Tunis-TAP - Sur instructions du Président Zine El Abidine Ben Ali, M. Kamel Morjane, ministre des Affaires étrangères, a prononcé l'allocution de la Tunisie devant l'Assemblée générale des Nations Unies, réunie dans le cadre de sa 65ème session à New York, pour débattre, notamment du thème: "Réaffirmer le rôle central des Nations Unies dans la gouvernance mondiale". Le ministre a indiqué que tout au long de son histoire contemporaine, la Tunisie est demeurée fidèle aux principes et valeurs de coexistence pacifique, de bon voisinage, de fraternité et d'entraide. Elle n'a eu de cesse d'oeuvrer au développement des relations de fraternité, d'amitié et de coopération avec tous les pays épris de paix, se rangeant toujours du côté de la paix, de la sécurité et de la justice dans le monde, saluant vivement l'importante avancée historique réalisée sur la voie de la réforme des Nations Unies, ce qui confirme une nouvelle fois l'importance que la communauté internationale attache au projet de développement du système des Nations Unies. Après s'être félicité de la création au sein de l'ONU d'un nouvel organisme unifié, destiné à prendre en charge toutes les questions en rapport avec l'égalité entre les deux genres et le renforcement du rôle de la femme, M. Morjane a souligné que la Tunisie, sous la conduite du Président Zine El Abidine Ben Ali, attache à ces questions une importance privilégiée, notamment dans le cadre de son pari stratégique sur le rôle de la femme dans son projet civilisationnel, en tant que partenaire dans la définition des choix nationaux, étant fermement persuadée qu'il ne saurait y avoir d'édification de la démocratie ni de réalisation du développement intégral sans une participation active de la femme dans la vie publique, et qu'on ne peut promouvoir la société et lui permettre d'accéder à des niveaux meilleurs sans améliorer la condition de la femme dans tous les domaines, en harmonie avec l'approche tunisienne globale des droits de l'Homme dans leur interdépendance et la complémentarité de leurs dimensions et composantes. Le ministre a, d'autre part, affirmé que L'un des motifs de fierté de la Tunisie est de s'être classée au premier rang mondial en matière de traitement du phénomène de la violence à l'égard des femmes et de la garantie de leur droit à la libre circulation et à la propriété, au premier rang dans le monde arabe en matière d'octroi à la femme d'opportunités de participation à la vie économique et au premier rang en Afrique en termes de niveau de revenu de la femme. Il a, dans ce contexte, précisé que c'est de cette démarche que procède la présidence tunisienne de l'Organisation de la femme arabe en la personne de la Première Dame de Tunisie, Madame Leïla Ben Ali, qui a oeuvré à diffuser la culture de l'égalité entre les deux genres, à promouvoir davantage la condition de la femme dans les sociétés arabes, à lui permettre d'exercer ses droits et de remplir ses obligations et à garantir sa dignité, le tout constituant un enjeu civilisationnel stratégique et faisant partie intégrante des concepts de sécurité nationale arabe et de sécurité de l'Homme dans toutes ses dimensions. Il a relevé que la Tunisie mène, depuis le Changement du 7 novembre 1987, une politique de développement cohérente et équilibrée, fondée sur la corrélation entre les dimensions économique et sociale et la conciliation entre les impératifs d'une économie s'articulant autour des principes de la rentabilité et de l'efficacité et une politique sociale équitable dans laquelle il ne saurait y avoir ni exclusion, ni marginalisation et qui garantit les attributs d'une vie décente à l'ensemble des citoyens. Le ministre a ajouté que le Programme électoral du Président Zine El Abidine Ben Ali "Ensemble, relevons les défis" pour le mandat 2009-2014 et le Plan quinquennal de développement pour la période 2010-2014 ont consacré ces choix. Ils ont souligné l'attachement à consolider davantage le processus de la démocratie, du pluralisme et du développement de la vie politique, en Tunisie, dans le sens de la modernité et de la réforme continue, outre le lancement d'un nouveau processus de développement qui s'appuie sur l'économie du savoir et de l'intelligence. Le ministre des affaires étrangères a souligné que la Tunisie a accordé, dans le cadre de cette stratégie ambitieuse tournée vers l'avenir, la plus grande importance à la jeunesse en tant que pilier du présent et bâtisseur de l'avenir