L'Espagne est la seule équipe à avoir gagné la Coupe du monde après une défaite initiale. Battus d'entrée par la Suisse (0-1), les nouveaux rois se sont reconstruits en restant droits dans leurs bottes, fidèles à leurs idées. Merci Del Bosque. Les Néerlandais ne diront pas le contraire : l'accroc initial de l'Espagne a compté dans son parcours. Dans les jours qui viennent, les "Oranje" assureront sans doute, comme ils ont commencé à le faire, que les retrouvailles entre la Roja et Howard Webb, arbitre de la finale et de la défaite des Espagnols face à la Suisse (0-1), a contribué au titre mondial des Ibères. L'homme en noir, qui avait notamment accordé un but illicite aux Helvètes, aurait eu la fâcheuse tendance à tenter de rééquilibrer la balance en faveur des Espagnols, dimanche. On ne suivra pas les Néerlandais sur ce chemin tortueux et cette analyse fumeuse. Monsieur Webb s'est montré plutôt compréhensif envers de Jong, Van Bommel et compagnie. Mais la Suisse a bel et bien pesé. Plus qu'on ne l'imagine. Championne d'Europe en titre, arrivée avec l'étiquette de favori n°1 de la compétition et toute la pression qui va avec, l'Espagne s'est pris les pieds dans le tapis face à la Nati (0-1). En Coupe du monde, on se relève rarement d'un revers. La preuve par les statistiques : depuis 1978 et jusqu'à hier soir, aucun champion du monde n'avait subi la moindre défaite durant la compétition. L'Espagne, elle, a tenu bon malgré ce gadin initial. Jusqu'ici, personne n'avait pu en digérer un. Demandez donc à Roger Lemerre et à sa bande, arrivés en Corée du Sud en 2002 avec une deuxième étoile pratiquement brodée à leur tunique et qui ont quitté le Mondial avec un bilan famélique. Ou à l'Argentine de 1990, remontée après sa défaite contre le Cameroun (0-1), mais dont la place en finale, en soi, ressemblait presque à un miracle. "Notre qualification avait été impeccable" Après l'accroc de Durban, le onze espagnol est resté droit dans ses bottes. Certes, cette deuxième défaite depuis 2007 (48 matches disputés) arrivait au pire moment. Mais après tout, face à la Nati, l'Espagne avait joué son jeu. Pas de quoi paniquer. N'avaient finalement manqué "que" les buts. Alors, l'Espagne ne s'est pas désunie malgré les critiques qui commençaient à lui tomber sur la tête. Moins virulentes qu'elles l'auraient été par le passé, ces remises en cause, comme celles de Luis Aragones, n'ont pas brisé le groupe uni et cimenté par un homme : Vicente Del Bosque. Celui-ci est resté imperméable, n'a pas abandonné son système décrié à deux récupérateurs. Et, surtout, a trouvé les mots pour que ses hommes restent dans le coup. Le sélectionneur des champions du monde a révélé dimanche soir la teneur de son discours d'alors, secret jusqu'ici: "J'ai insisté sur nos acquis et sur ce qu'on avait fait jusque-là. Notre qualification avait été impeccable. Il n'y avait pas de raison... Mes joueurs sont très matures et ont fait un sacré boulot durant le tournoi. L'était d'esprit, aussi, a été remarquable. Je n'ai pas en mémoire un seul moment déplaisant." Même après la Suisse... Des moments déplaisants, David Villa n'en a aucun en tête non plus. Le co-meilleur buteur du Mondial (5 réalisations) retient que l'Espagne n'a jamais dévié psychologiquement, techniquement et tactiquement de son objectif initial. "Si on doit être fiers de quelque chose, c'est de n'avoir jamais changé notre style de jeu, contrairement à d'autres sélections quand elles ont joué contre nous. Les matches ont été compliqués, se sont fermés, mais l'Espagne a toujours gardé sa philosophie, et c'est surtout grâce à ça qu'on mérite ce titre de champions du monde". Quand certains meurent avec leurs idées, d'autres les transforment en or. ----------------------------- L'Espagne touchera 24 M€ 14. 