Tandis que les nations qui iront en Afrique du Sud vivent en pleine effervescence à l'annonce des listes de pré-sélectionnés et que les controverses surgissent quant aux choix des entraîneurs, toujours dans la douleur - parce que tout choix est en soi une renonciation - ; alors que les sélectionneurs montent en puissance, s'apprêtant à jouer une carte déterminante dans leur carrière, nous, ici, en Tunisie, vivons au rythme saccadé d'une fin de saison marquée par le cynisme du purgatoire, en championnat et par l'ambivalence déjà avérée d'une trame fédérale encore mystérieuse, et qui croit avoir tout son temps pour refaire le monde ! Par où commencer, en fait ? Ali Hafsi et les siens, expéditifs et tranchants dans la campagne, le sont beaucoup moins une fois installés dans les fauteuils fédéraux. Certes, il y eut une première réunion, à portes ouvertes - ce qui n'est pas vraiment dans le style d'Ali Hafsi, l'homme qui ne jurait que par le huis clos - ; mais ce fut une réunion de mondanités aimables, des premières impressions, des vœux pieux et des professions de foi. Il est sûr que le nouveau président fédéral fait des consultations à propos du futur sélectionneur. Car, à l'évidence, Hamdi Meddeb ne compte guère se séparer de son entraîneur et, même, sur le plan du profil, il n'est pas sûr que Benzarti jouisse du blanc-seing de la morale immaculée que requiert le rôle de sélectionneur. Les frasques du gagneur qu'il est, sont peut-être à son actif. Certainement pas à son crédit. Aujourd'hui, quelques sons de cloche font résonner le nom de Lechantre, l'entraîneur clubiste que Kamel Idir a jugé indolent et flasque mais qui jouit d'une aura sur le plan continental. Du coup, on réalise que le marché des entraîneurs est devenu obsolète et que de toutes les manières, nous ne prétendrons guère à de grosses pointures comme un Erickson à la tête de la sélection ivoirienne. Soit. Mais, en attendant le messie, avons-nous réfléchi à une plate-forme technique, c'est-à-dire, à un staff d'entraîneurs, pour les catégories inférieures, sachant que la logique du staff est en train de s'imposer, de gagner des galons, et, même, de s'institutionnaliser. Doit-on, donc, commencer par le sélectionneur ou par le staff ? Doit-on se plier encore et toujours au diktat du sélectionneur qui impose son staff ? Sincèrement, imagine-t-on un De Moraïs entraîneur-adjoint de l'Inter ? Pour autant, la révolution annoncée par Ali Hafsi a l'air de s'accommoder encore pour le moment, de quelques anachronismes. Sami Trabelsi et Ali Boumnijel ont beaucoup donné au football et à l'Equipe nationale. Maintenant, ils sont en train d'apprendre le métier d'entraîneurs. Cela se fait-il, néanmoins, avec les équipes nationales?... Quelque part, le proverbe de chez nous autour de l'apprenti-coiffeur trouve, là, matière à titiller l'imagerie populaire.