S'inscrivant dans le cadre de la 48ème édition du Festival International qui a démarré le 27 juillet pour se poursuivre jusqu'au 17 août, Tabarka Jazz 2010 se tiendra du 5 au 8 août sous l'égide du ministère du tourisme qui a subventionné la présente édition. Comme l'a expliqué M. Jamel Ennasri, directeur du festival au cours d'une conférence de presse qui s'est tenue dans la matinée d'hier dans un hôtel de la capitale. Après un appel d'offres non abouti, le ministère du tourisme avait pris l'initiative de proposer au festival, l'organisation de « Jazz 2010 », dans l'objectif de restituer son lustre d'antan à une région qui dans les années 70 drainaient déjà les plus grands noms et accueillaient avec faste des artistes de très haute facture, avant de connaître quelques creux de la vague. Pour cette année donc, un plateau de choix a été préparé, avec deux têtes d'affiche de renommée internationale : Stefano Di Battista et Roy Ayers, lesquels se produiront les 6 et 7 août, et feront nul doute le bonheur des mélomanes et des fanatiques du genre dans le cadre de soirées In, tandis que quatre autres soirées off permettront une dégustation spéciale pour les palais les plus raffinés. Histoire de « ne pas bronzer idiot » dans l'esprit du fameux slogan inventé dans les années 70, dans la foulée du festival créé alors par le jeune Lotfi Belhassine, particulièrement bien inspiré. Un défi de taille à relever, et une gageure, lorsqu'on sait qu'il a fallu très vite mettre les bouchées doubles pour l'organisation de cette édition, ce qui est loin d'être évident lorsque l'on sait qu'un artiste de renom a toujours un calendrier bien chargé, et qu'il faut vraiment avoir beaucoup de chance pour arriver à le convaincre de faire partie de l'aventure. Saxophoniste virtuose, Altiste tout feu tout flamme, Stefano Di Battista était déjà confirmé comme l'un des artistes les plus reconnus de France dans les années 90. D'origine italienne, il touche au saxo à l'âge de treize ans à Rome, et tombe dans le jazz comme Obélix dans la potion magique après avoir entendu les disques d'un Art Pepper et d'un Cannonball Adderley. Et la navé va. Formation académique, rencontre déterminante avec Massimo Urbani, saxophoniste alto italien, et une interprétation des plus heureuses au festival de Calvi en 1992, suite à laquelle Stefano Di Battista va à la conquête de Paris. Et n'est pas déçu. Son quartet avec Eric Legnini (pianiste), Rosario Bonaccorso (contrebassiste) et Benjamin Henocq (batteur) fonctionne à merveille. Idem son expérience en studio avec Elvin Jones. Ses figures tutélaires, à l'égal de John Coltrane ou de Charlie Parker pour ne citer qu'eux, tout comme ses racines romaines auxquelles il ne manque pas de rendre hommage, notamment en 2003 avec l'album « Round About Roma », ainsi que son talent flamboyant, contribuent à faire de ce saxophoniste alto, l'un des musiciens les plus appréciés de son temps. Et ce n'est pas le public de Tabarka qui s'en plaindra. Pour Roy Ayers, chanteur et vibraphoniste américain, la musique est d'emblée une affaire de famille. Une mère pianiste et un père tromboniste le prédisposent à mettre le pied dans l'étrier très vite. Cal Tjader et Milt Jackson l'inspirent ; et en 1963, Roy Ayers joue en compagnie de Hampton Hawes. En 1966, Roy se joint, sur les conseils de Reggie Workman, à une jam session avec Herbie Mann au Lighthouse Club de Hermosa Beach, et sera de la partie pour le célébrissime « Memphis Underground ». En 1970, une fois installé à New York, son groupe est formé d'un florilège de musiciens de très grand calibre, à l'instar de Sonny Fortune, Billy Cobham, Harry Whitaker… et nous en passons. Il signe un disque avec Fela dans les années 80 : « Music of many colors », un afro-beat des plus chaloupant, tandis que les années 90 viennent conforter définitivement sa légende. Dernier album en date sorti en 2004 : « Mahogany Vibe » a fait sensation. De quoi mettre l'eau à la bouche à ses aficionados et aussi à ceux qui se presseront pour l'applaudir le 7 août à Tabarka…