Cela faisait un petit moment que Selma Cherif n'avait pas fait d'exposition personnelle, depuis vendredi dernier, elle nous présente la rétrospective d'un travail dont on perçoit nettement l'évolution. En quelques années, elle aura touché à différentes matières et techniques empruntant tour à tour une facture graphique, figurative ou abstraite. De « l'hommage » à Nejib Belkhoja en passant par l'« Aller simple » pour un « Jour de grâce», Selma Cherif ne tarit pas d'inspiration. Dans des matériaux diversifiés, sur des supports multiples, d'une technique à l'autre, d'un médium à l'autre, la peinture de Selma Cherif se laisse interpréter, en nous faisant complices d'une introspection humaine, complexe. On peut remarquer des coupoles qui apparaissent et disparaissent, un regard furtif derrière du papier marouflé, La trame de l'œuvre apparaît dans sa propre histoire, infusée de tous les passés. Le corps de passage n'est qu'un probable chemin d'univers, seules les traces semblent perdurer. Il faut se laisser emporter par les tableaux les plus récents où les drapés et les fondus de couleurs harmonieuses équivalent à une réelle sincérité. D'une toile à l'autre, les couleurs chantent et rayonnent à l'image de l'artiste. Dans sa déférence à autrui, dans sa fantaisie, elle laisse place à notre imaginaire. Le contour poreux localise l'espace du jeu, libérant réflexion et illusion. La fantaisie s'inscrit à l'intérieur du décor, prend pose, se teinte des valeurs et des tons tout en s'imprégnant de l'ambiance. Elle peint tout ce qui lui passe par la tête, ce qui l'inspire, certainement, sur le moment, mais aussi ce qui surgit du plus lointain passé. La quête de l'ambivalence dans la peinture de Selma Cherif nous entraîne dans sa transformation et sa progression dans une découverte plus mûre.