Qu'il chante assis ou debout, Sabah Fakhri a toujours brillé par sa présence sur scène et surtout, par sa voix toujours puissante et inébranlable. L'amphithéâtre antique de Carthage était ce mardi 27 juillet archibondé à telle enseigne que bon nombre de gens étaient obligés de passer la soirée debout pour ne pas rater cette occasion si rare. L'artiste, ponctuel au rendez-vous, parut sur scène exactement à l'heure prévue (22h) pour la quitter vers minuit et demie. Pendant plus de deux heures, Sabah Fakhri a fait vibrer l'amphithéâtre romain par ses « Mawawil », « mouwachahat », « makamet » et « quoudoud ». Plus d'une quinzaine de chansons ont été interprétées d'affilée et sans interruption, quoique le public ait pu remarquer quelques signes de fatigue sur l'artiste lors de l'exécution des toutes premières chansons. C'est l'effet de l'âge, dira-t-on ! Assis sur une chaise, l'artiste a pu achever son concert jusqu'au bout sans souci en créant une ambiance très chaleureuse parmi les mélomanes férus de musique classique et du « tarab » qui, à leur tour, ont maintenu une profonde affinité avec l'artiste qu'ils ont applaudi jusqu'à la dernière chanson de la soirée. Vêtu d'une djebba tunisienne, ce grand ténor de la chanson arabe se présenta sur scène sous une salve d'applaudissements et entama la soirée en exprimant sa joie de se retrouver encore une fois en Tunisie, sur les planches du théâtre de Carthage. Il fut accompagné d'une troupe musicale totalement orientale constituée de 15 instrumentistes (8 violonistes, 2 violoncellistes, 1 luthiste, 1joueur de kanoun et 3 percussionnistes) et d'une chorale formée de 6 personnes. Un « makam » et deux « Mouwachahet », dont l'une est composée par notre musicien Salah El Mehdi, servirent de préambule à ce concert et furent longuement applaudis par le public. Pendant ces trois premières chansons, Il dirigeait son orchestre avec une exemplaire sobriété gestuelle en exécutant de temps à autre ces petits mouvements de danse qui lui sont tout à fait particuliers et qui arrachaient à chaque fois des cris et des démonstrations de joie de la part des spectateurs. Mais cela ne dura pas longtemps car le chanteur a dû passer la deuxième partie de la soirée, assis sur une chaise. Ce furent pourtant les moments forts du concert. Il enchaîna avec ses chansons les plus populaires apprises par cœur par le public tunisien. De « Ya chedi Alhane », à « Ya tir Ya tir ya hamama » jusqu'à « Malik ya hilwa malek » et « Yamal echam » en passant par « Sibouni ya ness fi hali » et « Foug Ennakhel ». Le clou de la soirée fut la fameuse chanson « addouka el mayess » qui enfiévra l'ambiance dans l'amphithéâtre. Le public était au comble de sa frénésie quand l'artiste chanta « Kol lil Maliha » qu'il a assaisonnée de ses prestigieuses improvisations qui ont extrêmement enthousiasmé la foule. Il finit par un « kassid » produit récemment « khamratou el hon iskiniha » qui fut très apprécié du public.