Labour et Tory se disputent la vie politique en Grande-Bretagne depuis un siècle. Rarement où le parti libéral n'a été associé à la gestion des affaires du pays. Les scrutins ont la plupart du temps permis de dégager une majorité absolue en faveur de l'une ou l'autre des deux formations qui dominent la scène. Le parti libéral s'était même retrouvé marginalisé vers la fin du vingtième siècle avec la montée du thatchérisme puis l'arrivée sur scène de Tony Blair qui a rénové le parti travailliste, au pouvoir depuis treize ans. Mais sous l'effet de la crise et le malaise social, la politique menée par le Labour sous la conduite de Gordon Brown ne fait plus recette. Contesté au sein-même de son propre parti, le Premier ministre a tout tenté pour remettre de l'ordre dans sa propre maison comme dans le pays. Les scandales éclatés au débat de l'année ont fini par le contraindre à demander à la reine la dissolution du parlement et d'appeler à des élections législatives anticipées. Fixées pour le 6 mai, ces législatives pourraient déboucher sur une situation rarement vérifiée au Royaume Uni, où il est fort probable qu'aucun parti n'aura le nombre de sièges requis pour pouvoir former le futur gouvernement. Favoris des sondages d'opinion depuis plus de deux ans les conservateurs de David Cameron sont contraints de revoir leur côte à la baisse, non pas parce que les travaillistes sont de retour, mais en raison de la nouvelle donne créée par le parti libéral démocrate. Mené par le jeune Nick Clegg, cette formation est en passe de bousculer la hiérarchie établie. L'outsider s'est imposé à l'occasion de la campagne électorale, comme un rival redoutable aux deux leaders des partis traditionnels qui sont majoritaires. Au cours des débats télévisés (une première au Royaume Uni) le patron du Libdour s'est montré convaincant. C'est quelqu'un qui a non seulement du charisme, mais aussi et surtout une suite dans les idées. La dynamique qu'il a créée dans la campagne a suscité un grand intérêt chez les électeurs quelque peu désabusés de la vie politique dans leur pays. Son programme qui s'apparente plus à une synthèse fait du libéralisme économique son crédo, tout en accordant au volet social toute sa place, notamment en ce qui concerne les impôts. Cette ligne politique qui se situe à mi-chemin de celles des travaillistes et des conservateurs, ainsi que la personnalité de Nick Clegg découverte à travers l'écran, ont permis ceux libéraux - démocrates de se refaire une place sous le soleil avec une côte dans les sondages qui les place à la veille du scrutin en seconde position derrière les Tories et devant les labours ! Une ascension fulgurante qui, si elle est confirmée le 6 mai, va sans doute redessiner le paysage politique dans un pays qui a besoin de changer. Un changement dont les trois leaders en course font leur cheval de bataille pour tenter de plaire aux électeurs. Mais ce sont plutôt les propositions du parti libéral - démocrate qui paraissent les plus crédibles aux yeux de l'électorat, ce qui augure d'une grande percée de ce parti le 6 mai avec à la clé un nombre important de sièges au parlement et une bonne position d'arbitre dans la constitution du prochain cabinet et la nouvelle politique qui sera celle du pays pour les quatre prochaines années. Pour Nick Clegg il est déjà exclu de faire alliance avec le parti qui sera en troisième position à l'issue du vote du 6 mai. Le choix n'est donc pas fixé et il ne le sera qu'en fonction du résultat. Mais d'ores et déjà, on s'achemine au Royaume Uni vers une nouvelle carte politique qui romperait avec le bipartisme qui a sans doute fait son temps. Mais attendons pour mieux voir !