Chez nous, ramadan rime avec consommation. On consomme jusqu'à la boulimie. On consomme produits alimentaires, produits télévisés, produits ménagers, bref tout ce qui est bon à consommer. C'est que le Tunisien est un bon consommateur, un bon viveur dirait-on. Seulement voilà, la majorité écrasante – sinon la totalité- des établissements de restauration, en l'occurrence ce qu'on appelle communément les salons de thé ont transformé ce constat en une véritable manne commerciale. Comment ? Faites une virée à la banlieue nord de Tunis, vous serez étonné de la prolifération des établissements émergeant comme des champignons. Différents décors, différentes appellations, menus relativement différents. Seul point commun : la qualité du service. Et qu'entend-on par qualité de service ? Car il ne s'agit là pas seulement du sourire du serveur d'ailleurs constamment aux abonnés absents, ou du temps d'attente pour être servi. Il s'agit, en tête de ligne, de l'obligation de consommer à des prix exorbitants. Nous avons fait un petit tour des lieux pour se faire notre propre idée. Voici un topo. Il est connu qu'en Tunisie le service offert aux clients dans ce genre d'établissement laisse le plus souvent à désirer. Et le client, n'ayant pas trop le choix et surtout s'y est habitué à tel schéma, se laisse faire. Cette attitude passive a ouvert une brèche pour les propriétaires de ces lieux pour installer un véritable système d'arnaque. Objectif : se faire le plus de bénéfices sur le dos du client. Les prix doublent, et alors ? Première destination : la banlieue nord : le lac. L'établissement est plutôt nouveau. Rien de plus normal comme décoration et aménagement d'espace : des tables et des chaises et le tour est joué. Et c'est une chance si vous réussissez à trouver une place avec toute la clientèle qui prend d'assaut les lieux. Mais il ne faut pas s'étonner, c'est le même tableau dans pratiquement tous les établissements. Une fois pris place et le menu entre les mains : première surprise, désagréable cependant : les prix ont quasiment doublé : celui du simple café est passé en moyenne de 1d,5 à 2d,7 ; celui du thé à la menthe est passé en moyenne de 1d à 2d. Et le prix d'une chicha passe de 5d à 12d. Principale raison : le droit du spectacle (un orchestre avec chanteur) est compris dans les prix. Bien sûr le doublement des prix n'est pas la seule arnaque au menu du jour. Car non seulement on vous oblige à vider vos poches sur la table mais aussi à encaisser en retour la qualité d'une médiocrité du service : pour avoir un café turc, il nous a fallu attendre une demi-heure, quant au fondant au chocolat que nous avons commandé nous avons eu une bonne quinzaine de minutes d'attente pour être servis : « désolé mais la préparation du fondant au chocolat prend beaucoup de temps et nous n'avons pas suffisamment le temps pour vous le faire. » Deuxième destination : une soirée dans un hôtel de renommée à Gammarth. L'établissement organise une soirée animée par un chanteur des plus convoités de la place. Voici le service offert selon les managers : 10d de droit de spectacle et 10d de consommation. Bien mais que comporte la consommation ? Quand nous avons posé la question, nous avons obtenu la réponse suivante : « vous avez droit à une tasse de café turc ou un verre de thé à la menthe, plus une bouteille d'eau minérale, plus une assiette de gâteaux tunisiens. » Jusqu'à présent, tout est convenant. Une fois installé à table, c'est l'appel à l'arnaque : la tasse de café nous a été servie comme par faveur, nous avons dû partager une assiette de gâteaux par trois personnes et une seule bouteille d'eau. Et pour se désengager d'une telle prestation, quoi de mieux et de plus convaincant comme excuse que de dire : « je suis nouveau ici et je ne connais pas encore le système. » Les clients : de parfaits pigeons A chacune de nos destinations, nous nous sommes résignés à accepter les conditions que nous ont imposées les serveurs qui ne sont que les haut-parleurs de leurs patrons. Et le fait est que nous ne sommes pas les seuls : tous les clients acceptent sans rechigner ni protester contre de telles pratiques qui -rappelons le- ne sont pas légales. Le Tunisien, de condition moyenne, peut-il se permettre des consommations à prix inconcevables pendant quasiment trente jours ? Et quand bien même ce serait le cas, la problématique est loin d'être la seule question de moyens. C'est par-dessus tout, une question de principe : pourquoi accepter de se faire arnaquer de la sorte, pourquoi accepter d'être le pigeon de ces établissements en leur permettant de générer des bénéfices colossaux ? En fait, on peut lire parfaitement clair dans cette attitude : le Tunisien ne veut pas se prendre la tête à réclamer son droit, à réagir contre ces pratiques illicites, et imposer son avis puisque c'est lui le client et fut un temps où l'on clamait : le client est roi. Roi oui mais dans le royaume de l'arnaque et de la duperie. Il existe en Tunisie ce qu'on appelle l'Organisation de Défense du Consommateur. Cette instance est censée défendre les droits du consommateur et le protéger contre toutes sortes d'arnaque liées à la consommation. Il suffit- selon le principe de l'organisme- d'attirer l'attention de l'autorité sur une fraude ou une arnaque commise par l'établissement en question. D'après le constat que nous avons établi, il faudrait bien plus qu'un organisme public pour pouvoir contrer les pratiques illégales et réprimer les propriétaires des établissements s'y adonnant. Et cela bien que la sentence ne peut faire lieu d'arme efficace dans cette guerre interminable. Car voyez-vous c'est une affaire de mentalité : les patrons des établissements prennet un malin plaisir à se faire de l'argent facile, les clients ne s'opposent pas à l'arnaque et préfèrent s'amuser. Nadya B'CHIR
Avatar(s) de la 3e dimension Avatar le film événement de James Cameroun n'a pas tardé à débarquer en Tunisie. Après les salles de cinéma, Nescafé a voulu créer l'événement en proposant deux projections pendant deux soirées à l'amphithéâtre de Carthage et ce, dans le cadre de son événement culturel « Cinéscafé ». Et voilà ce que Nescafé a promis au public : « Pour la première fois en Tunisie sur un écran géant (16m x 7m), Nescafé présente le film événement : Avatar en 3 dimen-sions, dernière génération à l'amphithéâtre de Carthage le mer-credi 25 et le jeudi 26 août 2010 à partir de 22 h. » Et voici à quoi a eu droit le public la soirée du 25 août : Un amphithéâtre qui bat son plein et plus aucune place de libre, bon nombre de spectateurs ont dû soit se mettre debout à l'extrémité soit quitter les lieux, un retard accusé pour la projec-tion du film, et cerise sur la gâteau : un film en 3D sans la 3D. Quelqu'un de l'équipe technique a dû se présenter sur la scène pour annoncer un « problème technique » qui empêche la projection en 3D. Pas d'écran gigantesque de trois fois plus grand que celui d'une salle de cinéma, pas de lunelles spéciales 3D, rien de tout cela. Résultats des courses : une partie du public n'ayant pas voulu adhérer à l'arnaque ont quitté presto illico les lieux criant au tollé. Une autre partie ayant daigné rester s'est adonné au bavardage et autres activités. El enfin une dernière partie ayant tout de même voulu s'accrocher en regardant le film dans ces conditions aussi précaires malgré tout. Au passage, le comité d'organisation a promis une entrée gratuite au film « Le choc des titans » toujours en 3D à tous ceux qui ont gardé leurs billets du film Avatar. C'est à se demander si un jour on mettra fin à toutes ces promesses en vent et surtout si un jour on verra le Tunisien en consommateur averti réagir de manière citoyenne contre cet état de fait !