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L'errance ou le théâtre de No
Vu outre-mer - No et moi de Zabou Breitman
Publié dans Le Temps le 19 - 11 - 2010

De notre correspondant permanent à Paris : Khalil KHALSI - Une jeune fille surdouée se lie d'affection à une jeune femme sans abri. Zabou Breitman adapte à l'écran le roman à succès de Delphine de Vigan (paru chez Lattès). Une entreprise qui a ses qualités.
Début mou pour le quatrième film de Zabou Breitman en tant que réalisatrice. Les entrées sont quelque peu timides pour ce long-métrage aux allures de film pour enfants.
Adapté, toutefois, d'un long-seller au succès populaire et qui a été traduit en pas moins de vingt langues, « No et moi » s'inscrit dans cette nouvelle vague de littérature française qui a vu, entre autres, Muriel Barbery jouir d'un succès phénoménal grâce à « L'élégance du hérisson » (Gallimard), l'histoire d'une petite fille bourgeoise surdouée – également – qui découvre les qualifications intellectuelles de la concierge de l'immeuble.
Car c'est le moment où les Français, plus particulièrement les Parisiens, prennent conscience du mouvement qu'il y a en bas de chez eux. Existences étouffées, en sourdine, plus discrètes que jamais – mais dont le silence finit par se faire percevoir. Un peu comme Olivier Adam qui pointe sa plume – sombrement et sans ménagements, sans l'ombre d'un espoir possible et avec beaucoup d'amertume – sur les petites gens ou sur les sans-papiers, Muriel Barbery et Delphine de Vigan font rencontrer aux lecteurs des cas sociaux, davantage par le biais de l'imagination et de la légèreté, de la beauté, mais non sans un certain poids de la douleur et un sens indéniable du drame – ce qui laisse un arrière-goût doux-amer, dont Zabou Breitman éclabousse magistralement son film.
La réalisatrice de « Je l'aimais », adapté d'un best-seller d'Anna Gavalda, rompt pour un temps avec les mièvres escroqueries littéraires pour offrir au cinéma français un doux moment de fraîcheur, porté par un arrière-plan plus ou moins philosophique, voire existentialiste. Suivant l'écrivaine, et en faisant parler Lou, jeune fille de treize ans dont le génie lui a fait sauter deux classes, la réalisatrice pose les questions de la condition humaine. L'apprentissage social pour Lou (Nina Rodriguez, bien dans son petit corps et ses petites chaussures), spectatrice ultra-sensible d'un monde qui fait son théâtre sans elle, commence au moment où elle choisit, pour un exposé, de parler des sans-abri, ces gens vers lesquels on baisse peu le regard quand on traverse la Gare d'Austerlitz. Elle interviewe alors No (Julie-Marie Parmentier), jeune femme de dix-huit ans, dont les règles sont tues, mais claires: elle ne dira jamais rien la concernant.
Une condition humaine
Le propos du film pourrait être ridicule résumé ainsi : l'une a un toit, l'autre pas. Alors l'une a des parents, l'autre plus. L'une est protégée, l'autre est abandonnée. Ce serait encore plus niais vu de cet angle opposé : l'une n'est pas libre, l'autre l'est. Cependant, le but de l'histoire n'est pas de construire des oppositions sur la chance et la destinée, mais plutôt de peindre la décadence humaine le plus finement possible. Car No ne se révèle jamais – son passé, comme sa réalité profonde, est deviné a priori, à peu près, suggéré, mais jamais définitivement. Hébergée par la famille de Lou (les parents sont joués par Bernard Campan et Zabou Breitman elle-même, saisissante de spontanéité), elle obéit aux règles, trouve un emploi, gagne de l'argent, mais, très vite, elle commence à détruire ce bonheur, à s'autodétruire. Car, au fond, est-ce un bonheur pour elle ? C'est bien dans la rue, en faisant la folle le long des trottoirs, en regardant les vitrines, que No est plus expansive. Là où règne le danger, où elle peut l'apprivoiser et devenir, finalement, son amie esclave.
Toute la densité du film se retrouve là, dans le portrait de No, à travers le regard de Lou la narratrice. Il n'avait pas besoin de davantage d'épaisseur. Si les qualités de metteur en scène de Zabou Breitman illuminent l'écran – la peinture psychotique d'un repas de famille, le détachement et la mesure avec lesquels la mère dépressive raconte la mort subite de son nourrisson, le bain à la beauté rituelle que Lou donne à No –, le traitement de l'histoire est souvent alourdi par certains passages à vides occupés uniquement par une playlist anglo-saxonne, par une certaine répétitivité (notamment des séquences où les jeunes chantent et dansent) et par des contemplatives où déborde l'énergie de Julie-Marie Parmentier qui, dans la surcharge et avec une certaine théâtralité, sur-excelle dans sa peau de jeune femme rebelle sans- abri.
Néanmoins, le film, en toute beauté, rend compte de la précarité de l'équilibre humain, en posant les bonnes questions, et dont la réponse n'est autre que : il n'y a pas de réponse.


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