Décidément le Sud de l'Italie semble avoir la cote auprès des cinéastes, et pas seulement les cinéastes locaux, si l'on peut taxer de cinéaste local un Guiseppe Tornatore reconnu universellement, et dont le dernier opus en date : « Baaria », offre un hommage émouvant et particulièrement fort à sa terre d'origine, à travers une fresque s'étendant sur trois générations, sorte de radioscopie d'un pays qui aura connu bien des bouleversements, et auquel on ne peut que s'attacher. Avec en outre de très beaux moments de cinéma. Ce qui ne gâche rien à l'affaire. Le 31 juillet à l'ouverture des Rencontres Cinématographiques de Hergla, l'Italie sera donc encore une fois à l'honneur, à travers un documentaire en 3D, réalisé par Wim Wenders. Grâce à une initiative du Goethe Institut (Tunis) en coopération avec l'Association Culturelle Afrique-Méditerranée. Le cinéaste allemand s'y est intéressé de très près à un petit village de Calabre –Riace- dans le Sud de l'Italie, en ayant eu au préalable, le projet d'y tourner un court-métrage de fiction sur la migration dans la ville de Badolato. Avant de changer d'avis après avoir été emballé par l'histoire de Riace, désertée par ses habitants, et repeuplée dans une large mesure par des immigrants issus de diverses latitudes, grâce à l'initiative particulièrement intelligente du maire de la ville –Domenico Lucano-, qui a travaillé avec le HCR ( Haut Commissariat pour les Réfugiés) pour faire aboutir son idée. A savoir que l'immigration pouvait être une carte positive, et un enjeu capital pour l'essor économique d'une société qui conçoit l'intégration comme un apport des plus bénéfiques. Et le brassage des cultures comme une richesse en plus. Et pas des moindres. A l'heure où les vieux démons du fascisme, exacerbés par un nationalisme de bas-étage, jettent un froid sur une Italie qui a bien d'autres chats à fouetter, et dont le Sud a du mal à en découdre, et à trouver fut-ce un semblant d'équilibre avec le Nord, « Il Volo » (Le vol) de Wim Wenders, docu/fiction de 32 minutes, prend à contre-pied le phénomène de l'immigration clandestine, en montrant au passage que cette immigration justement pouvait être une réponse aux maux d'une société en crise, et non pas une épine dans le pied comme s'ingénient à le démontrer des politiques, qui préfèrent lui faire endosser toutes leurs erreurs de parcours, plutôt que d'affronter les vrais problèmes. Comme le précise la note d'intention, « (ce) film est un document sur une forme d'hospitalité qui a commencé il y a dix ans lorsqu'un groupe de réfugiés Kurdes débarquèrent sur les côtes de la Calabre, au village de Riace… ». Une manière de rappeler par ces temps incertains, que la solidarité entre humains, qui prend en compte l'humanité en eux et non pas leurs origines, est le meilleur garant à une intégration réussie, générant de la vitalité et du dynamisme dans le pays d'accueil, s'il n'y a pas stigmatisation et rejet. C'est malheureusement le cas le plus souvent… Sauf exception.