et ce à travers l'organisation de consultations de la jeunesse de manière périodique et régulière au niveau national afin d'explorer les préoccupations, les attentes et les opinions des jeunes et de mettre à profit les résultats des dites consultations pour l'élaboration des plans de développement. Il a rappelé l'initiative du Président Zine El Abidine Ben Ali en faveur de la proclamation de l'année 2010, Année internationale de la jeunesse, de manière à conforter la position des jeunes dans toutes les sociétés du monde eu égard au fait qu'ils constituent l'avant-garde des forces de progrès porteuses des valeurs et idéaux universels. La Tunisie, a-t-il ajouté, exprime sa grande fierté de l'unanimité des Etats membres en faveur de cette initiative et de son adoption par l'Assemblée générale lors de sa précédente session, ainsi que du fait que Monsieur le Secrétaire général ait présidé, personnellement le démarrage des festivités marquant l'Année internationale de la jeunesse, le 12 août 2010, au siège de l'organisation onusienne en présence de centaines de représentants des jeunes du monde. Il a indiqué que la Tunisie exhorte tous les gouvernements, organisations internationales et régionales et structures de jeunesse à élaborer des plans d'action, programmes et activités appropriées pour célébrer, comme il se doit, cette année, de manière à consacrer son mot d'ordre appelant au dialogue, à la compréhension mutuelle et à l'échange au niveau international, et à aboutir à l'adoption d'un pacte mondial qui scellerait l'attachement des jeunes aux valeurs universelles communes. Evoquant les principales orientations de la politique extérieure de la Tunisie, M. Kamel Morjane a rappelé l'intérêt particulier accordé au raffermissement des relations de fraternité et de coopération avec les pays du Maghreb arabe, sur la base de sa foi profonde en la communauté de destin et l'inéluctabilité de l'intégration maghrébine, ainsi que son attachement à l'Union du Maghreb arabe en tant qu'acquis historique et en tant que choix stratégique incontournable. Sur le plan arabe, le ministre a souligné que la Tunisie, partant de sa conviction de la nécessité d'établir de vraies passerelles de coopération et de complémentarité, poursuivra avec constance ses efforts en vue de promouvoir l'action arabe commune et d'asseoir des fondements sains d'une complémentarité économique interarabe efficiente. Il a rappelé la position constante et de principe aux côtés du peuple palestinien frère dans toutes les étapes de son combat légitime et appelant à trouver un règlement juste, durable et global à même de mettre un terme aux souffrances des frères palestiniens et de leur permettre de recouvrer leurs droits nationaux légitimes et d'édifier leur Etat indépendant sur leur terre. Il a exprimé la profonde préoccupation de la Tunisie face à la situation au Moyen-Orient du fait de l'attitude d'Israël qui continue de tourner le dos à la légalité internationale et aux référentiels fondamentaux du processus de paix, poursuit sa politique de colonisation et persiste dans ses tentatives d'altération de l'identité arabe et islamique de la ville sainte d'Al-Qods. La Tunisie, a-t-il ajouté, forme l'espoir que la reprise des négociations de paix directes, engagées le 2 septembre à Washington sous le parrainage américain permettra de concrétiser les aspirations légitimes du peuple palestinien frère. Il a exhorté toutes les parties influentes sur la scène internationale, en particulier le Quartette international, à s'employer à amener Israël à se conformer aux exigences de la paix, sur la base de la légalité internationale, des référentiels du processus de paix et de l'initiative de paix arabe et selon un échéancier précis qui détaillerait tous les points essentiels afférents. Le ministre a, d'autre part, réaffirmé l'intérêt particulier que la Tunisie accorde à son appartenance africaine tant elle croit en l'importance de son intégration dans son environnement géographique et de l'élargissement du champ de la coopération et de la solidarité avec les pays africains frères. Notre pays, a-t-il précisé, s'est employé, depuis le Changement du 7 novembre, à consacrer cette orientation, réaffirmant sont attachement aux, principes de l'Union africaine et son soutien constant à toute initiative qui viserait à promouvoir le continent, à assurer à ses peuples le développement et à préserver ses potentialités, dans un contexte de sécurité et de