Le Temps-Agences - Le Conseil de sécurité de l'Onu a adopté hier à l'unanimité une résolution imposant des sanctions à l'Iran dans le domaine du commerce des matériaux nucléaires sensibles et des missiles balistiques, en raison de la poursuite de son programme nucléaire. "Aujourd'hui, nous plaçons l'Iran dans le cercle très fermé des Etats visés par des sanctions du Conseil de sécurité", a déclaré l'ambassadeur provisoire des Etats-Unis à l'Onu, Alejandro Wolff, avant le vote des 15 membres du Conseil. L'ambassadeur de Russie, Vitali Tchourkine, qui a obtenu que le texte de la résolution soit édulcoré, a souligné que cette dernière n'autorisait pas le recours à la force. Les hésitations de Moscou quant au texte, en discussion depuis deux mois, ont été dissipées après une conversation téléphonique, hier, entre le président américain George Bush et son homologue russe Vladimir Poutine, qui a travaillé jusqu'au dernier moment sur la formulation. La Russie est en train de construire un réacteur à eau légère pour Téhéran, un projet de 800 millions de dollars qui n'est pas concerné par la résolution.
Mesures non militaires Cette dernière exige en revanche de Téhéran qu'il cesse d'enrichir de l'uranium et qu'il stoppe ses recherches dans ce domaine. Ce processus peut permettre de produire du combustible pour les centrales électriques, mais aussi des armes nucléaires. L'Iran doit aussi stopper ses activités de recherche et développement pour la fabrication des vecteurs d'armes atomiques ou des armes elles-mêmes. Le noyau dur des sanctions porte sur l'interdiction d'importer et d'exporter des matériaux et des technologies dangereux liés à l'enrichissement de l'uranium, le retraitement et les réacteurs à eau lourde, ainsi que les vecteurs de missiles balistiques. L'Iran a juré de poursuivre son programme nucléaire, dont il assure qu'il est exclusivement destiné à un usage civil. "La Russie considère cette résolution comme un sérieux message adressé à l'Iran concernant la nécessité de collaborer plus ouvertement et plus précisément avec l'AIEA pour dissiper et régler les dernières inquiétudes et problèmes relatifs à son programme nucléaire", a déclaré Tchourkine, faisant référence à l'Agence internationale de l'énergie atomique de l'Onu. La résolution fait référence à l'article 41 du chapitre 7 de la Charte de l'Onu, qui rend son application obligatoire mais limite les mesures punitives à des actions non militaires.
l'Iran menace de riposter Le Temps-Agences -L'Iran a menacé hier de riposter à une résolution de l'ONU en bloquant le travail des inspecteurs des Nations unies. Mais depuis des semaines, Téhéran multiplie les avertissements, répétant que rien ne l'arrêterait dans son programme nucléaire et menaçant de bloquer le travail sur le terrain des inspecteurs de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA). Un texte de loi permettant de bloquer ces inspections a déjà été adopté par les commissions de Sécurité nationale et des Affaires étrangères du Parlement. Le président du Parlement, Gholam Ali Hadad Adel, a assuré hier que le projet serait présenté aux députés en cas de vote de la résolution à l'ONU. "Si l'Iran fait l'objet de pressions, nous n'aurons pas d'autre choix que de porter ce projet devant le Parlement pour être débattu", a affirmé Hadad Adel à la télévision. Le Parlement iranien, largement dominé par les conservateurs, devrait alors en toute logique approuver le texte. "Si des efforts sont faits pour priver la nation iranienne de son droit inaliénable à se doter d'une technologie nucléaire pacifique, le Parlement ne renoncera pas à ce droit national", a prévenu le président du Parlement. Jusqu'à présent, l'Iran a continué à autoriser les inspecteurs de l'ONU à visiter ses sites nucléaires, comme l'usine d'enrichissement d'uranium près de la ville de Natanz, dans le centre du pays. Les grandes puissances occidentales craignent que l'Iran, sous couvert de nucléaire civil, ne cherche à se doter de l'arme atomique. Mais Téhéran, qui dément de telles intentions, reste ferme dans son intention de poursuivre son programme d'enrichissement d'uranium et a menacé de "représailles" en cas de sanctions. "La politique de coopération avec l'AIEA doit être revue au regard des mesures prises par le Conseil de sécurité", a réaffirmé hier Alaeddin Boroujerdi, le président de la commission de Sécurité nationale. "Non seulement cette résolution n'aura aucun effet, mais elle renforcera la détermination du parlement et du gouvernement à développer la technologie nucléaire", a-t-il assuré. Hier, un journal conservateur a appelé l'Iran à se retirer du TNP en cas d'adoption de sanctions. "Nos responsables doivent saisir cette occasion pour punir l'Occident et annoncer le retrait de l'Iran du TNP en cas d'adoption d'une résolution" contre Téhéran, a écrit le quotidien Kayhan à quelques heures du vote à New York.