Vendredi dernier, à la maison de la culture Ibn Khaldoun, une rencontre fut organisée avec le poète tunisien Moncef Mezghenni à l'occasion de la parution de son nouveau recueil « Habbet we m'habbet ». Cette après-midi conviviale draina beaucoup d'amis et de compagnons de route du poète, quelques uns de ses confrères, des journalistes, des témoins de son parcours multiple et des adeptes de son écriture novatrice, provocatrice, subversive, railleuse et toujours hautement sensible et étrangement romantique. Retrouvailles avec les compagnons de route La parole fut donnée à plusieurs invités pour dire très spontanément ce qu'ils ont aimé et aiment encore chez cet enfant du Sud qui n'arrête pas de déranger son monde pour le ranger poétiquement, donc autrement ! Certains témoignages prirent le ton des taquineries amicales, d'autres celui de l'admiration inconditionnelle ; on nous révéla aussi quelques petites indiscrétions tendres sur l'homme et le poète ; un médecin tint à dire son rôle dans la santé retrouvée de Moncef, on dédia même à l'auteur de « Ayyech » et de « Qaws erriyeh » un beau poème qui retrace avec beaucoup de sincérité son itinéraire créatif foisonnant et son combat poétique pour les causes humanistes de toujours. Au terme de ces échanges plutôt touchants, en dépit des intermèdes humoristiques qui les ont émaillés, Moncef Mezghenni remercia l'assistance avec des mots simples puis confessa à son public qu'il n'est jamais totalement satisfait de ses productions : « Ce n'est pas pour jouer l'homme humble que je vous fais cet aveu ; j'ignore déjà ce que c'est que d'être présomptueux et hautain ! Mais je défends la persévérance dans le travail et la recherche permanente de la meilleure qualité dans mes œuvres ». Une sympathique réception fut ensuite donnée en l'honneur des invités et également pour fêter la parution du nouveau recueil de Mezghenni lequel en dédicaça à l'occasion plusieurs exemplaires offerts à ses amis et confrères. Repères dans une vie « Habbet we m'habbet » est un ensemble poétique qui réunit des textes écrits entre 1987 et 2010 (période sans doute symbolique dans le parcours de Moncef Mezghenni et dans l'Histoire de la Tunisie). Il se présente en plusieurs sections dont la plus fertile, « Habbet » en l'occurrence, ouvre le recueil suivie de sept autres parmi lesquelles le poète sélectionna « M'habbet » pour compléter le titre polysémique, voire énigmatique, de son livre. Nous avons lu tous les poèmes de ce recueil, dont nous connaissions déjà un bon nombre : « Habbet we M'habbet » nous semble pourtant receler une étrange nouveauté. Nous avions l'impression de lire un poète, provisoirement du moins, réconcilié avec son être éclaté, qui paraît trouver son chemin vers la sagesse des grands, disons plutôt qui prend enfin la voie de cette grande sagesse qu'on atteint au bout de combats incessants avec soi et contre l'autre en soi. Belle épreuve qui ne s'achève guère en fait puisqu'elle se renouvelle en chaque grand créateur, en chaque homme digne, en chaque amoureux d'idéal et de pureté. Pour tout dire, « Habbet we m'habbet » sont comme les repères qui balisent une existence et qui racontent un destin. Cet assortiment réussi entre les vérités qui blessent et la tendre poésie du bonheur renvoie l'image d'un homme qui invariablement aima sa patrie, chérit les siens et rêva du meilleur sort pour celle-là et pour ceux-ci. Même si, pour ces mêmes motifs justement, il dut quelquefois souffrir le martyre ! Un beau cadeau mensuel Le recueil Habbet we m'habbet de Moncef Mezghenni est publié par la revue « Dubai ethaqafiyya » qui depuis 11 ans offre à ses lecteurs avec chaque nouveau numéro l'exemplaire d'une nouvelle production littéraire ou d'une étude récente. La revue en est maintenant à son 42ème livre publié ; en 2010, elle a consacré ses numéros à plusieurs auteurs arabes dont Kamel Abou Dib, Abdessalem M'seddi, Fatma Youssef El Ali, Adonis, Nebil Selimane. Le numéro de décembre prochain rendra hommage à l'écrivain Salah Houidi dont on publiera le premier volume d'une étude sur le discours poétique aux Emirats Arabes Unis. Badreddine BEN HENDA ------------------- Les poèmes de Mezghenni en CD Au cours de la même cérémonie organisée à la Maison de la culture Ibn Khaldoun, en l'honneur de Moncef Mezghenni, on nous a remis un album comportant une sélection de ses poèmes écrits entre 1978 et 2010 et déclamés un peu partout dans les pays arabes.