Une information publiée sur Internet met 7 minutes pour faire le tour du monde. Et une information véhiculée à propos de la santé prend beaucoup d'importance aux yeux de ses récepteurs. Avec l'optimisation du savoir et la facilité d'accès à l'information, un patient se documente sur sa maladie. Outre ce que lui apprend son médecin, il cherche à en savoir plus en assistant à des congrès portant sur sa pathologie, en lisant la littérature scientifique ou via les articles journalistiques. Même les personnes bien portantes, ont souvent recours à la documentation dans le domaine scientifique, à titre de prévention ou par simple curiosité. La quatorzième conférence annuelle du Comité National d'Ethique Médicale qui s'est tenue hier à Beit El Hikma à Carthage a justement porté sur le thème « Santé et Médias ». Les spécialistes et intéressés des différents domaines ; médical, juridique et journalistique ont assisté au débat qui cherche avant tout à instaurer des canaux d'informations objectives permettant d'établir la confiance entre les différents protagonistes. Or, l'information véhiculée dans le domaine de la santé a souvent été utilisée ou instrumentalisée. Les fabricants de médicaments, les politiciens, les praticiens, les hommes de médias ne sont pas toujours motivés par des objectifs nobles dans la transmission de l'information. Cette dernière obéit à des facteurs économique, politique, sanitaire et culturel. Les journalistes de leur côté privilégient parfois « le scoop » aux dépens d'une information bien étudiée. Il arrive aussi que la personne chargée de transmettre l'information y échoue sans forcément être subjective ou poussée par des motivations personnelles ou institutionnelles. Cet échec vient du fait que la communication est déjà complexe, sans compter qu'elle se combine dans ce contexte avec la sensibilité d'une information médicale toujours mutante et soumise à plusieurs facteurs. Une étude commentée par la revue « Prescrire » et réalisée sur 200 communiqués de presse publiés par 20 centres de recherche universitaire démontrent que plus du quart exagéraient des résultats rapportés. Il arrive souvent qu'on « omette » de préciser dans le cas de résultats de tests réalisés sur des animaux qu'ils ne sont pas forcément ou immédiatement applicables sur le genre humain. D'ailleurs 64 des 87 communiqués portant sur les essais sur les animaux, ou réalisés dans des laboratoires, ont justement affirmé que les résultats étaient valables pour la médecine humaine. Or deux tiers de ces tests, ayant été largement médiatisés par ailleurs, ne se concrétisent pas dans des traitements pour les êtres humains. Le Comité Consultatif National d'Ethique français – CCNE – a publié le 31 mai 1995, 13 recommandations afin qu'une information transparente et objective parvienne au public. A savoir le respect des séquences chronologiques de l'information, la reconsidération du système de l'incitation à la publication, le réexamen des politiques institutionnelles de communication, l'action contre la connivence entre chercheurs et médias et l'optimisation des compétences et pédagogies des journalistes scientifiques. Selon ces recommandations, une responsabilité pèse sur les rédacteurs en chef, un accès égal devrait être accordé aux médias, la rectification de l'information s'impose et la lutte contre les pressions économiques et financières devrait être engagée. Le CCNE appelle également à la vigilance et au partenariat avec les citoyens. Il recommande aussi une dimension éthique des formations professionnelles et l'instance de réflexion et d'initiatives communes.