Il y a ceux qui racontent des salades et ceux qui les mangent. Ceux qui les racontent, ce sont les marchands de fruits et légumes, afin d'endormir la méfiance de leurs clients… Vendues entre 600 et 850 Millimes pièce, ces salades flétrissent et se fanent bien vite sous les rayons d'un soleil sans pitié, malgré l'arrosage intensif du marchand pour leur donner des couleurs. Elles sont d'ailleurs peu courues par la clientèle moyenne, éreintée par les prix qui montent et leur moral qui baisse. C'est d'ailleurs la seule chose qui baisse chez la ménagère en ce moment, car les salades et les légumes constituent l'alimentation de base des couches sociales les plus modestes. Les viandes, le poisson, on oublie. Les fruits, les fromages, les yaourts, on passe son chemin en faisant semblant de ne pas les voir, en application du proverbe tunisien « œil qui ne voit pas, cœur tranquille». Les légumes donc : les tomates et les oignons restent accessibles à 480 Millimes le kilo, les pommes de terre ne varient pas : toujours à 700 millimes, les piments sont assez piquants dans tous les sens du mot, oscillant entre 600 et 980 Millimes le kilo, les courgettes atteignent 750, tandis que les radis plafonnent à 980. Seul le persil reste à 400 Millimes et c'est d'ailleurs le seul dont le prix reste stable toute l'année « car sa culture est facile et chaque carré cultivé peut être coupé plusieurs fois », explique un marchand qui a été agriculteur, avant d'être attiré par les lumières de la ville. Idem pour ses semblables les blettes et autres légumes à feuilles vertes. Petit détail qui vous aura échappé : tous ces légumes ne sont que des composants dans une marmite et ne constituent pas un repas complet et équilibré. Il faut leur ajouter d'autres ingrédients comme de la viande, des pâtes, des féculents… Bref rien que des trucs qui coûtent cher, très cher… Et là, vous pouvez raconter des salades, ça ne marchera jamais !