2M€ pour le Ghana La Fédération Espagnole de Football va recevoir une enveloppe de 23.7M€ de la part de la FIFA suite au triomphe de sa sélection lors du Mondial sud-africain. En montant sur la plus haute marche du podium, dimanche à Johannesburg, Iniesta et ses coéquipiers ont permis à leur pays d'entrer dans le gotha du football mondial mais pas seulement. Grâce à leur succès dans cette compétition, la Fédération Espagne de Football (la RFEF) se voit décerner- de la part de la FIFA- une somme de 23.7M€ (8 milliards de nos millimes environ). Finaliste malheureux, les Pays-Bas auront, eux, droit à 19M€. L'Allemagne et l'Uruguay qui ont été éliminés en demi-finales toucheront 16M€, quant aux équipes éliminées en quarts (Brésil, Argentine, Ghana et Paraguay) ils auront droit à une somme de 14.2M€. ----------------------------- Cruyff dégoûté par les Pays-Bas Johan Cruyff est amer. Le troisième échec des Pays-Bas en finale d'une Coupe du monde après 1974 et 1978 lui est resté en travers de la gorge. Mais plus que le revers des Bataves face à l'Espagne (1-0 a.p.), c'est le style de jeu pratiqué par ses compatriotes qui l'a agacé. L'astre néerlandais du grand Ajax et du Barça ne mâche pas ses mots pour décrire la prestation des Oranje: "Les Pays-Bas ont joué lamentablement et tristement de manière très sale. Ils n'ont pas voulu du ballon", s'agace hier l'ancien numéro 14, dans sa chronique publiée par le quotidien catalan El Periodico. Les Oranje ont pratiqué un "anti-football", insiste-t-il. "C'était laid, vulgaire, dur, hermétique". Il n'a échappé à personne que face à l'Espagne, la formation de Van Marwijk, plus efficace que séduisante depuis le début de la Coupe du Monde, avait durci le ton. A l'image de Van Bommel, les Néerlandais ont oublié de jouer et tenté de casser le rythme des Espagnols avec de nombreuses fautes, parfois grossières. Ils ont fini la rencontre avec neuf avertissements. Un style très loin du football pratiqué par les Néerlandais dans les années 70 où leur image de perdants romantiques avait enthousiasmé le monde du ballon rond. Le "pire arbitrage" Dans ces conditions, Johan Cruyff, qui avait avoué avant la finale "défendre le football que pratique l'Espagne", estime que la victoire est revenue à l'équipe qui l'a "le plus méritée". Et s'il est ravi pour Iniesta, le buteur de la finale, l'ancien entraîneur du FC Barcelone s'en prend également à l'arbitrage. Cruyff parle du "pire arbitrage de la Coupe du monde " pour qualifier la prestation de l'Anglais Howard Webb. "On peut mal arbitrer mais on ne peut pas créer sa propre justice", s'agace Cruyff, qui estime que les Pays-Bas auraient dû "se retrouver à neuf très rapidement" suite aux attentats de Van Bommel et de Jong en première période. La légende vivante hollandaise, qui avait contribué à importer en Catalogne le football total avec Rinus Michels, conclut sur une note positive. Avec évidemment un petit hommage pour le FC Barcelone : "C'est le triomphe du style du Barça", lâche-t-il. Déçu que les Pays-Bas ne s'en inspirent plus. Le style du Barça, c'est le style de Cruyff, comme tout le monde sait… ----------------------------- Casillas bat son propre record Iker Casillas a porté son record national d'invincibilité pour l'équipe d'Espagne dans un Mondial à 433 minutes. Invaincu depuis 313 minutes avant la finale (1-0 a.p. contre les Pays-Bas), le gardien et capitaine de la Roja avait profité de la victoire (1-0) en demi-finale contre l'Allemagne pour faire mieux que ses prédécesseurs Ignacio Eizaguirre et Antonio Ramallets. Les deux anciens portiers de la Seleccion détenaient jusqu'alors l'ancien record (282 minutes) depuis 1950, année où l'Espagne avait terminé 4e. Lors des quatre matches de la seconde phase de ce Mondial, Casillas n'a encaissé aucun but. ----------------------------- La Roja en tête du classement FIFA Grâce à sa victoire face aux Pays-Bas en finale de la Coupe du Monde, l'Espagne a récupéré la première place du classement FIFA devant le Brésil. C'est la deuxième fois dans l'Histoire que la sélection ibérique occupe cette place qui était promise au vainqueur de la finale. ----------------------------- La presse espagnole euphorique : «Une génération de virtuoses du football» La presse espagnole était euphorique hier saluant la victoire de ses "champions du monde", une "génération éblouissante", "prodigieuse", qui permet pour la première fois à l'Espagne d'atteindre "le sommet du football". Tous les journaux, sans exception, consacrent leur Une à la victoire "historique" de la Roja, photo du capitaine Iker Casillas brandissant le trophée de la Coupe du monde à l'appui. "Champions du monde", titre en Une El Pais. "L'Espagne est championne du monde, l'épopée qu'il manquait au sport espagnol, qui