Apparemment, les deux larrons, protagonistes de la présente affaire, avaient préparé leur « mission » bien avant l'arrivée du mois saint, ce qui explique naturellement qu'ils l'ont entamée dès le premier jour, frappant d'entrée dans une zone, du côté de l'Ariana en l'occurrence, qu'ils croyaient propice et bien indiquée pour leur permettre de manœuvrer en toute quiétude et dans une sérénité absolue. Ils ont oublié, manifestement, que le chemin tortueux de la délinquance et du crime, aussi organisé soit-il, est court. Très court, même ! En tout cas, au moment de leur arrestation, les deux jeunes gens n'ont pas manqué de tout avouer et de vider spontanément leur sac, relatant les faits selon leur enchaînement chronologique. Selon leur déposition, l'idée de s'attaquer aux deux demeures visitées successivement aurait germé dans leurs têtes quelques jours seulement avant le mois saint, s'y préparant en effectuant le premier jour le guet de deux maisons limitrophes. C'était, d'ailleurs, le premier pas effectué pour se munir des meilleures conditions de réussite, mais surtout de noter les habitudes des maîtres de céans et de tous les occupants des deux demeures. C'est ainsi qu'ils sont revenus le lendemain, munis du « matériel de travail », entrant bien évidemment en service au moment où les occupants de la première demeure étaient attablés devant les multiples mets soigneusement préparés à l'avance, en attendant l'instant magique de la prière, donc de la rupture du jeûne. Ils pouvaient ainsi profiter d'assez de temps, d'autant que les familles tunisiennes ont pratiquement acquis depuis bien longtemps cette fâcheuse habitude de rompre le jeûne et de regarder successivement les nombreux feuilletons projetés sur le petit écran. Aussi, n'ont-ils trouvé aucune peine afin de s'emparer de certains objets de valeur, entre autres les bijoux de la maîtresse de céans et un portable, avant de quitter les lieux sans coup férir. Ce n'est que beaucoup plus tard que cette dernière allait découvrir son infortune, s'empressant dès lors de signaler le vol, et tenant dans la foulée de porter plainte à l'encontre du (ou des) malfaiteur. Les enquêteurs ont accordé à l'affaire un intérêt particulier, et leur expérience aidant vont déjouer le plan des deux criminels ; en l'anticipant pratiquement, à vrai dire. Car les deux individus ont cru bien faire en s'attaquant successivement à deux demeures de la même localité, adjacentes pour ainsi dire. Pour eux, personne n'aurait eu l'idée d'agir de la sorte. Ce qui allait toutefois précipiter leur perte, puisque les enquêteurs ont mis en place un traquenard dans lequel ils allaient foncer aveuglément, croyant agir tranquillement comme au premier jour. Ils ont compté en effet sans la dextérité des agents, qui les ont cueillis aisément, avant de les embarquer et les amener dans leurs locaux pour l'interrogatoire d'usage, où ils ont été acculés à avouer sans détour leurs forfaits. D'après cet interrogatoire, il s'est avéré qu'ils ne sont pas à leur première expérience du genre, mais bel et bien des repris de justice, ayant connu déjà les affres de la détention dans une cellule. Cette fois encore, ils y seront pour un bon bout de temps…