Le pèlerinage annuel de la Ghriba est un rituel célébré en grande pompe autour de la synagogue dont il a emprunté le nom, et qui est l'une des plus vieilles au monde. Comme toute fête juive, la « ziara » annuelle de la Ghriba est un rappel d'un évènement marquant de l'histoire du judaïsme. Elle évoque, en effet, l'épidémie ravageuse à l'origine de l'extermination de milliers d'étudiants d'une grande école rabbinique, et qui ne prit fin qu'après trente trois jours de jeûne et de prières, coïncidant avec l'anniversaire de la mort de deux kabbalistes respectés Rabbi Meyer Bail Heness et Rabbi Shimon Bar Yohai, le commentateur et l'inspirateur du Zepher du Zohar, le Livre de Splendeur. Depuis, ce jour-là , annonciateur de la fin du tragique supplice, est devenu symbolique. Il correspond au 18 du mois Iyar et survient trente trois jours après Pessah qui correspond au 16 du mois Nissan. C'est le « youm Hiloula » et il doit être célébré comme tel, par des chants, des prières, des louanges, dans la joie et l'allégresse de la fête à n'en plus finir, d'où il n'est guère admis de se montrer affligé, attristé ou accablé ; boire, manger, chanter et danser, telle est la devise de la circonstance. L'île s'est préparée comme il faut à l'évènement correspondant cette année à la période allant du 30 avril au 02 mai. Le service de sécurité mis en place est sans faille, omni présent, veillant au moindre détail, et ce dans le souci majeur d'assurer toutes les conditions de sécurité aux pèlerins juifs en séjour parmi nous, venant d'un peu partout, particulièrement de France, et dont le nombre est estimé à un millier, tout au plus, répartis sur quatre hôtels qui leur avaient été réservés pour leur fournir une alimentation « casher », selon les règles rituelles, et où chaque soir une soirée dansante est prévue, comme le veut la tradition nouvellement ancrée, animée par des orchestres puisant dans le répertoire traditionnel tunisien. En attendant l'avènement de l'échéance de la « Mnara, moment fort de la Ziara prévu pour dimanche 02 mai, on profite pour se rendre à Houmt-Souk, la capitale de l'île. Les premiers arrivés ont commencé à y faire leur apparition qui ne peut passer inaperçue. Beaucoup d'émotion pour certains qui renouent avec des repères depuis longtemps perdus des yeux ; pour les inconditionnels du pèlerinage, l'occasion est toujours bonne pour saluer des connaissances de longue date, et s'approvisionner en denrées culinaires du terroir ou en produits cosmétiques qui raniment de vieux souvenirs. De même, des excursions sont organisées vers El Hamma, en bus ou en voitures particulières au profit de ceux qui désirent rendre hommage au saint vénéré de tous, Sidi Youssef El Moûrabi.