connaît son moment de gloire", après sa victoire à l'arraché contre les Pays-Bas dimanche soir à Johannesburg (1-0 a.p.). Pour ABC, qui titre "Champions" sur une photo de la « Seleccion » occupant toute la Une, le 11 juillet 2010 fait désormais partie de "l'histoire de l'Espagne". "Le but d'Iniesta pendant la prolongation" permet la victoire "d'une génération prodigieuse", estime le quotidien. ----------------------------- Déception et hommage dans la presse néerlandaise « Ils se sont battus comme des lions, mais la claque de la finale perdue résonnera longtemps encore » La presse néerlandaise affichait hier matin en Une sa déception et sa tristesse au lendemain de la défaite des Pays-Bas en finale du Mondial-2010 face à l'Espagne (0-1 a.p), tout en rendant hommage aux joueurs de Bert van Marwijk. "Les Oranje pleurent", titre en Une, en lettres oranges, le quotidien populaire AD sur une photo pleine page de Wesley Sneijder, allongé sur la pelouse du Soccer City de Johannesburg, le visage caché dans ses bras. "Fier après une déception, c'est possible", écrit l'éditorialiste du journal. "Car même si la défaite en finale met un terme brutal à la joie qui a régné ce week-end dans le pays, l'équipe néerlandaise peut être fière de sa prestation en Afrique du Sud". "Toujours pas", titre de son côté le quotidien de gauche Volkskrant, au-dessus de la même photo de Sneijder effondré, après la troisième défaite des Pays-Bas en finale de la Coupe du monde. "Footballistiquement les Espagnols étaient meilleurs", admet le journal, "mais, poursuit-il, l'équipe des Pays-Bas de 2010 est une machine de guerre en orange, qui a refusé de s'incliner". "Et maintenant la gueule de bois", affirme en Une le NRC.Next, l'édition du matin du quotidien économique Handelsblad au-dessus d'une photo de Sneijder, accroupi, la tête rentrée dans les épaules. "Une nouvelle génération de joueurs néerlandais s'est fait un nom ces quatre dernières semaines en Afrique du Sud mais la claque de la finale perdue résonnera longtemps encore", prédit le journal. Le quotidien populaire De Telegraf rend un hommage appuyé aux Oranje qui, affirme-t-il en Une, se sont battus "comme des lions". "Quelle recette faut-il pour que les Pays-Bas deviennent un jour enfin champions du monde de football?", s'interroge le journal. "Que l'équipe néerlandaise joue un football aventureux ou discipliné, construit sur une organisation solide, elle ne réussit pas à devenir la meilleure équipe du monde". ----------------------------- FAITS ET CHIFFRES * 1er titre de la CM pour l'Espagne lors de sa 1ère finale et sur 13 participations. * 3ème défaite de la Hollande sur autant de finales après celles perdues face aux pays organisateurs: la RFA en 1974 et l'Argentine en 1978. * 28ème victoire de l'Espagne sur 56 matches en phase finale de la Coupe du Monde, la 7ème par (1-0) après celles réussies devant l'Angleterre en 1950, le Mexique 1962, l'Arabie Saoudite 2006, le Portugal, le Paraguay et l'Allemagne lors de l'actuelle édition. * 11ème défaite des Pays-Bas sur 43 matches en CM et 9 participations, la 3ème par (0-1) après celles subies face à la Belgique en 1994 et le Portugal en 2006. * Andres Iniesta devient le 57ème buteur des finales de la CM en signant le 70ème goal de cette ultime étape de la compétition. * Pour la 4ème fois (et 2ème consécutive), l'Allemagne termine au 3ème rang du Mondial après 1934 (victoire en match de classement face à l'Autriche 3-2), 1970 (Uruguay 1-0) et 2006 (Portugal 3-1). Les Allemands ont perdu (3-6) le match de classement de 1958 face à la France. * 3ème défaite de l'Uruguay dans cette "petite finale" après celles de 1954 (1-3 devant l'Autriche) et 1970 comme précité. * C'est la 12ème fois que l'Allemagne termine dans le trio de tête. * 60ème victoire des Allemands sur 99 matches en phase finale de la Coupe du Monde, la 6ème par (3-2) après celles obtenues face à l'Autriche au match de classement de 1934, la Hongrie en finale 1954, l'Angleterre aux 1/4 de 1970, la Corée du Sud et la Belgique en 1994 respectivement à la 3ème journée du groupe C et aux 1/8. * 17ème défaite de l'Uruguay sur 47 matches en en phase finale de la Coupe du Monde, la 2ème par (2-3) après celle concédée face aux Pays-Bas aux 1/2 de l'actuelle édition.
