Enigmatique affaire que celle qui a été traitée par la deuxième chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis. En ce début du mois de Novembre 2009 vers 7H30 du matin, les auxiliaires de la justice, à la suite d'une information qui leur est parvenue, se sont rendus au lieu du drame. Une femme étendue par terre. Un homme essayait de la réanimer en attendant les secours. D'après les témoins présents, cette femme a chuté du 3ème étage de l'immeuble. S'était-elle suicidée en se jetant toute seule ou quelqu'un l'a poussée. Cette dame aurait vécu une jeunesse malheureuse. Dès son jeune âge ses parents ne pouvant supporter ses charges l'ont confiée aux responsables d'un village d'enfants, un orphelinat. Ayant grandi dans ce milieu, Elle attendait le jour où elle serait libre. C'est ce qui s'est passé le jour où elle a connu un prétendant qui l'a demandée en mariage. Un mariage qui n'a duré que la période pendant laquelle elle a eu deux enfants. Son mari ne pouvant plus supporter la vie conjugale s'est séparé d'elle par le divorce. Elle s'est trouvée avec deux enfants à charge, moyennant une pension mensuelle de 80 dinars. Elle est arrivée à louer en plein centre ville un deux pièces situé au 3ème étage d'un immeuble. Elle trimait tout le long de la journée pour élever ses enfants. Le destin a mis sur son chemin son voisin de palier. Un jeune homme qui lui venait en aide de temps à autre. L'amitié s'est consolidée entre eux à tel point qu'ils sont devenus inséparables. Elle a accepté de vivre avec lui en concubinage tout en gardant chacun son appartement. Le jour des faits, il est venu la voir. Une discussion enflammée a abouti à un échange d'insultes. Ils en sont arrivés aux mains. Il l'a cognée, elle l'a griffé puis, ayant trouvé un petit couteau le jeune homme s'en est servi pour la blesser légèrement au niveau du nez. Tout de suite après, ayant vu le sang couler, il l'a saisie, l'a réconfortée, en lui présentant ses excuses . Très vite ils se sont réconciliés. Il lui a demandé de l'accompagner dans son appartement, ce qu'elle a fait. Interrogé sur ce qui s'est produit par la suite, le jeune homme a déclaré qu'il l'a laissée dans son appartement et s'est déplacé au 2ème appartement pour éteindre la lumière et fermer la porte. A son retour, il n'a pas trouvé son amie. Fouillant les chambres, il s'est aperçu qu'elle était au balcon donnant sur la rue. Il a déclaré qu'il a essayé de la raisonner en lui demandant de se calmer mais malheureusement, sans y parvenir. Elle s'est jetée dans le vide. Il a couru et a pu la rejoindre encore vivante. Il l'a tenue en criant « Pourquoi, Pourquoi as-tu fais cela ? » Telle était la version de l'accusé Pourtant le rapport d'enquête a mis en cause directement le jeune homme en l'accusant d'avoir poussé la victime du 3ème étage. Il a été accusé de meurtre prémédité. Le commissaire qui est arrivé sur les lieux de l'incident a posé la question à la victime concernant le responsable de ce drame. N'arrivant pas à répondre elle a hoché la tête en direction de son concubin. Il a donc comparu en état d'arrestation devant le juge pour répondre de crime prémédité conformément à l'article 205 du code pénal. Durant toutes les péripéties de l'enquête il n'a fait que clamer son innocence. Il a répété au juge la version qu'il a donnée au cours de l'enquête. Il a soutenu qu'elle s'est jetée, toute seule et qu'il ne l'a jamais poussée. Trois avocats se sont relayés pour défendre l'accusé. Ils étaient unanimes à demander l'acquittement pour défaut de preuves tangibles. Un des avocats a relaté le témoignage d'un homme présent au moment du drame et qui a vu la dame chuter. Il lui aurait demandé les raisons de son geste et elle aurait répondu qu'elle en avait marre. « FEDDIT » a-t-elle déclaré. Ce mot voudrait dire que c'est elle la seule responsable du drame. Car pour l'avocat si quelqu'un l'aurait poussée, la réaction de la défunte aurait été toute autre. Elle aurait prononcé au moins le nom de celui qui l'a poussée. Pour les avocats la victime a été trouvée étendue sur son côté latéral. Si elle avait été poussée elle aurait eu d'après eux une autre position. Après les délibérations, les juges ont décidé de reporter le prononcé du verdict. Ils ont demandé un complément d'enquête.