Le Temps-Agences - Autorités politiques et religieuses au Moyen Orient, dont l'OCI et le Premier ministre irakien, ont continué à mettre en garde hier sur les conséquences d'un autodafé du Coran, projet lancé par un petit groupe intégriste chrétien américain. L'Organisation de la conférence islamique (OCI), qui regroupe 57 pays musulmans, exprime sa «grave préoccupation» au sujet de l'insistance du pasteur Terry Jones du «Dove World Outreach Center» à brûler 200 exemplaires du Coran le 11 septembre, date-anniversaire des attentats de 2001. Dans un communiqué, le secrétaire général de l'OCI, Ekmeleddin Ihsanoglu, se dit «consterné que le pasteur, qui prêche la religion, ait choisi de s'engager dans une voie scandaleuse de la haine en brûlant de livre saint de l'une des plus grandes religions du monde». Il espéré que «le bon sens finira par prévaloir» et que le pasteur «abandonnera son projet, ce qui permettrait d'échapper à une situation désagréable et émotionnellement instable dans le monde». En Iran, le ministre des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a «condamné le projet détestable», estimant que ce projet avait été «orchestré par le régime sioniste après ses échecs face aux musulmans et au monde islamique». S'il est mené à bien, ce projet «constituera une catastrophe pour les relations humaines, la coexistence et la paix entre les hommes, et provoquera des sentiments de colère dans le monde musulman», a rappelé la prestigieuse institution sunnite d'Al-Azhar, au Caire. L'initiative du pasteur Jones, dont le «Dove World Outreach Center» réunit une cinquantaine de membres, survient à un moment particulièrement sensible, alors que les musulmans célèbrent la fête du Fitr, marquant la fin du mois de jeûne du ramadan, et que les autorités aux Etats-Unis craignent une montée du sentiment antimusulman. Le président de l'Indonésie Susilo Bambang Yudhoyono a appelé son homologue américain Barack Obama à empêcher un pasteur américain de brûler le Coran, tandis que l'Inde a demandé aux médias indiens de ne pas diffuser les images de cet acte, s'il se produit comme prévu le 11 septembre. Le président pakistanais Asif Ali Zardari a à son tour condamné hier ce projet, parlant d'une initiative «abominable» qui risquait d'enflammer le monde musulman, selon un communiqué de son bureau. L'Inde, qui condamne également ce projet d'un petit groupe d'évangélistes américains de Floride, a appelé les médias indiens à ne pas diffuser les images de ces livres brûlés, si cela se produit. «Les autorités américaines ont vigoureusement condamné les déclarations du pasteur (américain Terry Jones), les chefs religieux du monde entier ont également condamné son projet, nous condamnons aussi son projet», a déclaré le ministre indien de l'Intérieur P. Chidambaram. «Nous espérons que les autorités américaines vont agir de façon vigoureuse pour éviter qu'un tel outrage soit commis», a-t-il ajouté. «En attendant une action des autorités américaines, nous appelons les médias, écrits et audiovisuels à ne pas publier ou diffuser d'images ou de photographies de cet acte déplorable». La Malaisie a qualifié de «crime haineux» le projet des évangélistes et demandé aux Etats-Unis d'empêcher cet acte. -------------------------- Terry Jones laisse entendre qu'il pourrait renoncer Le Temps-Agences - Le pasteur Terry Jones à l'origine du projet visant à brûler des exemplaires du Coran, a laissé entendre qu'il pourrait revoir ses plans s'il était contacté par les autorités américaines, dans une interview publiée hier. «Cela nous ferait clairement réfléchir. C'est ce que nous faisons en ce moment. Je ne pense pas que nous pourrions ignorer un tel appel», a dit le responsable du «Dove World Outreach Center», petit groupe intégriste chrétien de Floride (sud-est), précisant dans cette interview au quotidien USA Today n'avoir été contacté ni par la Maison Blanche, ni par le département d'Etat, ni par le Pentagone. Un pasteur adjoint du groupe, Wayne Sapp, a expliqué de son côté que la communauté de quelque 50 membres était «toujours en prière sur tout ça», notant que le groupe n'excluait pas de faire marche arrière. L'initiative du «Dove World Outreach Center» a provoqué des condamnations en cascade des plus hauts responsables américains, du Vatican, du monde islamique et d'autres dirigeants du monde.