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Publié dans Le Temps le 06 - 04 - 2010

Le 6 avril 2000 disparaîssait le leader Habib Bourguiba. Dix ans après sa mémoire est toujours vivace. Car, le nom de Bourguiba est resté dans la mémoire collective, lié à la libération du pays aussi bien du joug du colonialisme que des mentalités figées, obscurantistes et réactionnaires. Bâtisseur de l'Etat et des institutions modernes, son œuvre monumentale est la promulgation du Code du Statut Personnel, un outil d'avant-garde pour la libération de la femme et l'octroi de ses droits.
L'histoire retiendra la pertinence des idées de Bourguiba et son esprit de grand visionnaire.
Seulement à l'automne de sa vie, affaibli par la maladie et entouré par des courtisans mal intentionnés, le leader était isolé des réalités d'un pays exposé à tous les périls.
Ce fut le 7 Novembre 1987, grâce au courage de l'Homme du Changement , que la Tunisie a été sauvée de la décrépitude et que l'honneur et la dignité du leader Bourguiba, furent préservés.
Et jusqu'à sa mort, Bourguiba a été entouré de toute l'affection et la sollicitude du Président Ben Ali.
L.O.

"Les vertus du bourguibisme" Selon M. Béji Caïd Essebsi
Dans son livre : " Habib Bourguiba, le bon grain et l'ivraie ", M. Béji Caïd Essebsi, ancien ministre, écrit:
"Habib Bourguiba a bénéficié d'une double culture arabe et française qu'il maîtrise en un équilibre parfaitement naturel. Dans le contexte social et politique de son temps, une telle culture, servie par une acuité intellectuelle vive, lui confère une aisance et une agilité d'esprit étonnantes, en toutes circonstances, pour se situer et pour réagir, souvent pour prendre les devants. Sa longue expérience du journalisme de combat et des discours populaires a contribué à lui inculquer le sens de la construction intellectuelle, l'attachement au jugement de fond et l'importance de l'exposé clair, argumenté et convaincant.
Habib Bourguiba est un véritable tribun. Son discours est construit et substantiel. Ces qualités transparaissent dans sa personnalité, sa forte présence et l'ascendant qu'il exerce sur ses interlocuteurs.
Il n'a jamais cessé de lire tant qu'il pouvait le faire, directement ou de se faire lire quand ses ennuis de santé l'ont empêché : la lecture le maintenait au contact avec des idées et des évolutions majeures de son temps et relance sa réflexion propre et parfois sa méditation. Je l'ai souvent surpris dans son salon, étendu sur le dos, gesticulant en silence, agitant les doigts, plongé dans une discussion ardente qu'il soutient avec des mouvements vifs du menton. Quand je le vois ainsi absorbé dans on agitation véhémente et muette, je m'efface ; je réalise qu'il travaille, qu'il s'exerce à une réflexion laborieuse et qu'il éprouve ses arguments (...).
Vertus
Bourguiba se distingue également par le mépris total de l'argent. Il n'a jamais cherché à posséder, à thésauriser, à épargner pour lui-même. Il est un des rares chefs d'Etat à ignorer la valeur de l'argent et des biens matériels (...) Sans y paraître, il met un soin particulier à l'esthétique (...).
L'apparence, la tenue vestimentaire, la dentition impeccable sont le reflet d'un équilibre plus profond. Il exige cet équilibre de ses ministres ; il les observe et les sanctionne en fonction de la performance, mais aussi de la tenue et de l'apparence.
A ceux qui s'oublient et se laissent aller, il se fait dur et parfois méprisant (...).
On peut affirmer que Habib Bourguiba a fondé une école politique, baptisée bourguibisme ou école tunisienne. Elle se fonde sur cinq facteurs.
D'abord, la tunisianité, l'attachement à la personnalité tunisienne.
Le deuxième facteur est la vertu médiane. La Tunisie ne se reconnaît pas dans l'extrémisme politique, ni idéologique, ni religieux.
Le troisième facteur est la progression par étapes. Que ce soit dans la lutte pour l'indépendance, dans l'édification de l'Etat moderne ou dans la réforme de la société.
Le quatrième facteur est la légalité internationale.
Le cinquième facteur tient à une somme de vertus et de règles de bon sens : faire prévaloir la raison sur la passion, faire prévaloir l'essentiel sur l'important (...).

