Nous n'attendions ni monts ni merveilles de cette soirée d'ouverture sans éclat et dans son ensemble sans saveur. D'ouverture, il n'y en eut point pour tout dire. Nulle solennité, pas d'invités exceptionnels non plus, aucun mot de bienvenue à l'adresse du public et personne parmi les organisateurs ne donnait l'impression que la réussite de la soirée lui importait plus qu'autre chose. Parmi les organisateurs du Festival de la Médina, on attachait du prix prioritairement aux interviews à accorder sur tout et n'importe quoi à telle ou telle station locale de radio ou de télévision. Quant au spectacle offert dimanche soir, aux quelque 200 spectateurs qui y ont assisté munis pour la plupart d'invitations, il ne différait presque en rien d'un concert tunisien pour soirées ordinaires. L'ensemble de Kamel Ferjani comprenait des éléments très brillants, un ou deux virtuoses (nous pensons en particulier à Sami Klibien le violoniste qui a hérité du génie et de la générosité de feu Ridha Kalai dont il est pour le moment le seul digne successeur). Les voix de Rihab Sghaier et de Mounir Mahdi étaient irréprochables et bien meilleures que celles des pseudo-chanteurs et chanteuses tunisiennes et arabes adulés par notre public. Mais tout cela, nous le savions avant d'assister à ce concert qui, soulignons-le, ne tint pas toutes ses promesses. Baptisé « Ya Farhet Eddonia », il ne suscita cette joie de vivre parmi le public que par très rares intermittences. Les artistes des années 60 et 70 qui devaient y prendre part (Soulef et Mohamed Ahmed, selon le guide du festival) ne montèrent pas sur scène et nous doutons même qu'ils aient été de la « fête ». Nous ne vîmes pas non plus les jeunes talents Hela Melki et Raouf Maher. Les chants interprétés dataient du temps de nos plus anciennes gloires musicales, toutes disparues, si bien que la soirée d'ouverture se transforma en hommage nostalgique à la mémoire de Saliha, Fathia Khairi, Hédi Jouini, Ali Riahi et Tahar Gharsa. A noter d'autre part que le morceau joué en solo par le pianiste de la troupe au début du spectacle était dédié à un autre regretté de la musique tunisienne, en l'occurrence Ahmed Kalai. Cet énième « fark » en musique peina donc à accrocher l'assistance déjà peu nombreuse et presque apathique à cause sans doute du repas copieux de Ramadan qu'elle était venue digérer au théâtre municipal. Il fallait en tout cas beaucoup plus que les rythmes entraînants des chansons interprétées et que les voix de Mounir et Rihab pour aider ce public à assimiler son riche dîner. A notre avis, une promenade sur l'avenue Bourguiba et un thé vert servi à la menthe sur la terrasse de l'un de ses nombreux cafés auraient eu dimanche soir un meilleur effet sur lui que cette décevante soirée d'ouverture. A oublier au plus vite ! Badreddine BEN HENDA ----------------------- Les à-côtés *La soirée commença avec un léger retard de 10 minutes et se poursuivit jusqu'à minuit moins dix. *L'orchestre de Kamel Ferjani était composé de 16 musiciens parmi lesquels se distinguèrent à tour de rôle dans leurs solos respectifs le pianiste, le flûtiste, le violoniste Klibi et bien évidemment le luthiste Kamel Ferjani qui dirigeait le groupe. *Rihab Sghaier semblait légèrement enrhumée. Elle toussotait en permanence. Mais son état de santé ne l'empêcha pas de chanter merveilleusement bien durant la deuxième partie du spectacle qu'il lui revenait d'animer. * Les appareils de climatisation eux n'étaient pas au top de leur forme et ne contribuèrent pas à rafraîchir l'intérieur du théâtre. Qu'en sera-t-il de ces engins pendant les soirées où l'espace affichera complet ? *Comme à l'accoutumée, on bougea un peu trop entre les travées du parterre et les retardataires ne se gênèrent pas le moins du monde pour déranger les spectateurs qui les ont devancés. A noter aussi que le public de la soirée comptait pas mal d'enfants (parfois en tenue de plage !) pour qui visiblement le concert tenait lieu de véritable supplice ! *Les journalistes de la presse écrite ont-ils boycotté la soirée d'ouverture de la 28ème édition du Festival de la Médina ? En tout cas, nous n'en avons croisé que très peu dans le parterre du théâtre municipal. Difficile de croire qu'ils aient préféré d'aller applaudir le ballet turc à Carthage ou Slah Mosbeh à Hammamet!