Lotfi OUENNICHE - L'affaire de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, continue de rythmer la vie politique au Pays du Cèdre. Elle rebondit et place de nouveau le pays dans l'œil du cyclone. Le bras de fer qui oppose le camp du Premier ministre Saâd Hariri au puissant parti chiîte, le Hezbollah, au sujet du tribunal de l'ONU, chargé de l'enquête, jette une ombre d'inquiétude et suscite le scepticisme des observateurs qui n'écartent pas l'émergence d'une grave crise politique pareille à celle qui a paralysé les appareils de l'Etat de 2006 à 2008 et provoqué des affrontements de rues sanglants entre partisans des deux camps. Peut-on s'attendre à un compromis ? « Pas dans ce genre d'affaires », répondent certains. « C'est une question cruciale pour Hariri et le Hezbollah, pour les Chiîtes et les Sunnites ». Ainsi, donc, les nouveaux rebondissements de l'affaire mettent en péril la relative stabilité politique et révèlent la fragilité de la réconciliation nationale et les profondeurs des antagonismes entre Chiîtes et Sunnites libanais, comme elles risquent de sonner le glas de la normalisation des relations avec la Syrie après les excuses de Saâd Hariri reconnaissant avoir commis une « erreur » en accusant Damas d'être derrière l'assassinat de son père. Mais, au-delà des accusations et des contre-accusations, des soubresauts et des rebondissements, l'affaire ressemble à un imbroglio inextricable dont les ramifications dépassent le Liban et entrent dans les calculs du jeu d'intérêts des grandes puissances et des puissances régionales. Car la question primordiale est à qui profite le crime ? Qui a intérêt à embraser le Liban, à évincer les troupes syriennes du pays et à affaiblir le Hezbollah ? La piste israélienne vue sous cet angle, paraît crédible. Pourtant, le tribunal de l'ONU l'écarte de son enquête, oriente celle-ci vers la Syrie et le Hezbollah et laisse filtrer à dessein des informations sur une prochaine inculpation de membres de ce parti dans l'assassinat de Rafic Hariri.