On n'arrive pas encore aujourd'hui à se dessaisir de cette amertume qui nous imbibe à l'issue de ce fameux match très mal négocié contre le Malawi. En fait, cela fait six ans que nous encaissons les déboires successifs. Nous ne disposons plus d'une grande équipe nationale de football, qui véhicule comme l'a fait son aînée en 1978, puis, sa devancière en 2004, une certaine image de notre football dans le gotha mondial. Notre équipe nationale de football, depuis quelques années, reconnaissons le sans fard, a disloqué l'héritage de 1978 et est en train de mettre en miettes celui, historique, de 2004. Elle n'arrive plus à réfléchir le moindre rayonnement… Au-delà de ses résultats décevants, le moins que l'on puisse qualifier, ce qui est à nos yeux, déconcertant, voire ahurissant, entre autres, c'est la conduite et le comportement de quelques uns de nos internationaux, que ce soit sur le terrain ou en dehors de celui-ci. Le football - où certains responsables fédéraux qui tiennent à passer sous silence des gestes comme celui de Issam Jemâa - n'est pas un sport comme les autres. Qu'on le sache bien! Il est une source intarissable de vertus, de paradigmes, un objet d'identification pour une partie assez conséquente de notre jeunesse. Quoi qu'on ose argumenter, cette mimique, aussi effrontée que scatologique du dit international, reste irrecevable, et n'a aucune place dans tous les milieux sportifs, tous réunis. Le pire des exemples pour la jeunesse. Issam Jemâa n'est pas le seul auteur de ce geste déloyal et, en aucun cas, fairplay. Beaucoup de jeunes talents, font tous les dimanches, ce que le ‘Lensois' a fait et, justement, c'est là, sur ce qui a de fortes chances de devenir une règle, si nous fermons encore les yeux dessus, que nous voulons insister le plus. Pourquoi voit-on de plus en plus de tels actes? Pourquoi on ne tente rien pour les contrecarrer? S'est-on demandé pourquoi ces lippes et attitudes se font de plus en plus banaliser? Briser ces pratiques Qu'un éminent membre fédéral essaie de nous faire avaler des couleuvres, ou qu'un des collègues du dit international, prenne sa défense, cela ne nous avance à rien. La réalité est toute autre : aujourd'hui, les jeunes joueurs talentueux dont faisait partie Issam Jemâa sont débusqués de plus en plus tôt, se font émonder de leur sphère familiale dès l'âge de 15 ou 16 ans, pour rejoindre les présumés centres de formation des clubs dits huppés. Ces jeunes, ados, et il y en a qui étaient des plus brillants dans leur scolarité, sont contraints dans la majorité des cas à renoncer à leurs études, pour se focaliser uniquement sur le football, et rien que le football. Ces dits centres conçoivent des ados essouchés, analphabètes, éduqués, et ‘grandis' à la seule valeur des picaillons, et, du mercenariat, aux yeux desquels l'équipe nationale ne compte plus grande chose, si ce n'est un tremplin pour développer sa cote dans la bourse des valeurs. Au lieu de défendre ces contorsions, ces gesticulations patibulaires, il vaut mieux se pencher sérieusement sur cette question, aux fins de trouver les moyens de briser ces pratiques qui ne font qu'envenimer les relations, et, enflammer les ambiances, déjà infectes. Il faut, un jour ou l'autre, tomber sur un compromis avec les clubs phares de notre football, qui n'appliquent que la moitié de leur double mission, éducative (délaissée complètement) et sportive, et les contraindre à enseigner à leurs jeunes talents les impératifs et les exigences du professionnalisme, leur apprendre les règles de communication avec les médias, leur expliquer la conduite à tenir avec une assistance ‘amie ou ennemie', les initier à la prise de parole en public ou en grand groupe, leur enseigner les langues étrangères (capital pour leur avenir), et, enfin, leur estamper, leur graver l'honneur, la fierté, que constitue le port du maillot de l'équipe nationale. Le jour où des membres fédéraux arriveront à imposer aux clubs la prise en charge de cette charte, nous ne verrons plus, dans nos stades, des rictus semblables à celui de Issam Jemâa. Est-ce trop demander?