Le Temps-Agences – Confrontée à une vague de tentatives d'attentats aux colis piégés expédiés par avion depuis la Grèce et le Yémen, l'Union européenne tente de contrer cette menace sans porter préjudice au secteur du transport de fret aérien. Le commissaire aux Transports Siim Kallas a donné hier la mesure du clivage apparu au sein de l'UE en se livrant à un plaidoyer en faveur des intérêts du secteur après avoir participé à une réunion à Bruxelles avec des experts en sécurité aérienne européens et américains. "La menace est sérieuse, mais nous ne devons pas introduire des mesures excessives dictées par la méfiance" afin de renforcer les contrôles du fret, a-t-il affirmé au cours d'une conférence de presse. "Je redoute que les mesures ne soient un fardeau pour les compagnies aériennes et les aéroports. Je souhaite une approche rationnelle et proportionnée. C'est celle demandée par le secteur", a-t-il expliqué. Les experts ont été chargés d'identifier les failles dans le contrôle du fret et des colis postaux dans les aéroports. Leurs recommandations seront discutées lundi à Bruxelles par les ministres européens de l'Intérieur, puis le 2 décembre par les ministres des Transports. Aucune décision immédiate n'est toutefois attendue de la part des ministres de l'Intérieur. Le Français Brice Hortefeux n'a pas prévu de participer à la réunion de lundi. Son homologue allemand Thomas de Maizière a néanmoins jugé le problème suffisamment préoccupant pour demander une discussion formelle. Il pourrait faire des propositions à cette occasion, indique une source diplomatique. Au total, quatorze colis piégés, la plupart adressés aux dirigeants de l'UE, ont été expédiés quasi simultanément lundi et mardi depuis Athènes. Le dernier destiné à l'ambassade de France à Athènes a été neutralisé jeudi, obligeant la Grèce à suspendre l'expédition du courrier international pendant 48 heures. Les terroristes pourraient avoir exploité une faille dans le dispositif de sécurité européen. Le contrôle du fret et de la poste incombe en effet à des sociétés privées de messagerie "accréditées" qui utilisent leurs propres avions. Cinq pays européens --Allemagne, France, Royaume Uni, Belgique et Pays-Bas-- ont provisoirement interdit jusqu'au 8 novembre tout fret aérien provenant du Yémen. L'Allemagne a étendu la mesure aux vols passagers. "60% des colis sont transportés à bord d'avions de ligne", a reconnu le commissaire.