• Kouchner ministre Affaires étrangères • Rachida Dati, "fille de l'immigration maghrébine", à la Justice Le Temps-Agences - Un gouvernement limité à 15 ministres, composé à quasi égalité d'hommes et de femmes et marqué par l'arrivée du socialiste Bernard Kouchner aux Affaires étrangères, a été formé hier en France pour engager au plus vite les réformes promises par le nouveau président Nicolas Sarkozy. Après plusieurs jours d'intenses tractations, la composition du gouvernement a été annoncée hier matin par la présidence de la République, au lendemain de la nomination comme Premier ministre de François Fillon, un proche de M. Sarkozy. Pour la première fois en France, le principe de parité est appliqué au gouvernement: l'équipe ministérielle compte huit hommes et sept femmes, nouveau signe de la volonté de changement affichée par M. Sarkozy, élu le 6 mai face à la socialiste Ségolène Royal. Principal symbole d'une "ouverture" vers la gauche promise par M. Sarkozy, Bernard Kouchner, 67 ans, longtemps classé parmi les personnalités préférées des Français, entre au gouvernement. Cet homme politique atypique, plusieurs fois membre de gouvernements socialistes, fut une figure emblématique des "French Doctors" dans les années 1970, cofondateur de Médecins Sans frontières. Partisan du "droit d'ingérence humanitaire", il est considéré, comme M. Sarkozy, comme plus atlantiste que la plupart de ses prédécesseurs. Egalement symbole de l'ouverture à gauche, Jean-Pierre Jouyet, qui fut un proche du chef du Parti socialiste François Hollande, devient secrétaire d'Etat aux Affaires européennes. Transfuge du PS, Eric Besson, qui avait rallié M. Sarkozy durant la campagne, entre lui aussi au gouvernement, comme secrétaire d'Etat "chargé de la Prospective et de l'évaluation des politiques publiques". Autre arrivée très remarquée: Rachida Dati, 41 ans, porte-parole de M. Sarkozy durant la campagne électorale, est nommée au ministère de la Justice. Née d'un père marocain et d'une mère algérienne, cette élégante femme brune au large sourire s'est révélée au grand public pendant la bataille présidentielle. C'est la première fois qu'une personnalité issue de l'immigration maghrébine accède à un grand ministère en France. Fils d'un immigré hongrois, M. Sarkozy est un partisan affiché de la "discrimination positive". Autre nouveauté, la création d'un "ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale", un concept forgé par le président durant sa campagne et considéré par la gauche comme le signe d'une dérive possible vers l'extrême droite. Ce ministère sensible a été attribué à un ami personnel de M. Sarkozy, Brice Hortefeux. Le nouveau gouvernement comprend en outre un grand ministère "de l'Ecologie, du développement et de l'aménagement durable", confié à Alain Juppé, ancien Premier ministre de Jacques Chirac. M. Juppé est le seul à bénéficier du titre de ministre d'Etat, ce qui en fait le numéro deux du gouvernement. L'ex-ministre de l'Emploi et de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo hérite du ministère de l'Economie et des Finances. Son rôle sera essentiel, au côté de M. Fillon, dans la mise en oeuvre des réformes d'inspiration libérale promises par M. Sarkozy. La Culture a été confiée à Christine Albanel, 51 ans, qui était en charge de la gestion du domaine du château de Versailles. Celle-ci sera en outre porte-parole du gouvernement. Le portefeuille de l'Intérieur revient à l'ex-ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie. Le nouveau gouvernement devait se réunir dès hier après-midi en présence de M. Sarkozy. Il va devoir mener la bataille des législatives, prévues en juin, le parti de droite UMP espérant remporter une large majorité pour appuyer M. Sarkozy. M. Fillon a promis de conduire une "politique nouvelle" et de tenir les engagements pris par M. Sarkozy pendant sa campagne. M. Sarkozy avait affirmé que ses ministres devraient "s'engager sur des objectifs" car les Français attendent des "résultats". Il avait aussi promis d'être un "président actif", décidé à "aller vite".