4000 Lettre de Bourguiba De son exil à la Galite, Bourguiba écrivait à son fils
En 1952, le leader Habib Bourguiba était en exil sur l'île de la Galite.
Dans cette lettre, adressée à son fils unique, le leader faisait part de ses réflexions sur le rôle que doit assumer le chef dans la gestion des affaires du parti:
Lettre de Bourguiba à son fils
... " L'action par elle-même a une valeur purificatrice et hautement morale "...
La Galite, novembre 1952
Ceci m'amène à te parler d'un sujet qui me tient particulièrement à cœur et auquel on n'accorde pas semble-t-il l'importance qu'il mérite. On s'imagine qu'il suffit à un chef politique d'être sincère, honnête et intelligent pour réussir dans sa mission, c'est-à-dire conduire le peuple à la victoire.
L'expérience m'a montré que ces qualités encore que nécessaires ne sont pas suffisantes.
Si ces qualités ne se conjuguent pas avec une grande patience, une grande maîtrise de soi, un cœur large qui permet au chef de pardonner, de dominer sa colère ou son instinct de vengeance, qui lui permet de coopérer avec les autres et d'obtenir que les autres coopèrent entre eux et coopèrent avec lui, il risque d'user son autorité dans une lutte sans fin contre des éléments valables de son propre parti et de faire dégénérer l'œuvre constructive dont il a la charge en une lutte de factions qui ne peut qu'affaiblir son dynamisme et stériliser son action contre l'adversaire principal : le colonialisme. Je n'ai jamais désespéré quant à moi de ramener un patriote - à condition qu'il soit honnête et sincère - s'il est affligé seulement d'un défaut secondaire, lequel n'est la plupart du temps que l'exagération d'une qualité. J'ai toujours cherché, et suis souvent parvenu, à dominer les clans, surtout celui qui s'affiche comme étant le mien, à ménager les susceptibilités, les jalousies ou les antipathies individuelles en vue d'entraîner l'ensemble en un faisceau solide et cohérent dans la lutte libératrice contre l'adversaire principal. Il suffit parfois d'un mot gentil, d'un sourire pour conquérir un cœur et en faire un élément valable de notre grande " Armée ". Le danger, c'est la tendance des militants de la première heure à la présomption, à mépriser et à décourager les nouveaux adhérents. " Que faisais-tu, quand moi j'étais à Bordj-Lebœuf ? " A ce compte-là il faudrait renoncer à toute propagande, la propagande ayant principalement pour but de transformer un non-destourien en destourien.
Je me suis toujours heurté dans cette œuvre d'apaisement à des résistances, à des réticences sourdes de la part des meilleurs militants, surtout les durs, et les durs sont précieux. Mais toutes les fois que je suis parvenu à leur faire entendre raison, pas toujours malheureusement, je n'ai jamais eu à le regretter. C'est qu'il me fallait compter avec les défauts d'un peuple qui fut pendant des décades une poussière d'individus où fleurit souvent cet individualisme anarchique qui fut la cause première de notre décadence et de notre impuissance. Il m'a fallu user de tout mon prestige pour maintenir cet équilibre essentiellement instable qui caractérise l'existence d'un grand parti.
J'estime que c'est là l'œuvre fondamentale du chef, aussi importante sinon plus que la lutte contre l'ennemi extérieur, car à quoi servirait une doctrine efficace, un plan d'action merveilleusement agencé si l'instrument de combat est détérioré du dedans.
Rappelles-toi la situation dans laquelle j'ai trouvé le parti à mon retour du Caire et celles des étudiants, notre future élite, à mon arrivée à Paris le 12 avril 1950. Comme elles paraissent loin aujourd'hui et ridiculement petites, pour ne pas dire criminelles, ces luttes stériles entre partisans de Bourguiba, de Ben Youssef ou de Sliman Ben Sliman ! Tout a été emporté par le feu de l'action, car l'action par elle-même a une valeur purificatrice et hautement morale....
Et aujourd'hui les adversaires de la veille luttent d'un même élan, d'un même cœur, dans une fraternité forgée dans l'action contre l'adversaire commun qui avait tant compté sur nos divisions.
Eh bien, je te l'avoue en toute sincérité, le plus grand souci que j'éprouve quant à l'avenir de ce beau mouvement du Néo-Destour qui s'est donné pour mission de construire ou de reconstruire une nation - car l'indépendance et la souveraineté n'en sont qu'une étape ou un moyen - c'est l'absence de ces qualités fondamentales dans la plupart- pas tous, heureusement- de ses cadres. C'est surtout le fait qu'ils ne se rendent même pas compte qu'elles sont fondamentales... et ne cherchent pas à les avoir ou à les développer chez eux.
Or, un jour viendra où je ne serai plus là pour réparer les gaffes, redresser les erreurs, regrouper et galvaniser les éléments épars, neutraliser ou réduire les forces centrifuges qui travaillent nécessairement tout ensemble humain d'une certaine ampleur. C'est le problème qui se pose à tout homme d'Etat, à tout homme de Gouvernement soucieux de l'avenir du groupe humain dont il a la charge avec cette particularité pour nous- ce handicap- que nous ne disposons d'aucune force de contrainte pour limiter les dégâts.
Et ce serait alors la débâcle du parti, même si tous les éléments pris individuellement sont sincères, dévoués et consciencieux.
C'est le rôle difficile du chef responsable de voir plus loin que les militants, d'avoir une échelle des valeurs juste, de sacrifier le secondaire au principal, de sacrifier même ses préférences ou ses rancunes personnelles en vue d'assurer la durée, la force, et partant, l'efficacité de l'ensemble.
J'ai tenu à te parler longuement de ce sujet brûlant pour te permettre de te rendre compte combien le rôle de chef est ardu. Le fait est que les qualités nécessaires à un chef, aucune faculté de droit, aucun institut de sociologie ne les enseignent. Elles sont comme un don de Dieu- ou de la nature- que l'expérience et l'intelligence ne peuvent tout au plus que développer, renforcer et perfectionner.
Habib Bourguiba

