Nos collègues ayant effectué des reportages-sondages auprès de ceux parmi nos concitoyens qui accomplissent leur devoir électoral ont perçu, un besoin pressant, de participer à la vie publique à s'engager dans de véritables débats politiques. Ils ont en revanche rencontré désengagement et indifférence auprès de ceux parmi nos concitoyens qui ne se sentent pas concernés par des joutes aussi importantes que les élections municipales. Les uns ne déclarent rien, selon le principe : " pour vivre heureux, vivons muets ", les autres se disent désabusés par les défectuosités de l'action municipale et, en tant que tels, ils adoptent une attitude négativiste : " rien ne changera " chuchotent-ils. Il y a d'ores et déjà deux constatations à faire. 1) La première a trait à ce contraste saisissant dans l'imaginaire collectif. Les femmes et les jeunes s'impliquent parce qu'ils ont la conviction de pouvoir, à terme, " humaniser " les rapports avec l'administration municipale. Ceci d'un côté. De l'autre, les vieux déterminismes citoyens infléchissent une certaine attitude de distanciation. On se confond dès lors en pleins amalgames: à leurs yeux rouspéter pour une benne d'ordures non vidée à temps, pourrait être interprété comme une protestation politique. Car d'une façon ou d'une autre, nos concitoyens confondent entre devoir et droit de proximité (la base même du travail municipal) et positions politiques. Il arrive en effet souvent que, si d'aventure, vous interpelliez un concitoyen dans la rue pour lui demander pourquoi on a déplacé ce feu rouge, ou depuis quand on a baptisé l'ex-rue " x " en la nouvelle rue " Y ", il vous répondra : " excusez-moi, je ne parle pas politique ". Bien sûr, il prend aussitôt la poudre d'escampette ! 2) La seconde constatation nous renvoie au mode de fonctionnement de l'administration municipale elle-même. L'idée diffuse est que l'entrée dans les bureaux municipaux constitue un bon tremplin pour le reste : la députation, un bon grade dans le parti (quelle que soit sa couleur) et tous les avantages d'ordre sociétal qu'induisent les fonctions municipales. On sait que de toutes les actions publiques, celles des municipalités sont les plus exposées aux critiques ou, du moins, aux appréciations. Pour les citoyens, les municipalités nettoient les rues et ramassent les poubelles et le pain rassis (suivez le regard !)... La municipalité est aussi synonyme de taxes ordurières " Ezzebla wel kharrouba " - au fait à quand une appellation plus noble ! - et au mieux, là où l'on dispense les permis de bâtir. Or, si les citoyens savent si peu de choses sur la structure qui leur est la plus proche, c'est parce que la municipalité elle-même ne communique pas assez. Le profil des nouveaux élus est dit-on porté sur la communication. Quitte à faire du porte-à-porte, les " municipaux " sensibiliseront ceux qui les ont élus (et surtout ceux qui ne les ont pas élus) quant à la nécessité d'anoblir la cité et à installer un débat franc centré sur autre chose que le ramassage des ordures, les moustiques, et les chiens et chats errants.