22h00 : la voix de Jihène Turki annonce le programme. Il s'agit de deux artistes tunisiens aux univers et aux parcours très différents. Deux jeunes chanteurs dont l'un, Jasser Haj Youssef, explore plus volontiers les arcanes du jazz alors que l'autre, Jawhar Basti, accompagné de sa guitare acoustique, s'inscrit dans un courant folk. Le public n'était pas au rendez-vous. Mais certains mélomanes étaient présents. « Ce n'est pas de notre faute si le public ne vient pas. Le centre est ouvert à tous nos créateurs et là faut-il penser à supputer ce que veut notre public. Toute une étude à faire sur ses attentes » avoue Lassad Ben Abdallah directeur du festival d'Hammamet. Bref, passons à cette soirée tunisienne qui commençait avec le jeune violoniste Jasser Hadj Youssef. 22h10, les projecteurs du théâtre s'allument, éclairent bon nombre d'instruments annonçant le renouveau musical d'ores et déjà empreint dans la musique de Jasser. Piano, contrebasse, violon et batterie égaieront cette fraîche nuit d'Hammamet. L'assistance composée essentiellement des proches de l'artiste a beaucoup apprécié cette musique épurée de tout tapage sonore. Les notes étaient claires et chaque instrument était audible d'où une exécution équilibrée œuvre de virtuoses confirmés. Jasser, ce grand violoniste a donné le meilleur de lui-même en se baladant à travers les quatre saisons. Des morceaux comme « Bach » « Saba » « Seven » Broad » « Twareg » superbement interprétés par ces musiciens virtuoses ont ravi le public de Hammamet. Ces virtuoses ont su concocter un répertoire riche, dont la musique allie puissance et légèreté tout en puisant dans le traditionnel et la civilisation orientale, indienne et turque.Le public ravi essaie de vivre cette atmosphère et par la même découvrir un nouveau style musical, qui de nos jours demande à être plus connu dans nos cultures. Chaque note raconte une histoire. Les touches du violoniste Jasser expriment des tableaux multicolores, une sensibilité et des couleurs d'ici et d'ailleurs avec des influences parfois mystiques appréciées par l'assistance. Des envolées en compagnie du pianiste Alexandre Millet, du batteur Arnaud Dolmen, du contre bassiste Marc Buronfosse et du violoniste Jasser , une parfaite symbiose entre le groupe et le public. Un bon produit, une bonne matière. Ce jeune musicologue tunisien a privilégié l'authenticité et la diversité offrant à son public un bon récital. Ce fut une soirée musicale pleine de belles mélodies, du rythme d'amour et de sensibilité. Le concert continua avec Jawhar Basti qui s'accompagne à la guitare acoustique. Son folk est mâtiné d'accents jazzy, orientaux et africains. Avec de très belles compositions, très épurées, Jawhar nous entraîne dans un univers parfois mélancolique, souvent sensuel et toujours pudique sur une partition d'un grand raffinement que viennent ponctuer avec sobriété les musiciens qui l'accompagnent. La musique de son orchestre comme les paroles de ses chansons sont d'une grande simplicité. A l'aise, rayonnant et souriant, Jawhar a compris que le chant aujourd'hui est davantage, des émotions, des sentiments. Il invita ses fans à déguster ses nouveaux tubes « El Aicha Ckaier » « Idha Ellil Ohkom » « Ana Machi » Des chansons originales sur des textes qui font du bien là où ça fait mal… avec, en plus, cette surprise de la jeune chanteuse Anissa Daoud qui interpréta « Ichbina » en duo avec Jawhar .Le public emballé a tenu à saluer aussi les musiciens et leurs prouesses par des bravos et des applaudissements notamment le chef d'orchestre, le pianiste Med Ali Kammoun, le guitariste Hamza Zeramdini et le batteur Nefaa Allem. Faire vibrer l'assistance, c'est la recette avérée toujours gagnante de Jawhar qui chantait ce soir aussi en anglais ses derniers succès devant ses fans qui ne pouvaient qu'être ravis, tant les sonorités et les chants s'accordaient à merveille.