Bourguiba interviewé par Arthur Comte :
" Je suis un Jugurtha qui a réussi "
Arthur Comte, ancien ministre français a réalisé une interview au leader Bourguiba, pour la revue Historia. Voici quelques extraits :
• Arthur Comte : Le plus grand homme de l'histoire ?
-H.Bourguiba : J'hésite : Descartes, Auguste Comte, Claude Bernard, Napoléon, peut-être Napoléon.
• Le plus grand homme du siècle ?
-Peut-être Churchill, peut-être de Gaulle.
• Le plus grand fléau du siècle ?
-L'injustice.
• Monsieur le Président, quel est l'homme d'Etat vivant qui exalte le mieux votre pensée ?
-Vigny. Je peux encore vous réciter par cœur " La mort du loup ".
• Votre écrivain préféré ?
-Bergson.
• Votre actuel livre de chevet ?
-" La vie de Jésus " de Renan.
• Votre fleur préférée ?
-La rose, ou alors le jasmin.
• Votre peintre préféré ?
-Vinci. Incomparable.
• Votre musique préférée ?
-La musique arabe. Je comprends mal l'autre.
• Votre délassement préféré ?
-La marche. Je pense en marchant.
• Votre animal préféré ?
-Le chien qui ne me quittait pas sur l'île de la Galite.
• Votre plat de prédilection ?
-Je suis un régime. Dans le temps, c'était le couscous.
• Aimez-vous le cinéma ?
-Beaucoup. J'ai une salle privée pour voir des films.
• La télévision ?
-J'adore.
• Les cartes ?
-Je ne joue qu'à des jeux populaires et simples.
• Croyez-vous au hasard ?
-Je crois à la chance.
• Si vous aviez à vous définir ?
-Je suis un Jugurtha qui a réussi.


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