«Dynamiser l'Alliance en vue des défis du XXIe siècle », tel est l'objectif que s'est fixé le Sommet des 28 chefs d'Etat et de gouvernement de l'Alliance de l'Atlantique Nord (OTAN), réunis depuis hier, à Lisbonne, au Portugal. Il s'agit, pour cette Organisation militaire, défensive à ses débuts et qui a survécu à la guerre froide de concevoir un nouveau concept stratégique qui définira sa raison d'être et ses principales missions. Justement, pourquoi cette Organisation existe-t-elle encore, aujourd'hui, après l'effondrement de l'Union Soviétique et la disparition du péril communiste ? Pour défendre ses 900 millions de citoyens contre quel ennemi et quelles menaces ? Les responsables de l'Alliance répondent que les menaces d'aujourd'hui et des décennies à venir sont innombrables. Ils citent, en priorité, le terrorisme international, la prolifération d'armes de destruction massive ou l'atteinte à la sécurité informatique des Etats. Mais, l'OTAN peut-elle se substituer à l'Organisation des Nations Unies et prétendre à un rôle qui dépasse ses prérogatives ? C'est un pas qu'elle n'a pas attendu pour le franchir et à partir de 1999, elle s'est transformée en une alliance de « gestion de crise », se permettant des interventions exceptionnelles massives sans autorisation préalable de l'ONU. Ce qui fait dire à certains qu'elle est en train de se positionner en gendarme du monde. Seulement, il s'agit d'un rôle à hauts risques comme peuvent l'expliquer les déconfitures de son intervention en Afghanistan. Voilà un sujet qui doit être au centre des débats au Sommet de Lisbonne auquel a été invité le Président afghan Hamid Karzaï, en personne. Ce pays marquera-t-il la fin de l'interventionnisme unilatéral de l'Alliance ? En tout cas, elle manifeste de plus en plus ses intentions de retrait. Néanmoins, elle ne pourrait pas partir sans donner les garanties nécessaires aux autorités afghanes et sans un partenariat énergique avec l'ennemi d'hier : la Russie.