L'ouverture économique en Chine a été inaugurée il y a trente ans par la création de la zone économique spéciale (ZES) dans la région de Shenzhen. Depuis, l'empire du Milieu a fait sa révolution économique dont il tire aujourd'hui les dividendes avec la vertigineuse croissance qu'il connaît. A Shenzhen le Premier ministre chinois Wen Jiabao a fait une déclaration qui a un peu hérissé le poil des conservateurs du parti communiste chinois, estimant que « si aucune réforme du système politique n'est assurée, les résultats de la réforme économique seront anéantis… Nous devons résoudre le problème de concentration excessive du pouvoir, créer des conditions permettant au peuple de critiquer et de contrôler le gouvernement » a ajouté le dirigeant chinois qui semble avoir bien préparé son coup pour la plus grande couverture médiatique. Ce jour-là le Premier ministre Wen Jiabao était à Shenzhen pour célébrer le 30e anniversaire de la ZES. Des considérations hautement politiques, propres à ce pays sont derrière le choix du lieu et du moment. Le Premier ministre a choisi la symbolique pour marquer les esprits et pour aussi et surtout rappeler que si la Chine est aujourd'hui ce qu'elle est sur le plan économique, c'est grâce à la politique d'ouverture initiée par Dengxiaoping qui a bien débuté dans cette zone. Ce message est surtout adressé aux tendants de la ligne dure du parti communiste qui le tiennent d'une main de fer refusant toute réforme allant dans le sens d'une ouverture politique permettant sa démocratisation. L'avertissement de Wen Jiabao aux conservateurs est à peine voilé d'autant qu'en 2007 et lors du dernier congrès du parti on a prôné une certaine ouverture, mais la promesse ne fût pas tenue notamment en ce qui concerne l'élection des représentants locaux du parti par ailleurs et là où le symbole brille de tout son éclat. La promesse de créer des zones politiques spéciales dans les régions économiquement avancées est restée lettre morte. Pourtant la Chine n'a pu sortir de son sous développement économique pour devenir la seconde puissance derrière les Etats-Unis que grâce à l'expérimentation des zones économiques spéciales. Et comme si le Premier ministre a voulu le leur rappeler pour les secouer davantage en prévision du Congrès du parti prévu pour 2012. Cela atteste – si besoin est – que dans l'empire du Milieu les choses ne sont pas statiques et que bien des changements sont à attendre avec la nouvelle génération issue du boom économique et dont l'idéologie est le dernier de ses soucis. Mais cela prouve aussi qu'au sein du parti communiste, le temps du suivisme est bel et bien révolu et que l'on peut afficher sa différence par rapport à la ligne officielle. C'est le sens du discours de Wen Jiabao, qui tire une certaine immunité de sa très grande popularité dans le pays et qui semble décidé à aller de l'avant pour que des réformes politiques puissent voir le jour après avoir réussi sur le plan économique. Cela ne changera pas de sitôt, mais les promesses d'une Chine plus ouverte politiquement et démocratique sont réelles. Certains analystes estiment que la génération qui gouverne le pays actuellement est conservatrice et il faudra attendre les années 2020 « pour voir des réformes démocratiques ». Mais pour ce faire il faudra plus d'un Wen Jiabao et sans doute un véritable intérêt de la population pour la chose politique elle qui demeure accaparée par le côté mercantile et le gain.