Première femme chef d'orchestre de Tunisie et du monde arabe, Amina Srarfi a été imprégnée de musique depuis son enfance en écoutant son père, Kaddour Srarfi, violoniste, chef d'orchestre et compositeur de musique arabe classique. En 1988, elle crée et dirige la première école privée de musique à la quelle elle donne le nom de son père : Conservatoire Kaddour Srarfi de musique et danse. Membre depuis 1982 de l'orchestre symphonique tunisien, Amina dirige en parallèle, la chorale d'enfants de l'ERTT. En 1992, elle crée et dirige le premier orchestre féminin de musique savante « El Azifet » qu'elle mène un peu partout dans le monde pour se produire sur les plus prestigieuses scènes internationales. Un parcours riche qui a valu à notre éminente musicienne, succès et reconnaissance à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. Amina Srarfi nous promet un beau spectacle , ce soir dans les murs de la « Bonbonnière », pour nous entrainer sur les rythmes de la valse… des airs qui ont été interprétés à l'époque par Om Kalthoum, Ismahane, Leila Mourad, Chadia, Hassiba Rochdi, Laure Daccache… Le Temps : Vous avez choisi la scène du théâtre municipal pour valser avec le public lors d'une soirée baptisée « Valses orientales ». Voulez-vous nous présenter le programme ainsi que l'opportunité d'une telle soirée ? Amina Srarfi : C'est une recherche qui n'a jamais été faite auparavant. Je m'en suis rendu compte lors de mon émission hebdomadaire sur RTCI "Les Titans de la musique".J'ai même fait une déduction à propos de la valse dans la musique arabe, qui bien sûr, est notée dans mon livre. C'est également pour montrer et souligner l'épanouissement de nos compositeurs (ceux du 20ème siècle), qui avec cette ouverture sur l'Occident, ont pu enrichir le répertoire musical arabe et créer de nouvelles phrases musicales. Les pièces choisies pour le spectacle sont pratiquement les valses les plus connues et les plus usitées dans notre répertoire. Je cite à titre d'exemple: « Layali Al ons » et « Arrabiî », composées par Farid El Atrach , « Ehna lethnine » de Mohamed Kasabji, « Taht El yasmina fillil » de Hédi Jouini, « Fasl errabiî » à l'occasion du centenaire de Jammoussi, « fine essaâda » de Chadia, « Ana albi dalili » de Leila Mourad. Il y a également du Mohamed Abdelwahab, Zakaria Ahmed…sans oublier bien sûr, « Hadhi ghnaya lihom », un petit clin d'œil à la nouvelle génération de compositeurs ; paroles de Adam Fethi et musique de Lotfi Bouchnaq . * Parlez-nous de votre recherche sur la valse dans la musique arabe, un livre trilingue présentant une étude menée pour la première fois en Tunisie et dans le monde arabe. - Le livre est le fruit de mes recherches dans les trésors de la musique arabe. Un travail qui a commencé avec la création de mon orchestre El Azifet. Nous n'avons malheureusement pas cette tradition des partitions ; aucun compositeur n'a pensé sortir un livre sur son travail. Nous avons plutôt une archive sonore, Dieu merci, car c'est avec ce matériel, que j'ai pu travailler. J'ai dû donc reproduire sur papier toutes les chansons que j'ai choisies pour le répertoire de l'orchestre. J'ai commencé par les valses car j'ai voulu marquer ma propre constatation et puis, concrétiser la chose par un livre qui est pour moi, l'immortalité de l'idée, du travail, de mes recherches. *Quels sont vos projets ? - Je voudrai dire tout d'abord, que je suis occupée actuellement à préparer un spectacle avec l'orchestre Junior du conservatoire Kaddour Srarfi. Quant à mes projets, ils sont nombreux : une tournée dans toute la Tunisie avec le spectacle des « Valses orientales », un livre biographique sur mon père, feu Kaddour Srarfi, un CD El Azifet (5ème album) et un autre CD qui regroupera les compositions de Fayçal Karoui, au saxo. Propos recueillis par Sayda BEN ZINEB