelé son homologue chinois Hu Jintao à travailler ensemble sur cette question. En visite à Pékin, où il a été reçu par le ministre des Affaires étrangères Yang Jiechi, le négociateur iranien Saïd Jalili s'en est pris aux pays occidentaux, qui poussent en faveur de nouvelles sanctions aux Nations unies, tout en affirmant être convenu avec la Chine de leur inefficacité. "Nous avons souligné ensemble lors de nos discussions que cette arme des sanctions avait perdu de son efficacité", a déclaré Jalili lors d'une conférence de presse, ajoutant cependant: "Vous devez demander à la Chine sa position". Le négociateur iranien a également appelé les pays occidentaux à changer leurs "méthodes erronées" et à "cesser de menacer l'Iran". "La Chine, comme grand pays, peut jouer un rôle important pour faire changer ces mauvaises méthodes", a-t-il affirmé. Si le groupe des Six (Chine, Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne et Allemagne) qui négocie avec l'Iran sur son programme nucléaire continue "à la fois des pourparlers et des pressions, ces négociations ne peuvent pas réussir", a-t-il dit. La Chine est la seule, parmi les six pays soupçonnant l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire, à demeurer réticente à l'adoption de nouvelles sanctions à l'ONU. Les Etats-Unis ont affirmé cette semaine que la Chine avait accepté d'engager des "négociations sérieuses" à l'ONU pour l'adoption de nouvelles sanctions. La Chine n'a pas confirmé cette information. Les Occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme civil, ce que nie la République islamique. Jeudi soir, selon la Maison Blanche, le président américain Barack Obama a abordé le sujet lors d'une conversation téléphonique avec son homologue chinois Hu Jintao, soulignant "l'importance de travailler ensemble pour s'assurer que l'Iran respecte ses obligations internationales". "J'ai dit précédemment que nous n'excluons aucune option et nous allons continuer à faire pression (sur l'Iran) et à évaluer comment ils réagissent", a déclaré Barack Obama dans une interview diffusée vendredi sur la chaîne CBS. "Mais nous allons le faire avec une communauté internationale unie, ce qui nous donnera une position plus forte", a-t-il insisté. Alors que Pékin et Washington ont traversé ces derniers mois une phase de fortes tensions, MM. Obama et Hu ont, lors de leur conversation téléphonique, souligné l'importance de maintenir de bons rapports. Hu Jintao a assuré à son interlocuteur "que des relations économiques et commerciales saines et stables" étaient "dans l'intérêt des deux pays", selon le communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères. Il a dit "espérer que les deux parties gèreront de façon appropriée par des consultations d'égal à égal les questions commerciales et protègeront leur coopération commerciale générale". Des différends économiques et commerciaux ont contribué aux turbulences des derniers mois dans les relations bilatérales, notamment la question du taux de change du yuan que les Etats-unis jugent largement sous-évalué. Ces tensions ont été liées également à des questions politiques comme la rencontre entre le président Obama et le dalaï lama, chef spirituel des bouddhistes tibétains, ou une vente d'armes américaines à Taïwan, que la Chine considère comme une province rebelle.