A l'heure où tous les acteurs économiques conjuguent leurs efforts afin de consolider la compétitivité de l'économie tunisienne, la balance du solde énergétique, dynamo du développement industriel, est affichée déficitaire, soit de -0.7 Mtep en 2006. L'aggravation de ce déficit pourrait continuer en cas de plus de dépendance énergétique. En effet, la facture d'importation d'énergie pèse de plus en plus lourd sur le budget annuel. Elle a accentué le déficit budgétaire au niveau de la couverture des importations par les exportations. En dépit de la progression des ressources nationales d'énergie primaire, y compris la redevance gaz perçue au titre de gazoduc transcontinental, la forte demande de pétrole persiste encore. La vague d'investissements industriels qu'a connue le site de production tunisien, a favorisé la demande en énergie. L'incitation à la création des entreprises a entraîné un surplus de consommation énergétique. Cela est nécessaire pour satisfaire la demande des nouvelles entreprises. Par ailleurs, une telle réduction de consommation peut pénaliser le rythme d'investissements et entraîner l'envolée des prix du pétrole. La maîtrise de l'énergie figure au premier rang des défis à relever afin de modérer l'impact de l'accroissement de la facture énergétique tant sur la compétitivité de l'entreprise que sur l'équilibre des finances publiques et des comptes extérieurs. La rationalisation de la consommation de l'énergie incombera tant à l'administration qu'aux ménages et aux entreprises, A cet égard, la mise en place des mécanismes spécifiques dédiés au financement approprié des initiatives des ménages et des entreprises en matière d'économie d'énergie, est nécessaire. La création du Fonds National de la Maîtrise de l'énergie (FNME) vient renforcer les investissements d'économie d'énergie. Mais les ressources actuelles ne peuvent couvrir que les 16 % du financement total des investissements énergétiques prévus dans le 11ème plan. Le volume de ces investissements est évalué à un milliard de dinars. Or, plus des deux tiers de ce montant est indisponible et devrait être mobilisé par la participation du secteur privé et les organismes internationaux dans le financement des programmes et projets économiques d'énergie prolongés dans le 11ème plan. Les investissements énergétiques ayant pour finalité de rationaliser la consommation des entreprises et des ménages notamment en matière d'énergie fossile (pétrole) et de changer le comportement du consommateur quant à l'option pour de nouvelles énergies comme le gaz naturel. Quant à la nature de ces investissements, ils constituent des investissements matériels (acquisition de nouveaux équipements économiques d'énergie) et immatériels (financement des études, de formation et des recherches) sur la maîtrise de l'énergie. Pour le premier type, il s'agit de nouveaux produits économes d'énergie destinés aux ménages ou aux entreprises (acquisition de nouveaux produits utilisant de nouvelles énergies comme le gaz et l'énergie éolienne qui n'est pas assez développé en Tunisie. Les secteurs à cibler par ces investissements sont multiples. Il s'agit de l'industrie (intégration de nouveaux équipements et process efficaces), du transport (réduction de consommation des véhicules), de l'habitat (construction des logements isolés ayant une haute efficacité énergétique), agriculture -foret ( irrigation économe en eau et l'utilisation des engrais organiques). Par ailleurs, le changement de multiples applications par secteur est le corollaire du changement du comportement du consommateur tunisien qui doit être conscient de l'aggravation du problème énergétique ayant un impact direct économique et environnemental. Mais ce qui est important à relever, c'est que les investissements énergétiques tels que la création des bureaux d'études, d'accompagnement, des laboratoires de recherche, des cabinets de conseil, des fournisseurs de nouvelles énergies comme le gaz, biocarburant et l'énergie solaire ( chauffe-eau solaire, groupe d'ingénierie financière privés pour le soutien des sociétés à changer son mode de consommation énergétique, tous ces types de projets et services sont des investissements prometteurs et recommandés lors de la Conférence internationale sur le financement de la maîtrise de l'énergie. L'actuelle situation énergétique par rapport à la multiplicité des nouvelles entreprises tunisiennes exige la création de ces dits projets énergétiques qui sont rentables. C'est une offre donnée au secteur privé et en particulier aux jeunes promoteurs qui ont besoin d'idées rentables. Le paysage énergétique offre de nouvelles pistes d'investissements en favorisant l'indépendance énergétique et cela par l'exploitation des nouvelles ressources locales et en entraînant un fléchissement du coût d'énergie. L'administration, l'entreprise, le constructeur de l'habitat spécialisé, les ménages, les propriétaires de véhicules, les agriculteurs et tout consommateur d'énergie n'optera pour les investissements énergétiques que sous les conditions d'appuis et d'encouragements. Dans cet esprit, le FNME a été créé mais il demeure insuffisant. Le FNME offre une prime de 20 % du coût de l'investissement énergétique. Le fonds soutien les entreprises notamment dans la rationalisation de leur consommation en hydrocarbure fossile et cela par offrir des contrat-programmes ( plafond de 100 mille dinars pour 4 K Tep par an ; 200 mille dinars pour 4 à 7 KTep par an ; 250 mille dinars pour + 7 KTep par an), de banc de diagnostic dont le plafond est à 6 mille dinars, chauffe-eau solaire ( 100 dt / m2) , substitution au gaz naturel dont le plafond est à 400 mille dinars dans l'industrie et 140 dt par logement. C'est vrai qu'il constitue un mécanisme de soutien financier indéniable, le FNME ne peut néanmoins atteindre les objectifs escomptés en dehors de l'appui des bailleurs de fonds privés tels que les banques et les institutions financières de développement. Le FNME sera alimenté par plus de fonds, telle est la recommandation des conférenciers lors de la conférence internationale sur le financement de la maîtrise de l'énergie à Hammamet. Mais en tout cas, la création de FNME va booster les actions de l'ANME qui manque de ressources financières. Or les actions et les plans de maîtrise de l'énergie conduits par l'ANME n'ont pas atténué la charge énergétique qui pèse sur le PIB(produit intérieur brut). Cette question reste encore épineuse malgrè les réalisations en matière de la maîtrise de l'énergie.