Le Temps-Agences - Des dirigeants du monde entier convergeaient hier vers la station balnéaire ultra-sécurisée de Charm El-Cheikh en Egypte, pour une conférence cruciale sur la stabilisation de l'Irak, la première de cette envergure depuis l'invasion du pays en 2003. Les spéculations font rage sur un éventuel entretien entre les chefs des diplomaties américaine et iranienne, qui représenterait le premier à ce niveau entre les deux pays depuis 27 ans. La Syrie pourrait elle aussi se retrouver au centre de toutes les attentions, Washington n'ayant pas exclu une rencontre de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice avec son homologue syrien, Walid Mouallem. Alors qu'elle assurait encore dimanche que si elle parlait avec le ministre iranien des Affaires étrangères Manouhcher Mottaki ce ne serait que de l'Irak, Mme Rice a affirmé la veille de la conférence qu'elle était prête à répondre à "n'importe quelle question", y compris sur le programme nucléaire de l'Iran. "Notre position sur le dossier nucléaire est bien connue et je pense que les Iraniens la connaissent eux aussi", a-t-elle dans l'avion la conduisant en Egypte. "Mais il est évident que si nous nous rencontrons et si nous abordons d'autres sujets, je suis prête à les évoquer, au moins pour rappeler la politique américaine", a-t-elle ajouté. Mais Téhéran a quelque peu douché avant-hier les espoirs d'une telle rencontre. Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Mehdi Mostafavi, a en effet exclu "à ce stade" la possibilité d'un dialogue entre M. Mottaki et Mme Rice. Le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari, estime de son côté que "l'évolution des relations entre l'Iran, les Etats-Unis et l'Occident ont eu un effet négatif sur la situation en Irak". "Plus ils dialoguent ensemble, plus cela va contribuer au succès des efforts entrepris par le gouvernement irakien", avait-il déclaré, lors d'une visite à Téhéran la semaine dernière. La réunion de Charm El-Cheikh constitue la deuxième tentative de l'Irak d'obtenir de ses voisins des engagements contribuant à la stabilité du pays, après une première conférence le 10 mars à Bagdad. Mme Rice a prévenu les voisins de l'Irak qu'ils avaient "tout à perdre" s'ils n'usaient pas de leur influence pour stabiliser le pays. "Le message le plus important que je vais transmettre est qu'un Irak stable, unifié et démocratique sera le pilier de la stabilité au Moyen-Orient et qu'un Irak instable et qui ne serait pas un Irak pour tous sera une source d'instabilité pour la région", a-t-elle déclaré à des journalistes lors d'un escale en Irlande. Cette réunion de deux jours commence officiellement aujourd'hui avec le lancement du Contrat international d'objectifs pour l'Irak (ICI), un plan quinquennal destiné à restaurer l'économie irakienne. Demain, une rencontre restreinte consacrée essentiellement à la sécurité réunira les six pays voisins de l'Irak -- Iran, Jordanie, Koweït, Arabie saoudite, Syrie et Turquie -- plus Bahreïn, l'Egypte, la Ligue arabe, l'Organisation de la conférence islamique (OCI) et les Nations unies. Des ministres des Affaires étrangères et représentants d'une cinquantaine de pays sont attendus à cette conférence dans la station balnéaire de Charm El-Cheikh où des mesures de sécurité draconiennes étaient en place hier. Les forces de sécurité égyptiennes se sont déployées massivement autour du centre de conférences, tandis que les contrôles ont été renforcés aux abords de l'aéroport de Charm El-Cheikh, ville du Sinaï qui avait été frappée par des attentats meurtriers en juillet 2005.