Le nombre des agriculteurs et des marins pêcheurs formés selon des programmes de formation normalisée reste faible en Tunisie, au moment où elle dispose de quelque 40 établissements de formation professionnelle dans le secteur de l'agriculture et de la pêche dont certains remontent aux années 1950 et même avant. Le centre de formation agricole de Siliana a été créé en 1958. Aussi, une Conférence nationale sur la situation et les perspectives de la formation professionnelle dans le secteur de l'agriculture et de la pêche a été organisée, hier, au siège de l'Union Tunisienne de l'Agriculture et de la Pêche (UTAP), à Tunis, conjointement par le ministère de la Formation Professionnelle et de l'Emploi, le ministère de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources Hydrauliques et l'UTAP. Comme l'a rappelé M. Mohamed Agrébi, ministre de la Formation Professionnelle et de l'Emploi, en ouvrant les travaux, les nouveaux objectifs de la formation professionnelle, en Tunisie, sont, officiellement, la contribution à la promotion de l'emploi et l'amélioration de la productivité du travail. De la sorte, l'agriculture et la pêche ne bénéficient, pratiquement, de l'apport de la formation professionnelle qu'à travers les diplômés qui s'installent pour leur propre compte, en réalisant des projets privés dans ces domaines. Rapprocher les systèmes Un exemple concret illustrant cette anomalie a été évoquée par le ministre. Lors de la tenue du Congrès de l'UTAP, en avril 2010, des instructions présidentielles ont été données pour recruter 300 diplômés de l'enseignement supérieur dans les spécialités agricoles, parmi les ingénieurs agronomes, les vétérinaires et les techniciens supérieurs, durant 2010 et 2011, au profit des sociétés coopératives et groupes de développement agricole, avec le soutien financier de l'Etat, et ce à raison de 150 diplômés en 2010 et autant en 2011.Or, jusqu'à présent, seulement 70 diplômés ont été recrutés sur l'effectif des 150 diplômés programmés pour 2010. Un appel pressant a été lancé par le ministre en vue de concrétiser intégralement la décision. Dans cette perspective, M M. Mohamed Agrebi ministre de la Formation Professionnelle et de l'Emploi et Mabrouk Bahri, président de l'UTAP ont insisté sur la nécessité de renforcer le partenariat entre le système de formation professionnelle et les entreprises de production dans le secteur de l'agriculture et de la pêche afin de susciter la symbiose indispensable entre la formation et la production à tous les niveaux, dans ce secteur. Une convention cadre tripartite avait été signée, au mois de mars 2010, dans ce but, entre le ministère de la formation professionnelle et de l'emploi, le ministère de l'agriculture, de la pêche et des ressources hydrauliques et l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche. Pour mieux rapprocher les systèmes de formation et de production dans le secteur de l'agriculture et de la pêche, les Conseils d'administration des centres et établissements de formation agricole et de pêche seront présidés de préférence par les professionnels, a dit le ministre. Toutefois, d'après une remarque d'un participant, l'essentiel est de susciter de pareil besoin chez les concernés, en les sensibilisant sur l'importance de ressources humaines formées pour le développement et la modernisation des exploitations agricoles en Tunisie. Un intérêt plus grand sera porté à la formation continue parallèlement à la formation initiale, car la formation continue peut profiter aux agriculteurs et aux diplômés de l'enseignement de toutes les spécialités, notamment à ceux désireux de lancer des projets pour leur propre compte. Des spécimens de projets privés réussis, réalisés par divers promoteurs ayant suivi une formation agricole de divers types, ont été montrés en marge de la Conférence. Dans cette optique, l'UTAP se propose de créer un espace de formation continue, en faveur des agriculteurs reposant sur la formation dans le tas, au sein de la ferme, selon les besoins des agriculteurs eux-mêmes. Mise à niveau La formation agricole et en matière de pêche dispensée dans les établissements de formation professionnelle couvre tous les domaines et concerne les procédés de production et les services liés à la production, comme la maintenance et la réparation des appareils et des équipements agricoles ou encore l'aménagement des exploitations agricoles. Les quarante établissements de formation comptent une trentaine spécialisée dans la formation agricole et une dizaine spécialisée dans la pêche, notamment la formation de marins pêcheurs, de pilotes et de techniciens en navires de pêches. Un programme de mise à niveau des établissements de formation agricole et de pêche a été engagé de manière à accroître leur capacité d'accueil et la qualité de formation qu'ils dispensent, dans l'objectif de hisser le niveau de cette formation à celui des standards internationaux. Sur le plan quantitatif, l'objectif est de porter leur capacité d'accueil à 3200 places en 2014, contre 2000 actuellement. Un participant nous a confié, à cet égard, l'espoir de voir l'aspect relatif à la gestion des exploitations agricoles selon les procédés modernes bénéficier d'un surcroît d'intérêt, car, selon lui, ce côté est quasi absent, au point que peu d'exploitants agricoles moyens et petits, en Tunisie, tiennent des registres de comptabilité moderne. La gestion agricole reste très traditionnelle dans les moyennes et petites exploitations. La réalisation de la synergie ambitionnée entre les systèmes de formation et de production dans l'agriculture et la pêche exige aussi une mise à niveau des exploitations agricoles, afin d'obtenir une ouverture dans les deux sens. A signaler que plusieurs partenaires étrangers, en particulier européens, apportent leur soutien à la modernisation du système de formation professionnelle dans le secteur de l'agriculture et de la pêche, en Tunisie, parmi lesquels des institutions française et allemande spécialisées dont des représentants ont été invités à suivre les travaux de cette Conférence nationale sur la situation et les perspectives de formation professionnelle dans le secteur de l'agriculture et de la pêche.