stabilité. Le ministre des Affaires étrangères a réaffirmé l'appui de la Tunisie aux efforts de l'Union africaine qui a proclamé l'année 2010 Année de la paix et de la sécurité en Afrique afin que règnent la paix et la stabilité partout dans le continent, relevant qu'il s'agit d'une responsabilité qui incombe à la communauté internationale dans son ensemble. Le ministre a exhorté les pays développés à agir rapidement, en adéquation avec ces principes et en consécration des Objectifs du Millénaire pour le développement, pour répondre aux besoins du continent africain et des pays en développement, en général, et ce à travers les mécanismes internationaux et régionaux existants afin de garantir aux peuples africains les attributs d'une vie décente. Il a, par ailleurs, mis l'accent sur l'intérêt qu'il y a à dynamiser le Fonds mondial de solidarité, dont l'Assemblée générale avait décidé la création en 2002, sur proposition de la Tunisie, en tant qu'outil efficient parmi les mécanismes de développement durable mondial propres à contribuer à la réalisation des objectifs du millénaire, en particulier ceux destinés à réduire de 50 % le taux de pauvreté à l'horizon 2015. Au plan euro-méditerranéen, le ministre a relevé que l'Europe constitue actuellement un partenaire essentiel de la Tunisie dans les divers domaines et que la Tunisie entretient avec elle des relations historiques très anciennes, soulignant que le processus de ces relations gagnerait à être renforcé et amélioré davantage, dans le cadre d'un partenariat équilibré et solidaire qui soit fondé sur le respect mutuel et qui aille dans le sens des choix stratégiques et civilisationnels de réforme politique et de progrès économique, social et culturel de la Tunisie, de manière à raffermir les relations de coopération et de solidarité entre les divers pays et peuples des deux rives de la Méditerranée et à concourir à réduire les disparités entre eux. Le ministre a réaffirmé la détermination de la Tunisie à développer les mécanismes de concertation et de coopération avec les divers pays d'Amérique et d'Asie, soulignant que la Tunisie attache une importance considérable au développement de ses relations avec les grands ensembles régionaux des continents américain et asiatique, de manière à enrichir la coopération et à explorer de nouveaux domaines susceptibles de conduire à un partenariat solide, dans le cadre des intérêts mutuels. Le monde, a-t-il ajouté, gagnerait aujourd'hui et à mener une politique efficace de protection de l'environnement afin d'épargner à l'humanité les conséquences graves des changements climatiques qui sont à l'origine, ces trois dernières décennies, de dommages économiques incommensurables subis par la communauté internationale. Il a mis l'accent sur la nécessité d'accélérer le rythme des négociations internationales sur le climat et de faire prévaloir les intérêts humains sur les intérêts économiques, afin de parvenir à un accord garantissant un minimum de dispositions à même de permettre de faire face aux défis majeurs inhérents aux changements climatiques, particulièrement dans les pays en développement et les pays les moins développés. Le ministre rappelé l'appel lancé par la Tunisie en vue de mettre au point un programme d'intervention décisive pouvant aider à remédier aux effets des changements climatiques et aux dérèglements qui en découlent aux niveaux des écosystèmes, des politiques agricoles et de la sécurité alimentaire mondiale, en général. M. Kamel Morjane a insisté sur la nécessité de veiller à la concrétisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement, relevant que la réalisation de ces objectifs et des défis qui découlent de la nouvelle conjoncture internationale et des mutations profondes qu'elle a générées, commandent d'œuvrer davantage à consacrer les principes de la Charte des Nations Unies dans les relations entre les Etats et à enraciner la culture du dialogue et les valeurs de tolérance, de partage et de solidarité entre les peuples. Le ministre a réaffirmé l'attachement de la Tunisie, en dépit de sa complexité et de l'imbrication de la conjoncture mondiale actuelle, à l'Organisation des Nations Unies et à ses principes fondateurs, mettant en relief son rôle majeur qui consiste à relever les défis et à conférer davantage d'efficacité et d'efficience à ses activités et programmes, dans le cadre du rôle central des Nations Unies dans le domaine de la gouvernance mondiale.