Le XIIème plan de développement socio-économique, qui vient d'être débattu et adopté par le parlement, prévoit, entre autres, la poursuite de la réforme de la compensation sans pour autant envisager la suppression définitive de la Caisse Générale de Compensation (CPG) Conséquence : l'Etat tunisien, fort attaché à son modèle de développement fondé sur la corrélation entre l'économique et le social, continuera à prendre en charge une bonne partie du prix du pain de la farine, des pâtes, d'huile végétale, des carburants, du papier scolaire, des médicaments, du transport scolaires, des importations conjoncturelles ( viande blanche, œufs, pommes de terre…) L'objectif de la réforme consiste, pour l'essentiel, à maintenir le coût économique de la compensation pour le budget de l'Etat dans des proportions acceptables. Il s'agit de se rapprocher au maximum de la vérité des prix et de ramener, à l'horizon 2014, le coût de la compensation à 1,6% du PIB contre 2,4% en 2009 Le Premier ministre, M. Mohamed Ghannouchi a été clair, lors du débat parlementaire, le montant de la compensation est fixé, durant la période du plan ( 2010-2014), à 1500 millions de dinars tandis que le déficit budgétaire sera maintenu dans la limite de 2,7%. Ce qui signifie que tout dépassement des ces seuils sera résorbé par des ajustements des prix. Sans quoi, la compensation compromettrait le processus de développement du pays et sa stratégie de création d'emploi, de développement régional et de modernisation de l'infrastructure. Des mesures d'accompagnement seront prises, parallèlement, à cette réforme. L'accent sera mis sur la rationalisation de la consommation, la compression des dépenses publiques, la lutte contre le gaspillage, le renforcement du contrôle des circuits de distribution des produits compensés, le développement de la capacité du stockage du pays et retrait de la liste de compensation des produits dont les prix correspondent au coût de leur production. La Tunisie est un des rares pays du monde à maintenir encore un système de compensation des produits et services de base. Des pays comparateurs comme le Maroc et la Jordanie ont abandonné, soit d'un seul coup soit progressivement, la compensation pour beaucoup de ces produits. Il faut dire que pour la Tunisie, le coût économique de la compensation commence à peser lourd sur le budget de l'Etat tunisien. Ce coût augmente, particulièrement, en période de crises internationales. Et elles n'en manquent pas. En 2008, année marquée par la flambée sans précédent des cours mondiaux des matières premières et des produits céréaliers de base, le montant de la compensation a franchi la barre du milliard de dinars ( 1048 millions de dinars) L'Etat a pris en charge les augmentations des cours mondiaux et l'accroissement des facteurs de production internes ( augmentation du coût de l'énergie et majoration des salaires…) sans les faire répercuter sur les prix locaux. Le résultat est prévisible. La moyenne de compensation par individu a triplé, durant la période 2003-2009. Des chiffres qui font réfléchir. Des experts et parlementaires suggèrent une réflexion approfondie sur l'enjeu qu'il y a à affecter une partie du budget de la compensation à des fins d'équipement et de développement durable du pays d'autant que les montants engagés jusqu'ici ne servent qu'à financer des biens de consommation périssables. Le débat est ouvert.