Il y a une quinzaine de jours, le comédien Jaafar Guesmi perdit connaissance sur scène en jouant son one man show «Ettounsi.com». C'était lors d'une soirée du Festival de Monastir. Transporté d'urgence dans une clinique de la ville, il y subit les examens nécessaires et reçut les soins urgents. Finalement, le malaise dû à une hypoglycémie soudaine mais compréhensible passa et Jaafar se produisit deux jours plus tard sur la même scène qui l'a vu défaillir. Là n'est malheureusement pas l'essentiel de notre propos. Car pendant que l'artiste évanoui était entre les mains des médecins et que ses compagnons, amis et proches s'alarmaient sur sa santé, des plaisantins de fins de série, dont l'humour bas de gamme n'est même pas digne des étals du marché parallèle, se répandirent en commentaires railleurs du genre «Jaafar avait le débit faible», «Jaafar a perdu la connexion», «C'est la faute au réseau» ! «Jaafar s'est débranché». La présentatrice d'une chaîne privée crut intelligent à son tour d'exploiter la vanne électronique et s'en donna à cœur joie en interrogeant les spectateurs sur leurs réactions immédiatement après l'interruption du spectacle. Lorsqu'il apprit ce qui s'était passé sur Face book et à la télé, Guesmi en fut ulcéré et jusqu'à mardi dernier, il en voulait encore aux mauvais farceurs. Le grotesque ne tue pas Tout récemment et suite à l'attaque cardiaque dont Lamine Nahdi fut victime en début de semaine, les mauvaises langues, qui ratent souvent les meilleures occasions de se taire, se délièrent et débitèrent les réflexions les plus fantaisistes et les plus malveillantes : on affirma entre autres que Lamine et Dhouib avaient monté cette «comédie» pour promouvoir la représentation de Mekki et Zakia, programmée à Carthage pour le 24 août dernier. Or, le meilleur comique tunisien faillit y passer et dut subir une opération chirurgicale des plus délicates et des plus coûteuses pour surmonter sa crise. Une «mise en scène» aussi dramatique et si chère à réaliser était-elle si nécessaire aux deux compères les plus célèbres du pays pour réussir leur «come back» ! Quelle débilité ! Quelle mesquinerie ! C'est dommage que l'on soit à contre cœur amené à évoquer des élucubrations idiotes et éhontées du genre qui a couru et prospéré après le malaise de Jaafar et l'attaque de Lamine. Parce qu'à dire vrai, il aurait mieux valu opposer le silence altier des grands aux insanités des envieux. Mais que voulez-vous, notre haut-le-cœur ne supportait pas d'être plus longtemps réprimé tant le méfait des vilains importuns était impardonnable. Toujours est-il que nous sommes tristes, peinés, chagrinés beaucoup plus par la persistance, dans notre société aux mille valeurs nobles et en ce mois de la fraternité et de la concorde, de consciences malhonnêtes dont l'insidieuse malfaisance ne chôme même pas devant les cas de maladie ou de décès, que par les dures épreuves qu'ont subies nos deux vedettes du VIème art, de la télé et du cinéma ! Ainsi va le monde, hélas ! Peut-être Jaafar et Lamine l'ont-ils bien compris en jouant leurs pièces : le théâtre de la vie dont ils s'inspirent fait rire aux larmes quelquefois et souvent donne envie de pleurer !